J’ai toujours craqué pour l’humour absurde de Bruno Blanchet. Alors forcément, quand il s’est envolé pour ce qui devait être une année sabbatique à l’étranger, j’ai suivi religieusement ses pérégrinations dans La Presse.
Ce qui m’a frappée en lisant le premier tome de La Frousse autour du monde, c’est le décalage entre le gamin de 40 ans qui a quitté Montréal et celui de 44 ans qui l’a retrouvée il y a quelques semaines pour faire la promotion du condensé de sa première année de voyage. Le clown est toujours drôle, mais il garde parfois son nez rouge dans sa poche. Pas tout le temps – à notre plus grand bonheur! – mais c’est l’impression que m’ont données les entrevues attrapées ici et là. J’oserais même dire que je sentais poindre une certaine sagesse dans ses propos. Les voyages forment la jeunesse, dit-on…
Dès que j’ai connu la date de publication de son livre, j’ai proposé que Clin d’oeil profite de l’occasion pour réaliser une entrevue avec lui. Quelques semaines plus tard, au plus fort de sa tournée de promo, je reçois un courriel de ma directrice préférée qui me demande d’attraper Bruno pour une photo et une entrevue. Je suis parvenue à booker un shooting, mais pour l’entrevue, nous avons convenu que l’idéal serait de la faire par courriel une fois qu’il serait de retour à Bangkok. (Maintenant que j’y pense, ç’aurait été tellement plus branché de la faire via Skype ou Gmail chat/video/full/cool… Brrrravo Miss Techno!).
En 2005, j’avais demandé à Marie-Sissi Labrèche (qui ne s’était pas fait priée!) de traquer la bête sur les routes du monde pour réaliser une entrevue du même genre (on peut la lire dans la section «Articles» du site consacré à Bruno). À l’époque, il n’avait que quelques mois de voyage derrière la cravate (la casquette?), mais je me souviens avoir versé toutes les larmes de mon corps en lisant ses réponses. Je me retrouvais intensément dans ses mots, ses images, ses émotions. Même quand il me faisait rire, je braillais comme un veau. (En fait, encore plus quand il me faisait rire, je pense.)
Maintenant que j’ai une plus grande distance avec mon ex-vie d’expat, j’ai plutôt souri en lisant ses réponses. D’abord, il faut dire qu’après une tournée de promo intense comme celle qu’il venait de faire, il en avait peut-être un peu ras-le-pompon de se faire poser toutes les questions possibles et inimagineables qu’on peut poser à un spécimen dans son genre. N’empêche, j’aurais aimé que le numéro de février du mag soit plus substantiel pour publier plus que les deux feuillets que j’étais autorisée à tirer de notre entretien Web. Heureusement, Internet est là. En plus de la courte entrevue qui sera dans notre numéro de février 2009, des questions/réponses seront offertes en supplément sur le site de Clin d’oeil.
Comme je ne peux pas résister, je vous offre un extrait:
MJG: Le plus grand mythe entourant le voyage à ton avis?
BB: «Si t’es pas allé en Inde, t’as pas vraiment voyagé»… Ah! C’est tout faux et tellement prétentieux! En Inde, il y a des affiches en anglais, des trains presque à l’heure, des habitants éduqués qui parlent plus d’une langue et tellement de touristes qu’en certains endroits, on se marche sur les pieds! Si t’es pas allé en Inde, t’es juste pas allé en Inde. C’est un pays fabuleux, cela dit, qu’on peut explorer pendant toute une vie. Vous voulez un dépaysement, un vrai voyage dans le temps? Le centre de la Chine.
MJG: La première chose que tu fais en arrivant dans un pays?
BB: Super question! À l’aéroport, ou à la gare, je m’assois à l’écart et j’observe la joute pendant un moment. J’essaye de m’imprégner rapidement du rythme de l’endroit pour ne pas avoir l’air d’un perdu. Puis je me lève et je marche en regardant droit devant, la tête haute, avec l’air détaché du gars qui apporte son sac de linge sale à la buanderie. (…) Si je trouve un supermarché où il y a des articles avec des prix inscrits dessus, je cours voir la valeur des trucs comme: bouteille d’eau, fruits, légumes, bière, etc afin de savoir, lorsque je magasinerai sur la rue, combien je pourrai négocier mes sandwichs ou mon jus de fruits frais tout en demeurant raisonnable. Il faut arrêter d’essayer de faire descendre les prix à un moment donné, et réaliser qu’on est en train de se prendre la tête pour des sous noirs, qui ne feront aucune différence à notre budget, mais qui serviront peut-être à nourrir les trois enfants de la madame…
Plus sage, je vous disais.
Une citation avant d’aller terminer mon texte pour le mag, tirée de la dernière chronique du premier tome (qui se clôt après sa première année de voyage), servie en guise de réponse à ceux qui le trouvent «chanceux» de vivre ainsi d’aventure en aventure:
Ah! Parlons-en, justement, de l’aventure.
