Les voyages de presse sont à double tranchant. On visite tout dans la ouate, en vitesse, avec accès privilégiés, et on doit ensuite faire part de notre expérience au commun des mortels en tentant de lui brosser un portrait juste. Pas toujours évident.
Je me rappellerai toujours de mon premier voyage en solo pour des vacances, à Lisbonne. C’était pendant l’exposition universelle. Un jour, je me suis tapé quatre heures d’attente sous le soleil brûlant pour voir l’une des attractions les plus hot (c’était le top du techno à l’époque!). Quatre heures sans eau ni nourriture, à prendre mon mal en patience. Forcément, mes attentes étaient très élevés. D’autant plus que les nombreux articles parus dans les journaux étaient tous plus enthousiastes les uns que les autres.
Pendant ce temps, mon ami Tristan, qui tournait une série de reportages pour l’émission Le Petit Journal, avait eu un accès V.I.P. Il était entré sans attendre, avait tourné son topo et était reparti aussitôt. Vous devinez la suite? J’ai été hyper-déçue, et lui, emballé. Comme quoi quand les conditions ne sont pas les mêmes pour tout le monde, les perceptions peuvent être bien différentes.
Mon plus grand «choc de luxe» a probablement été à Hong Kong, il y a quelques années. J’y étais allée seule, sac au dos, trois ans auparavant. J’avais trouvé tout ardu. Mon hostel était crade. Il faisait gris. Je trouvais que tout était cher. Quand j’y suis retournée suite à l’invitation de l’Office de tourisme de Hong Kong (pour couvrir le Festival du shopping – qui n’existe plus sous cette forme aujourd’hui – pour Clin d’oeil), ma perception a été tout autre. Je logeais dans un hôtel «7 étoiles». Je mangeais dans les meilleurs restaurants. Et puis, je couvrais un concours de shopping, ce qui était franchement très rigolo comment expérience!
Après deux jours dans ma chambre (que je trouvais déjà top-luxueuse), on m’appelle pour me dire que je dois déménager dans une suite parce qu’il y a un risque de fuite d’eau dans la pièce que j’occupe. Je me suis ainsi retrouvée dans un appartement plus grand que le mien! (Réflexion: c’est fou, à l’époque, je me rappelle avoir ressenti un malaise de nager dans autant de luxe… je réalise que je n’aurais plus aucun problème avec ça aujourd’hui! hi! hi!) Si j’ai aimé Hong Kong cette fois-là? Et comment!
Je sais très bien que je ne pourrais pas m’offrir une nuitée dans la plupart des hôtels où j’ai dormi lors des voyages de presse que j’ai faits ces dernières années. C’est confortable, la ouate, mais quand c’est nous qui payons la note, ça peut parfois faire l’effet d’un lit de clous!
Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance de prendre part à un voyage de presse en Italie. Une semaine chargée, mais vraiment fantastique. Les hôtels? Les meilleurs, bien sûr. Vous voulez des preuves? Suffit de le demander!
Premier hôtel: Bellini, à Venise
Deuxième hôtel: Brunelleschi, à Florence:
Vue de ma chambre de l’hôtel Brunelleschi…
Ma chambre. Rien d’extraordinaire, mais classe. L’hôtel est surtout vraiment bien situé.
Troisième hôtel: La Griffe, à Rome. Deux étages pour moi toute seule… Très design, mais service pourri.
Je suis évidemment très consciente de ma chance. Sauf qu’en vieillissant et en accumulant les expériences, je deviens un peu plus critique. Dormir dans des établissements hôteliers de rêve change tranquillement ma vie de baroudeuse. On prend goût au confort. Dommage que mon salaire annuel évolue très peu, lui!
Billet sur un sujet similaire: Vivre à l’hôtel
AJOUT 10 juin: J’avais aussi parlé brièvement des «traitements spéciaux» offerts aux journalistes dans ce billet.
Aucun commentaire
Je n’ai pas autant voyagé, mais les quelques places «célèbres» que j’ai vu m’ont laissé sur ma faim à chaque fois… Statue de la liberté : elle beaucoup plus petite que ce que j’imaginais ! Tour Eiffel : j’ai été beaucoup plus impressionnée par les petites églises moyenâgeuse de la campagne et les paysages pittoresque du village de St-Émilion… Mais le summum de la déception reviens à la Grande Muraille de Chine. La section accessible au touristes est trop «rénovée» et achalandée de marchands. Une chance qu’on avait apporté des jumelles, on pouvait alors observer la «vrai» muraille, celle qui tombe en ruine et où la végétation pousse au travers. C’est à ces observations qu’on pouvait vraiment comprendre le temps qui s’est écoulé et le travail colossal que cette réalisation a dû nécessiter. Les plus beaux souvenirs de mes quelques voyages sont les gens et le contact que j’ai eu avec eux, mais pour vraiment en profiter il faut plus qu’un voyage touristique.
Tout comme toi, je me considère chanceuse d’avoir eu la possibilité de faire ces voyages et ces expériences m’amène à considérer aller au-delà du connu et sortir des sentier battus pour en tirer le maximum.
Je suis contente de lire ce billet parce que c’est ce que je déteste des chroniques voyages dans les magazines : tout est beau, grand, luxueux.. alors que quand je voyage, je n’ai jamais le moyen d’aller dans les palaces, court-circuiter les files et manger dans des grands restos.
