Le métier de journaliste pigiste a de bons, et de moins bons côtés. Dans cette seconde catégorie, je classe les ententes verbales avec des rédacteurs en chef qui changent d’avis sans explication (oui, ça peut arriver même après 14 ans de métier !).
En décembre dernier, j’ai réalisé une entrevue par courriel avec l’auteur Ugo Monticone, à peine revenu de l’Inde, où il a participé à une série documentaire diffusée à la Télévision des Basse-Laurentides (à noter que l’émission devrait être présentée ailleurs sous peu) en plus de préparer son prochain récit de voyage. Voici donc l’entrevue en question, qui ne sera pas publiée dans le magazine pour lequel je l’ai rédigée à l’origine. À noter que même si le tandem est de retour au pays depuis quatre mois, le blogue est alimenté de temps en temps (entre autres pour annoncer les prochaines conférences).
Auteur de quatre récits de voyage et de deux romans, Ugo Monticone revient tout juste d’un périple de quatre mois en Inde, où il est allé chercher l’inspiration pour un prochain livre en plus de participer à une série télévisée, Bharâta. Grâce au blogue du même nom, on peut suivre ses aventures au pays de Shiva.
Pourquoi bloguer ? C'est la première fois de ma vie que je blogue. Habituellement en voyage, j'envoyais des « courriels de masse ». Mais les blogues ont l'avantage de rester et de permettre aux lecteurs de participer. Tout a commencé quand... C'est ma blonde, Julie Corbeil, qui a eu l'idée du blogue et qui l'a créé avec moi. La série de 13 émissions qu'elle a réalisée pendant notre voyage porte sur mon expérience là-bas. Le blogue en est le complément parfait. À quoi te sert ton blogue ? À la base, il m'a servi à donner des nouvelles de notre voyage à nos proches et aux curieux. Mais pour ce projet en Inde, nous avons été jumelés à 10 écoles du Québec qui ont suivi notre périple live et qui ont réalisé des activités en lien avec la culture indienne et nos expériences. C'est un projet qui tente de promouvoir l'ouverture sur le monde et la lutte au racisme. Comment t'y prenais-tu pour mettre ton blogue à jour ? Comme je partais quatre mois avec simplement un tout petit sac, je devais utiliser les cafés Internet sur place, lorsqu'il y en avait. J'aurais bien aimé avoir mon ordi, mais comme je voulais vivre une expérience indienne près des gens, plus j'étais « technologique », plus je m'éloignais de la vraie vie. Ton rituel de bloggeur ? Habituellement, je fais huit heures de méditation, quatre heures de yoga, et lorsque je suis en lévitation... Non, sérieusement, pendant le voyage, je prenais quelques notes sur des bouts de papiers, puis je remuais le tout dans ma tête, comme si c'était une « machine à laver les idées ». Ensuite, je me trouvais un petit café Internet et je laissais le tout défiler. L'endroit le plus inusité d'où tu as déjà blogué ? Une soirée, dans un petit village au nord de l'Inde, il n'y avait pas d'électricité. Un homme m'a proposé d'utiliser son ordinateur. Il a sorti sa génératrice pour l'alimenter. Les gens du village se sont regroupés pour voir le Blanc qui écrivait... Même quelques vaches sacrées se sont faufilées dans la foule ! Que t'a apporté le blogue ? Un contact avec tout plein de voyageurs, de curieux, d'élèves et de gens qui ont vécu le voyage avec moi. J'avais l'impression de voyager en « groupe ». C'était comme avoir une gang dans mes bagages. Par rapport à l'écriture de mon livre, le blogue m'a permis de mettre mes idées par écrit, alors c'est comme le début d'un premier jet. Et avec les commentaires des internautes, ça me donne déjà une idée de ce que les gens aiment et de ce qui les marque. Tes coups de coeur blogues ? • Mylène à Yelloknife: C'est une amie qui vit présentement à Yellowknife. J'aime suivre ses aventures sur son blogue et me rassurer en sachant que c'est plus chaud ici! • Pazapa : C'est le blogue de ma blonde Julie Corbeil, qui raconte la réalisation de son documentaire en Amérique du sud. • Cercle Créatic : Je suis membre de cette sorte de blogue/groupe Internet réunissant des artistes de la relève solidaires. Le teaser de la série:Vous pouvez également voir un extrait d’une des émissions ici.
P.S.: J’ai cessé de collaborer au magazine en question, parce qu’en plus de cette entente verbale non-respectée, il a coupé ses tarifs de moitié…
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Hum… je reconnais ici deux de mes mésaventures de journaliste… Un article qu’on m’avait commandé a été publié avec… 18 mois de retard !… Glurps pour le groupe hôtelier et la compagnie aérienne qui m’avait invitée pour faire leur promotion. Et dommage pour l’actualité…
Un autre article, lui aussi commandé par le rédacteur en chef, fut gardé sous le coude pour des raisons de planning de publication ; puis on m’a appelée au bout d’un an et demi en me disant “ton article est super, les photos aussi, mais comme il n’est plus d’actu on utiliser tes photos pour illustrer l’article d’un type qui en revient tout juste, ça ne t’ennuie pas ?”. J’ai accepté, la mort dans l’âme. Et finalement… le mois suivant dans le magazine, il n’y avait que l’article et les photos de l’autre journaliste, exactement sur le même sujet et avec les mêmes contacts. Et mon article est passé à la trappe.
Du coup j’ai publié les deux articles sur mon blog un an plus tard…
On a beau être prudentes, au final c’est toujours le rédac chef qui décide… C’est pour cela qu’un jour on décide d’être rédac chef (sur son propre blog…).
😉
Le même genre de mésaventure m’est aussi arrivée. J’avais rédigé un gros dossier au Mali sur un sujet qui me tenait beaucoup à coeur, et le média dans lequel il devait être publié a décidé de repousser sa publication car un cahier spécial lié à la même thématique était en préparation (mon reportage cadrait parfaitement, selon le chef de pupitre qui l’a refilé à l’autre chef de pupitre à l’époque…). Finalement, le cahier en question a été fait des mois plus tard et mon dossier était périmé.
Le plus frustrant, ce n’est pas le fric que je n’ai pas eu, mais le fait que j’avais travaillé sur ce dossier pendant des mois et que personne n’en verrait le résultat!
Heureusement, ce sont des cas isolés et les bons côtés de la piges sont beaucoup plus nombreux que les mauvais…
Je suis curieuse de savoir quel était le dossier malien qui te tenait beaucoup à coeur ?
Dans ce temps-là, as-tu le droit de publier le dossier ailleurs (même s’il est “pétimé”) ?
🙂
Enfants esclaves dans les plantations de cacao. J’ai quand même publié quelques textes là-dessus dans d’autres médias, mais le gros dossier sur lequel j’ai bossé comme une dingue est «tombé dans la craque». Il n’aurait pas été pertinent ailleurs non plus, étant donné le délai (la crise ivoirienne a fait que moins d’enfants traversaient la frontière pour aller travailler en Côte-d’Ivoire, donc le centre malien qui s’occupait de les accueillir une fois sortis des griffes des trafiquants/propriétaires de plantations fonctionnait au ralenti). Trèèèèès frustrant. Mais bon, c’est aussi ça la vie de pigiste…