Ça m’a pris un an pour réaliser qu’elle n’est nulle part, l’aventure. L’aventure ne se trouve pas dans un livre, un guide ou une expédition prévue pour ça. L’aventure est une porte qui s’ouvre par en-dedans Le reste dépend de vous.
Vous les voyez les larmes, là, au coin de mes yeux?
P.S.: Devinez quel livre est suggéré sous la fiche de Cartes postales d’Asie sur le site de Renaud Bray? Eh oui! La Frousse autour du monde! Par contre, l’inverse n’est pas vrai… 🙁
P.P.S.: S’il faut l’acheter, même si ses chroniques sont encore en ligne? MOUIII, sans hésiter (après vous être procuré le mien bien sûr… 😉 ! C’est un livre magnifique, qu’on a envie de laisser traîner pour s’offrir de petites doses d’évasion de temps en temps. Ah! Et parce que ça vaut vraiment la peine de le souligner, le design est signé Amen Création.
P.P.P.S.: Ouf! Pour une fille qui dit ne pas trop aimer lire les longs billets des autres, je fais ici preuve d’un manque total de cohérence!
15 Commentaires
ahh que tu me donnes envie de le lire….
Quelle est la signification du titre de son livre, La Frousse autour du monde?
C’est vrai qu’il est magnifique son livre. Et même si je ne suis pas beaucoup le type “fille Clin d’oeil”, j’ai très hâte de lire la suite de ton entrevue. Parce qu’au-delà de celle-ci, il y a ton regard particulier derrière les questions. C’est ce qui fait toute la différence. L’entrevue d’une aventurière à un aventurier, ça demeure avant tout un partage.
Bon ça y est, tu m’as convaincue. Je cours l’acheter.
Oh non, pis tiens, je le commande en ligne 😉
@ Cécile et Gina: vous ne le regretterez pas!
@ Patrick Dion: Merci! Ça me touche, ça! Et en passant, c’est «Clin d’oeil», pas «fille Clin d’oeil»! 😉
En lisant sa définition du mot Aventure, j’entends la toune No Surprises de Radiohead, une vraie finale à l’Auberge espagnole – chaire de poule 😉
Josiane, c’est exactement ÇA! Tu peux me dire pourquoi la vie va si vite, toi?
Bruno ne nous donne pas la réponse dans son livre ? Diantre… 😉
J’ai tellement hâte de le lire!!! Et de lire l’article aussi, ce court extrait promet!
J;ai les larmes aux yeux aussi ! Ce serait un beau cadeau de No*el pour mon Homme, gran voyageur devant l;éternel.
Oups, les longs posts… Je viens de mettre en ligne un ROMAN! Tant pis pour moi ! Mais je n;arrivais pas a couper, le but étant de décrire mon état d;esprit en pleine souffrance de soroche !
Comment ca va la Jama*ique ?
(j;aime les étoiles qui prennent la place des tr-mas ici hin hin)
Wouah… merci pour ce billet (deux mois plus tard haha, mais je recherchais justement de l’info sur ce livre)! Je reviens moi-même tout juste d’une année de voyage et de lire ces mots… me fait réaliser toute l’ampleur de ce que j’ai vécu en 2008 et que je n’ai pas encore tout à fait assimilé. Et tant qu’à faire, je vais aller de ce pas voir s’il reste un numéro de Clin d’Oeil quelque part ;P
Trop drôle… je viens de faire le lien! Je ne savais pas que vous teniez un blogue!! C’est vous qui aviez publié un petit article de mon blogue sur mon année en Australie dans le numéro de juillet/août du magazine “Filles Clin d’Oeil”!! Faut croire que le monde est vraiment petit, même sur le web 🙂
@specialk13: Tiens, tiens, comme on se retrouve (c’est moi qui ai parlé de ton blogue dans FCD quand tu étais en Australie)! Contente de te recroiser ici!
Ce numéro de Clin d’oeil était excellent, mais les suivants le sont tout autant! 😉
Et puis, il faut aussi que tu te procures mon bouquin «Cartes postales d’Asie» (éditions Mémoire d’encrier), qui constitue une autre très bonne thérapie de retour! 😀
M’en vais voir ton blogue!
Les grands esprtis se rencontrent… On s’est écrit en même temps! hi! hi! P.S.: Pleeeease! Pas de vouvoiement!
Haha… excuse-moi pour le vouvoiement! Je vais jeter un coup d’oeil sur ton bouquin pour sûr et je vais surfer sur ton blogue aussi… c’est vraiment génial voyager hein? À la fin de mon année je prenais l’avion comme jadis je prenais le métro. Pas que j’ai l’impression que le monde ait rapetissé loin de là, mais plutôt qu’il m’est rendu plus accessible… ça m’a ouvert les yeux comme on dit!