Je me trouve bien chanceuse. Non, la vie de pigiste n’est pas toujours facile. L’irrégularité des payes, l’absence de pouvoir une fois un texte remis (parfois frustrant de voir un sujet reporté ou des passages massacrés par des correcteurs qui en ont changé le sens – plutôt rare, heureusement), l’impression constante de marcher sur des oeufs pour ne pas froisser ses clients en travaillant pour des «concurrents» (un concept bien abstrait dans ce merveilleux monde!), les dates de tombées qui arrivent toutes en même temps, les périodes creuses, les jeux de coulisses que les lecteurs ne soupçonnent même pas, les contacts à refaire puisque les rédacteurs en chef jouent régulièrement à la chaise musicale… Pas toujours facile, donc. Surtout avec une famille. Mais comme Milou l’a souligné dans un récent billet, rien ne vaut la liberté qu’offre ce mode de vie.
D’accord, je suis souvent dans le jus. Ma vie sociale fluctue selon les commandes. Je jongle tant bien que mal avec mes vies de mère, d’épouse, de journaliste et d’amie (c’est malheureusement ce dernier volet qui souffre le plus de mes rebondissements d’horaire). Mais maudit que j’ai du fun. Vous dire le bonheur que j’éprouve à fouiller pour dénicher des sujets pour ma nouvelle chronique «Choc des cultures» sur Canoë! À monter des projets fous comme Le Tour du Canada en 31 jours (OK,OK, j’en ai déjà suffisamment parlé ici…;-)! À écrire sur des coins du monde! À récolter les anecdotes et me faire plus sérieuse, parfois, pour Mama Cool…
En ce moment, j’occupe aussi mes anciennes fonctions de rédactrices en chef reportages chez Clin d’oeil par intérim. J’ai le meilleur des deux mondes: je travaille de la maison tout en effectuant ce que j’aimais le plus de ce boulot, soit trouver les idées et l’angle des reportages, passer les commandes aux pigistes et éditer les textes. Pas de télé cet automne, et je m’en porte pas mal du tout. Et puis, la flexibilité de mes horaires en presse écrite me permet de prendre la poudre d’escampette quand je le désire, au gré de mes impulsions… et de mes fins de rush (vous ai-je dit que je pars pour la Jamaïque dans dix jours?).
J’ai beau parfois ressentir une pointe de jalousie en voyant ce qui se fait ailleurs, douter de mes choix, et me plaindre des de l’éternel recommencement qu’implique la pige, je ne me verrais pas faire autre chose.
Et puis, rien à faire: c’est dans mon lit douillet que je travaille le mieux!
AJOUT 27 NOVEMBRE: On vient de me proposer un job de rêve… Je vais continuer à assurer l’intérim de la section reportages de Clin d’oeil pour encore quelques mois, mais de la maison! 🙂 Ma boss jure qu’elle n’avait pas lu ce billet…
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Ah… Dix jours de Jamaïque!!! Tu l’as bien mérité, non?
😉
Côté boulot, c’est sûr que pour écrire, je suis plus concentrée et efficace au calme à la maison, qu’à mon bureau au canard, où il faut gérer en même temps les coups de fil qui n’arrêtent pas, les mails qui déboulent de partout et les collègues qui passent dire bonjour ou raconter leur reportage… Mais j’adore l’ébullition permanente qu’il y a dans une rédaction et le sentiment de bosser en équipe. Ça stimule et ça rompt agréablement avec le côté très solitaire de l’écriture chez soi.
C’est vrai, la liberté de la pige peut paraître séduisante, parfois. Mais bien angoissante aussi, surtout pour les aléas financiers…
Pas dix jours en Jamaïque… mais DANS dix jours! 😉 Sept, ce sera BIEN SUFFISANT considérant que ce sera mon premier voyage (sauf 48 heures à NY!) sans ma fille…
C’est vrai que la salle de rédac d’un quotidien doit être hyper-stimulante. Étonnement, je n’ai pas trop la personnalité-type d’une fille de mensuels. Je carbure au stress et aux défis de dernière minute (J’ADORE les revirements de situations fous, l’impression que tout fout le camp et qu’on doit user d’imagination pour remettre le train sur les rails). Cela dit, je recrée mon atmosphère «salle de rédac’» à la maison en discutant avec des collègues sur Facebook et en chattant sur Skype et Gmail de temps en temps. Mes discussions de «machine à café», je les fais en pyjama!
J’abonde dans le même sens. J’adore aussi ma job, ma liberté, tout, tout. La possibilité d’écrire mais aussi de faire de la recherche, des conférences et bientôt de faire du remplacement d’édimestre à Rad-Can. Bref la liberté et la variété. Tout pour satisfaire mon insatiable curiosité.
Surtout quand une rédac en chef par intérim me commande un texte 😉
Tu vois hier soir j’ai fait la connaissance de Gina (enfin). On se disait que Facebook c’est notre salle à café, nous, pigistes.
Exactement ce que je répète depuis des mois Cécile (pour Facebook)! 😉
Vous me donnez presqu’envie de devenir pigiste! J’avoue que je vous envie la liberté (toute relative, j’en suis consciente) que cela doit procurer. Il me semble que ce rythme de vie me permettrait de vivre à fond mes contradictions. Mais je me sais beaucoup trop insécure et angoissée pour y survivre… Il faut connaître ses limites. 😉
Vous êtes braves!
Pourquoi pas? 😉 Brave? Ah ça, je ne pense pas. C’est vraiment une question de santé mentale dans mon cas: le 9 à 5 me tue! Pire: être coincé dans un bureau tout gris pour des heures supp… AAAAAAAAAAAAH! Cauchemar!
Petite veinarde !! il fallait au moins ça, pour te faire changer d’avis et revenir sur les lieux du crime…
Ravie que tu sois de retour en tout cas, et ce petit billet résume exactement la précarité de notre boulot mais aussi tous les savoureux moments de liberté qu’il nous confère…
Bonjour mamzellescarlett! Contente de te voir par ici! 🙂 Oui, de «savoureux moments de liberté», tu l’as dit…