C’était en 2009, peu après la folie entourant la première édition de «The best job in the world». Pour présenter un nouveau concours dont le prix était une virée shopping d’un mois dans sept grandes villes dans un billet sur le blogue EnTransit.ca, que j’alimente pour MSN.ca, je me suis amusée à tourner un petit clip dans mon sous-sol. Une improvisation déjantée dans laquelle j’enfile des vêtements et présente différents accessoires. Une grosse demi-heure de boulot au total. Dans la vidéo, on me voit enfiler des vêtements en dansant sur une chanson de la Compagnie créole. Nom du concours, organisé par un site d’achat en ligne français: The (second) best job in the world…
Je mets le billet en ligne et file à Buenos Aires.
Pendant mon séjour, surprise! Je découvre que je suis en tête des votes. J’enquête et tombe sur un article du journal Le Monde qui fait mention de mon clip. J’apprends aussi que Bruno Guglielminetti, alors réalisateur de l’émission Christiane Charette, à la radio de Radio-Canada (où j’allais régulièrement causer voyages) en a glissé un mot en ondes. J’avais alors deux choix: dire à tout le monde «Hey! Arrêtez! Ce n’était qu’une blague! Et de toute façon, j’ai une fille de trois ans, alors il est hors de question que je parte pendant un mois entier…» ou jouer le jeu et voir où ça mènerait.
J’ai décidé de jouer le jeu. À fond. Si jamais je remportais la palme, je trouverais bien un moyen de vivre l’aventure sans traumatiser ma progéniture à tout jamais. Et puis, si j’étais choisie, mon éditrice de l’époque m’avait déjà demandé d’écrire un récit sur l’expérience et un copain réalisateur voulait filmer l’aventure…
Ceux qui me suivent depuis longtemps se souviennent sûrement de cette période d’intense autopromo. J’ai littéralement harcelé mes abonnés Twitter et Facebook pendant toute la durée du concours. J’ai publié de nombreux billets sur Taxi-brousse (dont celui-ci et celui-là). La compagnie derrière, à qui j’avais posé des tas de questions à propos des règlements flous, était aux anges.
La machine s’est emballée. J’ai été invitée sur des plateaux de télé auxquels je n’avais jamais eu accès comme auteure ni chroniqueuse. On a parlé de ma participation dans des médias du Québec, de la France et même de Croatie. Évidemment, j’en profitais pour glisser un mot sur mes livres et mes blogues. Non mais.
Même si les réactions étaient généralement plutôt positives (l’humour était tout de même au coeur de ma campagne), j’ai eu droit à des critiques, dont certaines m’ont fait très mal. Des candidates m’ont par ailleurs reproché de faire déjà partie du paysage médiatique.
Résultat: je me suis retrouvée parmi les finalistes et suis restée en tête des votes jusqu’à la fin. Mais il y avait une autre étape. C’est un jury qui devait trancher, au final. Devinez qui a gagné? Une jeune comédienne française, blonde et rigolotte. Comme la plupart de ces concours, on a plus entendu parler du projet par la suite.
Bref, tous ces efforts pourquoi? Risquer une certaine crédibilité acquise au fil des ans (ce n’est pas tout le monde qui a compris le second degré) et, surtout, avoir «écoeuré» les gens qui me suivent. Malgré le soutien de mes supporters, je n’ai pas gagné. J’ai eu l’impression d’avoir perdu mon temps mais, surtout, de leur avoir fait perdre le leur. Je me suis éclatée malgré tout à travers ce cirque. C’était tellement n’importe quoi!
Pour me déculpabiliser un peu, j’ai alors entamé une campagne pour promouvoir des projets sociaux et humanitaires qui me semblaient intéressants (j’avais beau être folle de shopping à l’époque – je suis maintenant guérie! -, j’ai quand même passé une partie de ma vingtaine à réaliser des stages et reportages axés sur les plus démunis!). J’ai rassemblé mes tweets dans ce billet.
Par la suite, on m’a sollicitée à de nombreuses reprises pour prendre part à des concours similaires ou soumettre ma candidature à des prix de blogueurs. Il m’est arrivé de m’inscrire et de le mentionner à une ou deux reprises sur les réseaux sociaux, quand j’avais l’impression de pouvoir y trouver mon compte moi aussi. Mais perso, j’en ai vraiment marre qu’on me demande de voter constamment. Je me dis que je ne dois pas être la seule… La formule a fait son temps à mon avis (bien que la popularité de la seconde édition du concours piloté par Tourism Australia me fasse mentir!).
