J’aime bien croire que je suis «internationale». Un mélange des contrées où j’ai vécu, des gens que j’ai côtoyés. Mais quand je rencontre des femmes comme Marie, je réalise que je n’ai absolument rien d’africain en moi.
Nous avons reçu l’invitation de Moussa et Marie trois jours avant la Fête. Je m’imaginais jusqu’alors passer le réveiller de Noël bien calée sous les couvertures, à savourer l’un de ces petits films niais que je n’ai jamais le temps de regarder (à chacun ses fantasmes!). Mais sachant que Chéri allait être heureux à l’idée de passer son premier Noël «sénégalais» depuis 2003, année où nous sommes allés rendre visite à sa famille (rassurez-vous: il y est retourné depuis), j’ai accepté d’emblée. Crevée (deux petites heures de sommeil la nuit d’avant), j’arrive là-bas avec la meilleure intention du monde: rester jusqu’à 22h. Pas mal pour une fille qui ne rêvait que de son lit à 20h…
Premier choc: Marie n’est pas enceinte, elle est très enceinte! Date prévue de l’accouchement: le 2 janvier. C’est son troisième… Je la trouve à la cuisine en compagnie de deux de ses cousines, à préparer le festin avec sa fille d’un an et demi dans les bras. Et quand je dis festin, je vous jure que je n’exagère pas. À côté du poulet yassa, du porc, des brochettes, de la salade chinoise et des autres plats que j’ai à peine entrevus, nos réveillons font office de soupe populaire. Il y tellement de nourriture que je me dis que même en invitant une armée de clones du Grand Antonio il resterait de quoi nourrir quelques Paul. Sans compter les bouteilles de bières et de vin qui s’entassent partout où il n’y a pas de bouffe.
– Tu n’es pas fatiguée? ne puis-je m’empêcher de demander à Marie.
– Ah oui! Très!
– Tu ne veux pas aller te reposer?
– Non, ça va, je le ferai plus tard.
Une vingtaine d’invités étaient sur le point de débarquer…
Pendant que je tente d’aider les femmes (et je dis bien TENTE! devant ma totale incompétence, elles m’ont gentiment évincée de la cuisine peu après… Fiou! lol), Maya s’amuse avec la fille de Marie et Moussa, âgée de trois ans.
22h. Je cogne des clous. Toujours personne. Moussa nous apprend que tout le monde va à la messe de minuit. Le festin, on le mangera après! J’ai l’estomac dans les talons. Heureusement, Chréri accompagne Moussa pour faire les dernières courses et pense à acheter des chips… J’ai horreur d’être si occidentale, mais j’avoue que je me suis jetée dessus comme un mononcle à dentier sur la dernière rasade de caribou.
22h45. Ma fille est en grande forme. Elle danse avec sa nouvelle amie et me refuse l’entrée de la chambre de cette dernière.
23h15. Je n’en peux plus. J’ai envie de me coucher dans un coin et dormir jusqu’au 2 janvier. Chéri bavarde avec Moussa et un autre invité qui croyait lui aussi être en retard (les détails de la soirée étaient restés nébuleux pour tout le monde). Dehors, la pluie tombe à verse sur l’épaisse couche de neige.
23h45. Marie est toujours dans la cuisine. Sa fille dort paisiblement sur le dos de sa cousine, dans un sac noué à l’africaine.
– Toi, tu vas accoucher ce soir si tu continues! m’exclamai-je en la voyant toujours aux fourneaux (sans compter que je l’ai trouvée à quatre pattes en train de nettoyer la salle de bain quelques minutes plus tôt).
– J’ai accouché à la date prévue pour les deux autres. J’ai toujours été comme ça. Je ressens de la fatigue seulement deux jours avant le jour J. Et je reprends des forces très vite ensuite.
On est loin de mon dernier mois passé à regarder des séries télé en rafale et de mon anémie post-accouchement !
Minuit. J’embrasse tout le monde et repars avec un plat rempli de nourriture et Maya, qui aurait bien voulu jouer encore!
Il était presque 8h quand Chéri est rentré ce matin.
Marie était toujours debout à faire la fête quand il est parti.
NOTE: Ce billet a servi d’ébauche à ma chronique Mama Cool du 29 décembre. C’est la raison pour laquelle je l’ai retiré temporairement…
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Moi, j’ai travaillé avec une femme du Sri Lanka lorsque je travaillais dans un resto. Elle avait trois jobs difficiles physiquement (ménage et plonge), mais elle était toujours souriante et débordante d’énergie… Ça m’impressionnait vraiment! Elle est devenue un modèle. Lorsque j’ai le goût de me plaindre, j’essaie de garder le sourire en pensant à elle!
En passant, même si je n’ai pas d’enfant j’adore Mama Cool. Ça coule bien et c’est imagé. Ça fait rire et réfléchir. Bravo!
J’aimerais pouvoir laisser des commentaires directement sur Sympatico, mais on ne peut pas.
Je sais, tu n’es pas la seule à me l’avoir mentionné. Les chroniques devaient devenir un blogue mais Sympatico est revenu sur sa décision…
Je sais, tu n’es pas la seule à me l’avoir mentionné. Les chroniques devaient devenir un blogue mais Sympatico est revenu sur sa décision… Et merci! C’est cool de se savoir lue aussi par des non-parents! 🙂