Il y a des moments où j’oublie totalement que je suis mère. Mes pensées m’emportent dans leur tourbillon, faisant fi du temps qui a passé et du lieu où je me trouve. Puis, la petite voix de Trésor retentit et je sursaute. Où est sa mère? Mais c’est moi, sa mère!
Jusqu’à la naissance de ma fille, la maman-type que j’imaginais portait une permanente et collectionnait les coupons rabais des circulaires. Elle cuisinait deux repas par jour et repassait les vêtements de toute la famille. C’était la personne sur qui l’on pouvait toujours compter, avec un permis de conduire et un talent inné pour couper les toupets trop courts. Une espèce de croisement entre Perline, Madame Coucou, Soeur Angèle et Maman Dion. Une créature hybride sur fond jaune et marron, tout droit sortie des années 1980. Manifestement, ma perception a besoin d’une mise à jour.
J’ai longtemps eu du mal à m’imaginer tenir un jour ce rôle (surtout avec une permanente). Quand on me demandait si je voulais fonder une famille, je servais la même vieille rengaine: «Je ne peux pas faire ça à un enfant, être sa mère!» comme s’il s’agissait de la pire punition à infliger à un être humain. Et pourtant, je l’ai fait. Trésor recevra en héritage un condensé de mes apprentissages, de mes erreurs et de mes failles. Forcément, elle m’en voudra d’avoir agit comme ceci ou comme cela. Elle me dira qu’elle aurait préféré passer ses vacances au Québec plutôt que de bourlinguer aux quatre coins de la planète.
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