Boulot Plogue(s) Réflexions

Français: mode d’emploi

23 juillet 2009
20090722-142823-g

La Québécoise Judith Ritchie à Paris

Ah! Les Français… On les aime autant qu’on les déteste. Plusieurs d’entre nous les envient un peu, beaucoup, aussi. Après tout, ils ont l’histoire, la Tour Eiffel et le bon vin! Et puis, il y a ce sentiment de parenté lointain et le partage de la langue. Forcément, on se ressemble, non? Erreur. Pour quiconque a passé un peu de temps dans l’Hexagone, le Québec et la France ont autant à voir que la poutine et le foie gras. Cela ne veut cependant pas dire que les deux ne peuvent pas aller ensemble…

«N’importe quel touriste qui visite le Japon, la Chine ou l’Afrique s’y rend l’esprit plus ouvert que lorsqu’il visite la France, ont écrit Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow dans Pas si fous ces français, publié aux Éditions du Seuil. Les rites fascinants des Chinois ou des Zoulous peuvent être cause d’inconfort ou de désagrément, mais ceux qui voyagent dans ces pays ont tendance à accepter ces épreuves avec stoïcisme, car ils pensent, avec raison que dans une culture différente, les choses se passent différemment. Or, en France, les Nord-Américains perdent ce réflexe.»

Ils ne sont pas les seuls à avoir fait ce constat. «Effectivement, on pense qu’on sera pas dépaysé en raison de la langue mais c’est tout le contraire, renchérit Pierre B. Gourde, relationniste dans l’industrie de la musique qui a vécu en France pendant un an et demi. La France et le Québec, ce sont deux mondes, complètement.» Le Québécois s’y est d’abord rendu à l’occasion d’un stage à l’âge de 25 ans, puis pour y vivre pendant un an deux ans plus tard.

Si sa première expérience en sol français s’est bien déroulée, la seconde a été plus cahoteuse. «Dès qu’on vient en tant que nouvel arrivant ou comme demandeur de quelque chose, c’est autre chose. Il y a tout de suite une certaine condescendance qui s’installe. On est gentils les cousins, mais on n’est rien, allez ouste du vent. Ce n’est pas toujours comme ça, bien sûr, mais il faut distinguer les rencontres faites en vacances ou en voyage d’affaires des rencontres faites en recherche d’emploi, par exemple. Pour ma part, j’ai réussi en quelque sorte à faire ma place mais au moment où mon visa se terminait. Il faut être patient, pas espérer que tout roule aussi vite que chez nous en Amérique. Mais des fois c’est dur sur le moral…»

La suite sur Canoë!

Le saviez-vous? : «Les hommes DRAGUENT et aiment séduire, confirme Judith Ritchie, journaliste pigiste qui vit à Paris depuis quelques mois. Ils sont affectueux, dévoués… ils donnent beaucoup plus. En revanche, ils ont aussi peur de l’engagement que les Québécois!»

Archives de mes chroniques «Choc des cultures» sur Canoë


Vous pourriez également aimer

Aucun commentaire

  • Répondre LudoMC 23 juillet 2009 - 7 h 46 min

    Je crois que tout est dit par Judith Ritchie : “changer ses repères, ne pas tout comparer et adopter les mœurs d’ici.” et je pense que ça vaut quel que soit le pays. C’est une des choses les plus importantes je pense. Ne pas vouloir garder sa manière de vivre à tout prix mais au contraire “se plier” à la manière locale pour s’adapter plus facilement. Ca demande des efforts, c’est sûr, mais c’est sûrement la meilleure manière d’arriver à une intégration réussie. Il est très juste aussi que les gens pensent “même langue = même culture” alors qu’il n’en est rien et c’est dans la grande majorité des cas de là que viennent les problèmes de compréhension et ensuite les tensions qui peuvent en découler.
    En changeant de pays, on doit se préparer à accepter aussi le mode de vie du pays dans lequel on a décidé de s’installer (je sais de quoi je parle, c’est aussi mon projet). Mais c’est sûr que ce n’est pas facile et que cela ne se fait pas du jour au lendemain et la nostalgie a vite fait de pointer son nez, ainsi que les (mauvaises ?) habitudes. Par exemple dans l’autre sens, quand je vais au Québec il m’arrive de penser “Bouhhh, où que je vais pouvoir trouver un bon sauciflard (comprenez saucisson 🙂 ?” Mais bon, je ne me mets pas à râler comme un bon français dans le magasin, je pleure intérieurement. Quel effort ! 🙂

