Il y a longtemps que je n’avais pas consacré autant de temps à la rédaction d’un reportage. J’ai étiré mon voyage en Jamaïque le plus longtemps possible. Remâché chacun des mots crachés sur l’écran pour être certaine d’en avoir bien retransmis la saveur. «Ressenti» à nouveau ces paysages qui m’ont tant séduite, surtout ceux entre Ocho Rios et Nine Mile. Revisionné mes entrevues pour me rappeler la chaleur des Jamaïcains. Bref, j’ai fait durer le plaisir.
Des jours durant, je me suis trouvé mille et une raisons pour ne pas mettre le point final à ce dossier destiné au journal Le Soleil. Je n’avais pas envie de le terminer, j’avais trop de plaisir à le laisser prendre forme en moi. Et puis, il faut dire aussi qu’écrire pour un nouveau client (c’est seulement ma deuxième pige pour eux) me pousse à vouloir mettre la gomme. À peser chaque mot, revérifier chaque virgule et chercher les poux qui sautillent joyeusement entre les lignes.
Vous dire à quel point j’aime écrire sur les voyages… (Soupir) En même temps, je ne veux pas me lasser de ce genre d’exercice. Je veux me délecter de ces «bonbons» comme si c’était la première fois encore et encore. La toile de mes souvenirs n’est pas vierge mais j’aime bien me faire croire qu’il m’est toujours possible d’effacer quelques traits brossés grossièrement pour raffiner l’oeuvre, doucement, lentement… La réinventer au gré de mes découvertes.
Je ne veux pas que voyager devienne un travail, une obligation, une corvée. Pas question d’altérer ma passion. Et puis, j’aime aussi écrire sur les phénomènes sociaux (surtout d’ailleurs), le choc des cultures (bon, c’est du voyage ça aussi! En fait, c’est ma passion no 1, la raison qui me pousse à voir du pays), la cyberculture (qui abat les frontières)… Je n’en sors pas. Une part de moi est toujours en voyage.
Il n’y a qu’ailleurs que mes sens sont aussi exacerbés. Que je deviens perméable à la moindre sensation. Que je ne m’en fous pas. Honnêtement, ce qui m’entoure quand je suis chez moi, je m’en fous un peu (je ne parle bien sûr pas des gens!). C’est triste, mais c’est ainsi. Comme si en sortant de mon contexte, le bouton «on» s’allume et me permet enfin de laisser tout entrer, par les yeux, la bouche, le nez, la peau… Et là, je vais vous sortir le gros cliché dont j’ai parlé 10000 fois ici: c’est dans ces moments-là où je me sens le plus vivante. (Je radote, hein? Tant pis: c’est moi qui décide ici, nah!) J’ai besoin d’un grand bol d’exotisme pour m’apercevoir que l’air que je respire a une odeur. Écrire sur les voyages me force à retrouver cet état même s’il fait – 1000 dehors.
Quand ma fille sera plus grande, je partirai peut-être plus souvent. À ma manière. Parfois avec Chéri, aussi. En attendant, je l’amène avec moi, sauf exception (comme en Jamaïque). Et je savoure mes textes-bonbons le plus longtemps possible.
Je suspends les points…
(Il est passé 4h du matin, impossible d’aller dormir tout de suite, je suis sur mon «high» d’écriture! Désolée s’il y a des coquilles, je ne suis plus très alerte.)
Aucun commentaire
J’ai trouvé ton blog via Twitter, et je vais l’utiliser pour travailler mon francais. J’ai apprécié ce post, impressionante pour quelqu’un éveillé à 4h du matin!
Bonjour Alan! Merci pour ton commentaire… et bienvenue dans mon Taxi-brousse! 🙂
que je comprends, des fois on hésite à exprimer ce qui nous est arrivée, c’est trop pleine, c’est trop près, on a le peur de “le perdre”, je n’ai pas vraiement écris sur Palermo, où j’étais il y a 11 mois, ce n’est qu’en le revoyant des images télé des lieux que tout est revenu: c’était si pleine et riche, et pourtant seulement cinq jours, à peine à y croire!
bonne année,
merci d’avoir compris plus de mon dernier texte!