Intriguée par un lien posté par Geneviève Lefebvre sur Facebook, je suis allée lire le billet de Martin Petit et les 30 commentaires qui le suivaient. L’exercice est franchement intéressant/révélateur. Voici mes réponses.
Le jour de la tuerie de Polytechnique (6 décembre 1989): Je suis chez mes parents au Lac-St-Jean et la petite radio, dans la cuisine, crache le nom des victimes et des femmes figurant sur la liste de Marc Lépine. Ma mère ne comprend rien. Je ne comprends rien. Me rappelle le Caporal Lortie, quelques années plus tôt. J’écris des poèmes noirs dans le sous-sol familial.
Le 11 septembre 2001: J’enseigne l’anglais en Asie, je suis révoltée par le traitement médiatique qu’on fait de l’événement là-bas, et encore plus de ce que j’entends et vois à CNN. Je pense à tous ces drames en Afrique qui se jouent en silence, loin du sensationalisme. J’enrage. Mes étudiants me demandent ce que j’en pense. Je vois dans leurs yeux l’étendue de ce qui nous sépare, bien au-delà des kilomètres qui nous ont séparés physiquement pendant toutes ces années. Je me passe la même réflexion en regardant tous ces gens qui défilent sur CNN… Ben j’en pense rien. Seulement une boule, là, au fond du ventre. Trop loin, trop proche. Trop culturellement mêlée pour avoir une vraie distance ou pour éprouver une vraie compassion.
Aujourd’hui: Mariée à un Africain rencontré en Asie après le 11 septembre. Mère d’une fillette fantastique. Toujours culturellement mêlée. Plus de poèmes noirs, mais des milliers d’articles et trois livres au compteur. Une distance par rapport au traitement médiatique, peu importe où je me trouve. Une distance tout court, ou plutôt un recul face à ce qui m’entoure. Ma propre théorie de la «relativité».
Patrick Dion et Hortensia répondent aussi sur leur blogue respectif.
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6 décembre 1989: Je vis à Toronto, j’apprends la nouvelle. Je connais une des victimes: Ann-Marie Edward, qui est la soeur de Jim, un de mes bons amis aujourd’hui. Triste nouvelle, traitée différemment à distance. C’est probablement mieux ainsi.
11 septembre 2001: New York. Je suis sur place, je suis arrivée depuis deux jours. J’avais prévu prendre le petit déjeuner dans le resto en haut de la première tour qui s’est écroulée, mais j’avais pris du retard dans mon horaire. Je revisais mes textes avant de partir. La vie m’aura épargnée car je ne crois pas que j’aurais pu m’en sortir vivante. Le vivre de là-bas était terrifiant, mais probablement moins que ceux qui voyaient le tout de l’extérieur dans les médias. Je prends le lead où je suis, car entourée de jeunes début vingtaine qui paniquent. J’essaie de les rassurer. Je suis là pour le projet Québec-New York qui n’aura finalement pas lieu.
Je reviens en me disant que la vie est bien fragile et que j’ai failli partir avant mon père qui était en phase terminale de cancer. Ironique quand même.
Un an plus tard, je vois la pièce de Robert Lepage, qu’il a écrite avant les événements et qu’il devait présenter à New York dans le cadre de Qc-NY. Troublant, car il est question d’un terroriste et d’une histoire un peu comme celle qui a été vécue à New York l’année précédente. Drôle de hasard…
Maintenant: Moi aussi je regarde les médias et le sensationnalisme qu’on insuffle tout le temps dans les nouvelles avec scepticisme, y a qu’à voir l’histoire de Tiger Woods dernièrement et les nouvelles alarmistes qui le disaient entre la vie et la mort quand il était sorti de l’hôpital quelques heures à peine après son admission.
Mon motto maintenant: Je lis les nouvelles sur le Web, comme çà je m’en tiens à l’essentiel et j’essaie de prendre du recul sur ce qui se dit. J’écoute les nouvelles à la radio, mais jamais après 18h00, car je ne veux pas polluer mon esprit de choses négatives avant d’aller dormir.
Puis, je réalise aussi que lorsqu’on est en voyage et qu’on n’a pas accès aux nouvelles, on ne s’en porte pas plus mal. S’il y a vraiment quelque chose d’important, on finit toujours pas le savoir de toute façon…
Moi aussi j’écrivais des poèmes noirs en 1989! 😉 Pas assez concentrée pour bien travailler ce matin! 🙂 Aprés être passée par chez toi, je me suis laissée allée au truc chez moi…