  • Répondre jeanluc 23 juillet 2009 - 10 h 11 min

    “Les Français…”
    Chaque Français est différent, non ? Il ne faut pas généraliser. Tout comme le sont les Québécois, n’est-ce pas ? Nous sommes différents, l’histoire, l’océan, … nous sépare. La France fait partie d’un vieux continent et le continent américain, c’est le nouveau monde. On sait tout ça.
    Mais ce qui nous unit, c’est la langue dont le berceau est commun. Je sais que le français du Québec est différent de celui parlé en France ou en Terre Adélie !
    Mais le français nous permet d’avoir une pensée originale bien distincte de celle du monde anglophone.
    Je lisais récemment dans Le courrier International (repris d’un article de la Gazette ? )qu’un journaliste anglophone s’était fait passer pour un francophone le temps d’un reportage à Montréal. Et qu’il y avait découvert avec surprise qu’il n’était pas facile d’y parler la langue de Gilles Vigneault.
    C’est vrai ?
    http://www.courrierinternational.com/article/2009/07/02/sorry-i-don-t-speak-french

  • Répondre LudoMC 23 juillet 2009 - 11 h 30 min

    Euh juste pour clarifier, histoire qu’on ne trouve pas les français arrogants :), quand je disais “je sais de quoi je parle” dans mon dernier paragraphe, c’est juste que dans mon cas, je pars dans cette optique. Changement de pays = adaptation. S’adapter au pays et non pas essayer de faire du pays un miroir de ce qu’on avait avant (sinon pourquoi changer 🙂 )

  • Répondre jeanluc 23 juillet 2009 - 13 h 21 min

    “Après tout, ils ont … la Tour Eiffel et le bon vin !”
    A votre caricature manquent le camembert, la baguette de pain sous le bras et le béret vissé sur la tête… c’est tout ? Mais non, en plus nous sommes râleurs, belliqueux, chauvins, indisciplinés….
    Ce sont des lieux communs qui ont la vie dure. Je m’en amuse et je ne vous en veux pas le monde du monde.
    Mais il ne faut nous réduire à la tour Eiffel , au vin rouge ou à notre histoire passée.

    PS. j’aime bien le camembert.

  • Répondre PierreBG 23 juillet 2009 - 13 h 21 min

    A Rome, fais comme les romains, en quelque sorte.
    Pour ma part, je m’ennuie parfois de ma vie parisienne avec ses avantages évidents quant à l’art de vivre dont je parle. Les irritants c’est une chose, mais j’aurais du spécifier que c’est dur pour le moral, dans une ville si chère, de peiner à bosser.

    Avec un vrai boulot (limite ceux que je faisais à la fin), j’aurais pas de difficulté à y retourner. Bref c’est pas tout noir, ou tout gris etc.

    Venir vivre ici pour un français peut être très difficile aussi….

  • Répondre PierreBG 23 juillet 2009 - 13 h 26 min

    Neil Bissoondath démonte le multiculturalisme et parle avec pertinence de l’immigration dans “Le marché aux illusions. La méprise du multiculturalisme” chez Boréal.

  • Répondre isa6e11e 23 juillet 2009 - 13 h 31 min

    La France et le Québec , 2 pays complètements différents, oui!
    Alors cessons de faire des comparaisons justement! est-ce qu’on fait des comparaisons Québec-Angleterre, Québec-Espagne, Québec-Allemagne? Je sais pas , mais mise à part la langue, et des lointains aieux, aujourd’hui on est très différents, non? Ils faut savoir accepter cela, sans comparer sans cesse. Et c’est valable dans les 2 sens que ce soient les québécois ou les français… De plus, il faut sortir des caricatures restrictives, dans les 2 sens aussi, les français râleurs et condescendants et les québécois gentils et braves cousins. Sortir de tout ça et considérer nos 2 pays comme 2 mondes parallèles qui doivent juste apprendre à se (re-?)connaitre…

  • Répondre Lucie 23 juillet 2009 - 13 h 41 min

    En tant que française ayant vécue à Montréal quelques mois et ayant commencer à lire Pas si fous ces Français, j’approuve totalement. On est différent, c’est pas toujours évident de s’adapter, mais la découverte de l’autre en vaut la peine. Et oui je râle beaucuoup, mais je m’émerveille aussi devant un tas de choses au Québec!

