Suis allée au visonnement de presse de Paris, de Cédric Klapish, ce matin. Mon verdict? EXTAAASE! Dès les premières images, j’étais charmée. Paris en mouvement. Paris embué. Paris des cartes postales un peu décalé…
Ce film, c’est le Paris des fenêtres grandes ouvertes, de l’air qu’on respire à fond parce qu’on ne sait pas quand il viendra à manquer. C’est l’histoire de Pierre (Romain Duris), ex-danseur dont les jours sont comptés (à moins d’une transplantation cardiaque), qui occupe ses derniers moments sur Terre à regarder vivre les autres du haut de son balcon. De sa soeur Élise, jouée par une magnifique Juliette Binoche à la chevelure en bataille et sans maquillage (même ses rides sont belles, c’est vous dire!). De ses enfants, qui viennent faire du camping chez leur oncle sans trop comprendre pourquoi. Des «personnages» observés du haut de sa tour. Cette boulangère qui garde ses préjugés en vie comme son levain, notamment. L’histoire parallèle qui m’a le plus touchée est celle de ce Camerounais qui s’apprête à traverser l’océan pour rejoindre l’Europe. Le contraste entre son monde et celui de la richarde française qu’il a jadis connue et qu’il contacte pendant un défilé de mode saisit.
Mais LE héros du film reste pour moi Roland, l’historien dépressif incarné par Fabrice Luchini (si j’étais cinéaste, ce mec serait mon fantasme de casting ultime). Professeur, il tombe amoureux d’une de ses étudiantes et se met à lui envoyer des textos plutôt maladroits (donc, vous l’aurez compris, hilarants d’un point de vue extérieur). C’est de sa bouche que sortent les répliques les plus savoureuses. Quand il parle de la beauté («c’est vraiment dégueulasse, la beauté»). Quand il accepte un job de vulgarisateur pour une émission de télé en apprenant qu’il gagnera un minimum de 100 000 euros, alors qu’il a toujours craché sur ce genre de contrat («vous savez, en France quand on est chercheur, on cherche surtout à joindre les deux bouts»). Quand il danse, aussi. Pendant que sa jeune amante rigole en le voyant exécuter ses chorégraphies sorties d’une autre époque (avec James Brown plein les oreilles), on rit avec elle, mais en constatant la mince ligne entre le réel amusement et la pure moquerie…
J’ai adoré les multiples clins d’oeil du cinéaste. Le prénom du principal protagoniste, Pierre, dont le coeur est bousillé. Quand ce dernier dit avoir l’impression de partir pour l’échafaud devant l’ascenceur… Une scène jouissive: le rêve de Philippe (François Cluzet, alias le «saule pleureur», lol), le frère architecte de Roland, qui se retrouve en pyjama au coeur d’une de ses maquettes où tout le monde est «trop» heureux après une visite troublante de son frère qui a osé le qualifier de «normal».
Détail purement esthétique: les filles, retenez le nom de Joffrey Platel qui joue Rémy parce que son visage, lui, vous ne l’oublierez pas! À l’instar de Roland, les mecs craqueront sans doute pour Mélanie Laurent. Comme toujours (depuis Peut-être), le réalisateur de L’Auberge espagnole a fait appel à Loïc Dury pour la musique, qui enveloppe parfaitement les images.
Il y a tout de même des bémols. Avouons qu’à la base, la trame du mec qui découvre l’importance de la vie alors qu’il s’apprête à la perdre reste un peu (beaucoup) cliché. On voit aussi venir la mort d’un des personnages. Et on revoit la fille de ce dernier plus tard comme si de rien n’était (là, c’est la mère en moi qui parle)… Mais ce sont là de légers détails. Ce Paris-là, je l’ai dégusté jusqu’à la fin. Et quelle fin! Surtout la dernière image. Poétique. Pleine de sens.
Comme la vie.
AJOUT 30 SEPTEMBRE: Parmi les clins d’oeil, j’avais oublié ceux à Beaudelaire (que j’ai tellement vénéré, ado): «Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville change plus vite, hélas! Que le coeur d’un mortel)…»
Aucun commentaire
Oh là là je vais faire des pieds et des mains pour aller voir ce film !!!
Tiens, “ça c’est la mère en moi qui parle” – le nombre de fois où un détail me chicote das les fictions (télé, littérature, cinéma) parce que en tant que mère je trouve que ça n’a pas de bon sens !
Il sort en salle ce week-end! 😉 Moi, je me promets de voir Vicky Christina Barcelona cette semaine, et ensuite Blindness!
Effectivement, on ne regarde plus le monde de la même manière quand on a des enfants…
merci pour le compliment Marie Julie! 🙂