Il ne faut pas non plus se leurrer: sauf exceptions, ces concours servent d’abord d’outil de promo, souvent pour d’obscures compagnies sans réels liens avec notre travail. Ceux que l’on considère comme des influenceurs ont une grande valeur marketing. Il faut en être conscient nous aussi. On se sert de notre popularité en ligne, mais jusqu’à quel point ce type de concours nous sert, à nous? À chacun de faire sa propre évaluation.
Quand j’ai retiré la vidéo du concours en question, j’en étais à 39 160 visionnements. Pour une fille qui passe des heures à tourner/monter des reportages voyage vus à peine quelques centaines de fois (souvent moins) et encore plus à rédiger billets, articles et autres bouquins, vous imaginez l’ironie?
Juste pour vous, je la rends à nouveau publique. Du moins, pour quelques heures (non, je n’assume plus du tout!!!). 😉
À lire également: un article sur journal Le Soleil dans lequel je fais le bilan de l’aventure.
Vous pouvez aussi me suivre sur Twitter, Facebook et Instagram.
7 Commentaires
Ahh je te comprends. Je prépare la #Magiedenoel 5 et je me lasse de la même recette d’achaler le monde. Ça rejoint beaucoup ton concept «auto-promo». Toujours peur que le monde se tanne.
Cet article est fantastique ! J’ai vécu exactement la même expérience avec MonNuage en 2010, lors de leur concours : devenez reporter de voyage ! Ca fait depuis 2006 que je faisais tout pour arriver à faire ça, et j’ai profité de l’opportunité pour tenter ma chance, et prouver à mes parents que je pouvais aussi avoir un vrai metier ! J’ai remporté le concours avec 13 000 votes pour Monnuage, et comme ils prenaient les 3 premiers en entretien d’embauche, ils ont embauché le 8ème. Je me suis grillé auprès des 1300 amis de ma communauté facebook et je n’ai plus jamais pu recréer de Buzz nullepart. Le gagnant, lui, a abandonné au bout de 8 mois car en fait, il n’aimait pas voyager. Voilà ! j’avais besoin de mettre un coup de gueule et de partager ton article !
AH ben, quel baume au coeur de ma journée non productive! 😉 Tu as bien raison! 😉
Belle réflexion! Perso, j’ai participé à quelques concours organisés par des compagnies, sans succès (best job in the world, vacancier transat, my destination biggest baddest bucket list) et oui, des fois j’ai été découragée de mettre des efforts et de ne pas être “récompensée.” Le modèle m’énerve, mais j’ai un peu accepté que ça ne changera pas de sitôt. Je continue donc de jouer.
D’un autre côté, j’ai récemment participé à un concours pour devenir blogueur MAtv, où on ne devait pas achaler nos réseaux, où l’envoi d’un article était plutôt notre carte de visite. J’ai eu le contrat. Ça marche parfois.
Pour les “concours-nominations-prix” où tu inscrits ton blogue et ensuite invite les gens à voter, j’y participe pour la première fois présentement. J’ai perdu des followers Twitter & j’ai gagné des fans Facebook. Est-ce que je peux prouver qu’il y a un lien? Non. Juste le “timing”. Je peux cependant voir dans mes Analytics que cette initiative m’amène du trafic. Je n’ai pas d’attentes par rapport à mes chances, il y a des blogueurs avec des réseaux tellement plus grands que le mien. Mais bon… le côté “concours de popularité” au lieu de “récompenser au mérite” m’énerve toujours, mais je m’essaie…
Comme je l’écrivais, à chacun d’évaluer si le jeu en vaut la chandelle. Tout dépend aussi du type de concours! Je faisais référence à ceux qui misent sur les votes et la popularité. Quand tu remportes la palme parce que tu as reçu le plus de votes, c’est une chose. Ne pas gagner même en ayant le plus de vote à cause d’un jury obscur, c’en est une autre… J’avais gagné quelques centaines d’abonnés Twitter à l’époque. Pas tant à cause du concours que de la couverture médiatique à mon avis. Me suivent-ils encore? J’en doute… Il y a ça, aussi: je préfère des gens qui me suivent parce qu’ils partagent mes passions.