  • Répondre Marie-Julie Gagnon 23 juillet 2009 - 16 h 20 min

    @LudoMC: Arrogant? Jamais voyons! 😉 Ce que dit Judith Ritchie est juste. C’est la base. Le hic, c’est que plusieurs Québécois ont tendance à l’oublier en France puisque les Québécois grandissent avec plusieurs références issues de l’Hexagone (en plus de la langue bien sûr).

    @jeanluc: De notre côté aussi, les clichés ont la vie dure. En plus des différences d’accent, on se tape constamment les mêmes idées toutes faites à propos des Amérindiens, notamment. C’est dans les deux sens. Mieux vaut en rire, en effet! 😉 Pour ce qui est de l’article auquel vous faites référence, le journaliste n’est pas le premier à avoir fait l’exercice. Le constat est toujours le même: l’anglais gagne du terrain à Montréal et il est de moins en moins rares d’être servi dans la langue de Shakespeare. Cela dit, ça dépend aussi des quartiers. Il y a encore des secteurs très francophones.

    @PierreBG: Je dis la même chose des endroits où j’ai passé suffisamment de temps pour apprendre à nuancer… Il est là, le noeud, en fait: beaucoup de voyageurs se contentent de «faire» un pays (quelle horrible expression!). Mais le vivre de l’intérieur, c’est tout autre chose. Une toute petite semaine passée quelque part peut mettre certains clichés en relief, mais pas nous aider à comprendre un coin du monde, un peuple (même après des années, affirmer qu’on comprend vraiment une autre culture m’apparaît terriblement prétentieux!). Malheureusement, pas mal de gens mélangent tout et se fient à leurs premières impressions… qu’ils communiquent ensuite aux autres. Merci encore pour ton témoignage. Tes commentaires sont très pertinents!

    @isa6e11e: Même réponse…

    @Lucie: Moi aussi je râle beaucoup! 😉 Je suis curieuse: qu’est-ce qui t’as le plus émerveillée du Québec jusqu’à présent?

  • Répondre Grande-Dame 24 juillet 2009 - 9 h 04 min

    Dans l’interminable file d’attente du Vatican, nous discutions avec des Français qui ont tenu à bien se distinguer des Parisiens qui semble-t-il font mauvaise réputations à tous les Français.

    Un monde à part d’arrogance, de mépris, de prétention selon leur lecture de la situation. Dans ce qui nous apparaît un ensemble de l’extérieur, quand on y regarde de plus près, on tente encore à se distinguer. Paris et les régions, selon eux, à dissocier à tout prix!

  • Répondre LudoMC 24 juillet 2009 - 14 h 04 min

    Faut dire qu’en “Province” (ie tout ce qui n’est pas Paris, et à prononcer avec une once de dégoût et de dédain (en même temps) pour faire vraiment parisien), on n’aime pas trop les “parigots”.
    Pour eux, la France se résume assez facilement à Paris, et à la limite ses banlieues (quand ce n’est pas pour fustiger les “habitants des banlieux”, coupable bien évidemment de tous les maux qui frappent la capitale).
    Bon là encore on généralise et il y doit bien y avoir des parisiens sympas (Meuh oui ça doit exister 🙂 ) mais il est vrai que si l’image de la France à l’étranger n’est guère brillante, l’image des parisiens en France l’est encore moins. C’est dire… 😉
    PS: j’ai des amis à Paris (sont pas parisiens mais bon c’est comme si) et on s’etends très bien jvous jure !

  • Répondre Lucie 26 juillet 2009 - 4 h 00 min

    Ce qui m’a émerveillé le plus.. oh beaucoup de choses! En fait, la langue, j’adorais vraiment découvrir de nouvelles expressions ou mots! La musique aussi, j’ai fait de belles découvertes. Les paysages, etc!

  • Répondre Marie l'urbaine 29 juillet 2009 - 23 h 24 min

    J’adore ce sujet : différences entre Québécois et Français, chocs des cultures pour l’un qui va visiter l’autre et vice versa… Nadeau et Barlow : j’avais adoré le bouquin “Les Français aussi ont un accent” ! Et aussi “A year in the merde” du britannique, là… Et Des nouvelles d’Édouard de Tremblay.

  • Laisser un commentaire

    %d blogueurs aiment cette page :