J’ai eu la chance de voir le documentaire très attentu The September issue de RJ Cutler ce matin, histoire de pouvoir en parler à Christiane Charette. D’abord, je tiens à préciser deux choses: bien que je bosse entre autres pour un magazine de mode, je ne me suis jamais occupée des sections touchant ce secteur. C’est donc un peu à titre de «touriste» dans ce monde que je me suis jointe à Stéphane Le Duc de Dress to kill et à Anabelle Nicoud de La Presse pour en discuter à l’émission.
Aussi, j’ai lancé à la blague au début à propos de «The Devil wears Prada» que j’avais lu le livre, vu le film et que je «l’avais presque vécu». Je faisais bien sûr référence au personnage qui entre dans un magazine de mode après un séjour en Asie (en Inde, dans le cas de l’héroïne du livre The devils wears Prada – à Taïwan et en Asie du Sud-Est dans mon cas), la tête pleine d’idéaux. Mon passage chez Clin d’oeil a été beacoup plus harmonieux que celui du personnage du livre chez Runway! Et je n’y ai croisé ni «diable», ni «patronne vêtue de Prada». Je le jure sur mes lunettes Dior! lol
Ce que j’ai pensé du documentaire? Première constatation: la «scénarisation» est impeccable. On entre dans l’univers de Vogue comme dans un film de fiction. Avec la même curiosité pour la suite des choses (la rédactrice en chef aimera-t-elle la collection d’Oscar de la Renta? Le shooting de Grace sera-t-il publié ou pas?). Les personnages sont aussi définis que si un scénariste leur avait mis les répliques en bouche.
La principale protagoniste, Anna Wintour, rédactrice en chef du magazine culte, est considérée comme la personne la plus influente dans le monde de la mode. Il faut voir trembler les designers de renom en sa compagnie… et elle, lâcher une réplique assassine – même aux plus grands – avec le sourire. La première image qui m’est venue est celle d’une reine à la beauté froide. Une reine dotée d’une grande intelligence, il faut tout de même le dire, et bien consciente de son pouvoir. Pas de scènes de colère dans le film: Anna Wintour y apparaît comme une femme qui va droit au but et n’a pas peur d’écorcher les autres, mais sans lever le ton.
Il y a aussi Grace Coddington, la directrice artistique, qui dégage à la fois force et sensibilité. On s’attache tout de suite à cette ex-mannequin qui a travaillé 20 ans pour Vogue UK avant de transporter ses pénates dans la Grosse Pomme. Elle a fait son entrée chez Vogue USA en même temps que Mme Wintour.
On fait également la (brève) rencontre de la fille de la rédactrice en chef de Vogue (qui n’a pas l’intention de suivre les traces de sa mère) et d’Andre, «Editor at Large», personnage haut en couleur qui joue au tennis avec sa serviette Louis Vuitton autour du cou (sans parler de l’arsenal Louis Vuitton qui l’attend hors du court!).
Un détail que la mordue de voyage en moi a relevé: les magnifiques images des villes. Si vous rêvez de New York ou de Paris, le film ne calmera pas vos ardeurs.
La grande question maintenant: est-ce que la réalité de Vogue est semblable à celle des magazines d’ici? Oui et non… mais surtout non! Primo, les budgets ne sont pas les mêmes (non seulement on ne pourrait pas se permettre de jeter un shooting qui a coûté 50 000 tomates ici, mais on ne peut même pas rêver d’en faire un de ce montant!). Le fric ne semble pas un obstacle dans ce merveilleux monde de plumes et de paillettes… ce qui est le cas dans la plupart des magazines du reste de la planète.
Secundo, je ne crois pas non plus qu’une Anna Wintour pourrait exister ici. Question de culture, entre autres. Cela dit, on rencontre des personnages fascinants au Québec également. Tertio, les critiques ne sont pas toujours positives, mais je n’ai jamais vu personne parler aux gens comme Anna Wintour le fait! Sinon, oui, les rédaction font toutes des réunions de production et il arrive que des photos ne soient pas publiées.
Je ne peux pas parler pour toutes les publications, mais chez Clin d’oeil, j’ai toujours senti que le travail d’équipe primait, même si la directrice tient bien les rênes du magazine. L’opinion de chacune compte et tout le monde est le bienvenue quand vient le temps de lancer des idées. Encore une fois, je ne détiens pas la vérité absolue et je ne peux parler que de mon expérience, qui date de 2003-2004, puisque je me suis occupée des pages de reportages par intérim de chez moi en 2008-2009 (le numéro de décembre 2009 sera mon dernier).
Chose certaine, les mordues de mode saliveront en voyant les étalages de chaussures et de vêtements présentés dans le film. The September issue confirme, en quelque sorte, le mythe du glamour et de la vie jet-set des grands magazines de mode. Sur nos écrans dès le 13 octobre!
En attendant, voici la bande-annonce.
P.S.: Un gros merci à l’équipe de Christiane Charette, qui m’a permis de voir le film avant sa sortie! 😉
MÀJ: Le billet d’Anabelle Nicoud de La Presse à propos du film.
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Wow, trop de chance! J’attends la sortie à Montréal avec impatience!! Vogue, c’est la Bible! <3