Pendant un an et demi, j’ai résisté. «Trop dangereux Marie, la mafia est derrière eux.» Tout le monde me mettait en garde quand je disais vouloir filmer des betel nut beauties, ces filles généralement à demi-nues qui vendent le bétel. Il me paraissait pourtant impensable de quitter l’île de Formose sans avoir tenté de saisir ce phénomène.
Six ans plus tard, en revenant d’un marché de nuit avec Chéri et Bébé, des hommes attablés autour du kiosque d’une jeune vendeuse (décemment vêtue) nous ont interpellés. L’occasion était trop bonne (et puis, j’ai l’air si inoffensive dans mes rôles de mère et d’épouse, avec mon n95 en guise de caméra! lol). Je me suis approchée, leur ai demandé si je pouvais les filmer, et voilà. Le fait que Chéri ait discuté avec eux a sûrement contribué au succès de l’opération… 😉
Voici donc un cours 101 de préparation de ce qu’on appelle le bétel, en réalité une noix d’arec fourrée à la chaux qu’on enveloppe d’une feuille de bétel et que les gens mâchent pour ses vertus stimulantes. On voit souvent les chauffeurs de taxi la chiquer et cracher de grands jets rouges…
Simple mode? Loin de là. «Selon les sociologues et d’autres experts qui ont étudié le problème, toute l’industrie qui s’est forgée autour du bétel est là pour rester, affirmait Les Échos en 2001. La principale raison est que le bétel est populaire en tant que stimulant légal pour les routiers qui conduisent de longues heures, les ouvriers du bâtiment, les personnes aux revenus modestes, les gangsters et même la nouvelle génération de jeunes qui utilisent le bétel comme un genre de drogue. Ce n’est pas de la caféine, ni du tabac, ni de la bière, le bétel est par nature un fortifiant, et c’est pour cela qu’il attire, expliquent ceux qui s’y adonnent.»
Taiwan info rapporte par ailleurs que 88% des patients taïwanais ayant contracté un cancer de la bouche et 96% de ceux atteints d’un fibrome des muqueuses sont des mâcheurs de bétel.
En 2008, les belles du bétel me semblent un peu plus discrètes (plus couvertes?). Mais les bouches rougeâtres sont toujours aussi nombreuses…
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