Je crois par contre qu’en voyageant back-packer, on goûte vraiment plus un pays :on marche au lieu de prendre un taxi, on mange dans un vrai boui-boui au lieu d’au restaurant haut-de-gamme qui sert la même cuisine 6 fois plus cher parce qu’elle est servie dans une belle assiette et on dort dans toute sorte d’endroits crades, mais où l’on rencontre de vrais habitants, pas seulement des gringos!
Difficile, en effet, d’être objectif, quand on est bichonné(e) par ses commanditaires … Mais je trouve, globalement, que tu t’en tires très bien dans tes chroniques 😉
Excellent point Marie-Julie. On devrait toujours écrire nos articles et penser à ça lorsqu’on part en voyage de presse.
J’en fait beaucoup moins et moins hot que les tiens 😉 Mais j’aime bien ceux de la SEPAQ car on est dans la même situation en général que le public. J’ai même tenté de dormir dans un igloo !!!
on fait comment pour avoir ta job ? n’ai assez des voyages en backpack, moi 😉 j’ai envie de m’acheter une valise sur roulette comme les vrais adultes…
sans blague, ça m’intéresse…
@Cindy Rivard: Effectivement, rien de tel que les rencontres en voyage. Mais quand on ne part qu’une semaine ou deux et qu’on opte pour le luxe, c’est souvent plus difficile de tisser des liens avec les «locaux». C’est encore plus vrai quand on voyage avec sa famille ou des amis. Par contre, ça reste intéressant de voir des monuments «en vrai», je trouve. Le Panthéon m’a émue au point que j’en pleurait! Même le Taj Mahal ne m’a pas fait cet effet…
@Annie Fortin: J’ai adoré le backpacking. J’ai troqué mon sac à dos pour une valise quand ma fille est née. J’y reviendrai… mais comme je le dis dans ce texte, quand on goûte au luxe, c’est facile d’y pendre goût. Je préfère toutefois voyager sur une longue période plus modestement qu’en coup de vent dans le luxe. Le hic, c’est qu’on ne l’a pas toujours ce temps, justement…
Je suis d’accord avec toi: ce qui est présenté dans les magazines est souvent inaccessibles à la masse. En même temps, moi, j’aime qu’on me fasse rêver. J’adore découvrir les destinations des milliardaires de ce monde, des villas à 100 000$/nuit… Même si je ne pourrai jamais m’offrir autant de luxe! En fait, je pense que j’aime tous les types de voyage. Tant que je peux DÉCOUVRIR! 🙂
@pluc: Merci, c’est gentil!
@Cecile Gladel: Dans un igloo? Wild girl! lol Ça par contre, il faudrait VRAIMENT me payer cher pour que je le fasse… Tout ce qui est froid, ce n’est pas pour moi!
J’essaie effectivement de toujours me rappeler la réalité quand je fais un voyage de presse. En même temps, comme je le disais à Annie, j’aime bien rêver, alors je me dis que je ne dois pas être la seule. Il faut aussi s’adapter à la publication pour laquelle on écrit.
@Angelus: Ah mais attention! Je ne suis pas spécialisée en tourisme! C’est ma grande passion pour les voyages qui m’amène à faire des reportages sur le sujet de temps en temps. Je ne fais environ que 3 ou 4 voyages de presse par an. Il y a très peu de médias au Québec qui publient des reportages touristiques (et je n’écris pas en anglais). Il y a déjà énormément de bons pigistes spécialisés en tourisme et je trouve que c’est vraiment un métier en soi. Un métier qui s’apprend. Je me vois un peu comme «une stagiaire en training» quand je me joins à des groupes de journalistes de la presse touristique. Je signe chaque semaine une chronique «choc des cultures», ce qui est bien différent des reportages touristiques même si ça touche le monde du voyage. «Quand je serai grande», peut-être que je déciderai d’aller dans cette direction. On verra. Pour le moment, avec une petite fille, ce rythme me convient. J’apprends, j’observe, je me fais la main. Surtout, j’en profite bien! 🙂
Hihi, ça me fait penser aux voyages que je fais pour le boulot. Nous sommes reçus comme des rois par les hôtelliers. Ils mettent vraiment le paquet pour nous épater. Quelques fois c’est un peu frustrant de ne pas voir le vrai visage, mais c’est quand même bien agréable. Il s’agit de rester très critique.
@Lili: Les hôteliers mettent généralement le paquet pour les journalistes aussi. Dans ce cas-ci, une exception: l’hôtel La Griffe à Rome, qui nous a fortement impressionné à prime abord (super design, 5 étoiles…), nous a laissé une impression plutôt amère au final parce que la chambre d’une des journalistes n’a jamais été nettoyée… Elle a dû partager celle d’une autre journaliste, n’en pouvant plus d’attendre. Un autre groupe de journalistes était allé au même endroit quelques semaines plus tôt et eux ont trouvé le service impec. On a peut-être été seulement malchanceux.
Ça me rappelle les commentaires sur TripAdvisor: il ne faut jamais se fier à une seule expérience pour tirer des conclusions. On peut rapporter des aventures, mais pas des conclusions!
Bien d’accord avec toi pour le tripadvisor.