Ok, là, ça suffit. Journalistes en lock-out, nous vous supportons. J’ai 1000 exemples de gens qui, comme moi, ont fait des choix qui les ont pénalisé par solidarité pour votre cause. On assume. On vous soutient.
Le geste de Gil Courtemanche est certes louable, mais je pense moi aussi que la tribune est fichtrement mal choisie (pour ceux qui ne comprennent pas de quoi je parle, lisez l’excellent article de Chantal Guy, qui résume très bien la controverse entourant les Grands Prix littéraires Archambault).
Et je ne peux m’empêcher d’être d’accord avec Pierre Szalowski: il y a toujours bien des maudites limites. «Je trouve que c’est malgré tout un geste contre les auteurs, qui sont pris en otage, a-t-il dit à Chantal Guy. On ne peut pas demander aux plus pauvres d’être solidaires dans une guerre entre plus riches.»
On parle de gens qui empochent 10% par livre vendu, là. Considérant qu’au Québec, un livre qui s’écoule à plus de 3000 exemplaires est considéré comme un best-seller, je vous laisse faire le calcul.
En attendant, je félicite Kim Thuy, Geneviève Lefebvre, Martin Michaud, Biz, Dany Laferrière, Patrick Senécal et tous les autres nommés. Ça aussi, c’est de la solidarité. Et que les 10 000$ donnent au gagnant la liberté d’écrire son prochain livre!
MÀJ 10h35: À lire également, la chronique de Jean Barbe, qui rejoint aussi ma réflexion (et oui, la vie est compliquée).
18 Commentaires
Tout à fait d’accord avec toi! Oui à la solidarité, mais on ne peut pas toujours le faire au détriment de soi…
100% en accord avec vous. La solidarité ne doit pas étendre son territoire sur le rayonnement personnel tout le temps.
Les efforts et le travail remarquable doivent être récompensés. Je ne comprends pas le geste de M. Courtemanche.
Ok, d’accord. Mais disons que Dany Laferrière et Patrick Senécal ne font probablement pas partie des “plus pauvres”.
@So: Merci! La solidarité ne doit pas toujours aller dans un seul sens…
@Yves Thibodeau: Moi je comprends. Mais je ne le cautionne pas. Pas dans ce cas-là.
@swanpr: Pis? Ils ont bûchés avant de connaître le succès! Leur place, ils ne l’ont pas volée. Et il ne faut pas oublier le Prix de la relève!
Mon coeur penche plutôt vers Gil Courtemanche. Il n’y a pas que l’argent dans la vie. Il y a aussi des principes moraux. Si nous balayons nos principes moraux, alors nous vivrions dans un monde de requins. Je ne souhaite pas cela. Bien souvent l’argent mine la morale. Je félicite Gil Courtemanche pour son geste courageux.
Il ne faut pas confondre le geste de Courtemanche à la démarche de sensibilisation des journalistes en lock-out. Je ne crois pas que ces journalistes ont le pouvoir de faire ce genre de demandes aux artistes. Mais, la question mérite d’être posée: où s’arrête la convergence et quels sont les gestes de solidarité que, comme citoyens, nous pouvons poser?
Mais avons que les artistes ont peur de se prononcer, même s’ils sont tout à fait derrière la cause. Ne serait-ce que pour cette raison, je dis bravo à Courtemanche et, bien entendu, à tous les finalistes!
Vivre de sa plume au Québec, c’est encore trop peu rare.
@Myriam: Justement, on mélange tout. Et on croit (à tord) que les journalistes du JdM sont les seules victimes de toute cette histoire. Je trouve qu’il y a des maudites limites. Les artistes n’ont pas à s’auto-saboter pour aider une cause qui, bien qu’ils la soutiennent, n’est pas la leur. Moi, je n’en peux plus d’avoir constamment cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. C’est déjà pénible de naviguer dans tout ça comme journaliste pigiste (je ne peux qu’être du côté des lock-outés: j’ai refusé de signer des contrats qui auraient pu faire de moi une scab potentielle, j’ai pris position et j’en assume les conséquences); je refuse de devoir prendre parti comme auteure. C’est ce que demandais Gil Courtemanche aux autres auteurs. Plusieurs journalistes en lock-out ont applaudi son geste hier (ce qui a été aussi mon premier réflexe, avant que je sache qu’il avait demandé aux autres de faire de même!). La liberté, c’est d’abord de choisir nous-mêmes nos causes. Et de penser à sauver sa peau, merde.
@Myriam: Et j’ajoute que le conflit du journal de Montréal m’a dégoûtée du journalisme. Je ne veux plus faire partie de ce monde. Le climat est rendu insoutenable. Le plaisir n’y est plus (pour une pigiste, en tout cas), à part pour les blogues et les chroniques. Mais pas question que je laisse le conflit empiéter sur mon amour des livres et des auteurs!
Ton dernier commentaire est particulièrement percutant… et me touche profondément.
Ça vient de «mon fond»…
Salut Julie,
Voilà. Il fallait que ça arrive un jour. Je ne suis pas d’accord avec toi.
Il faut d’abord se rappeler que Gil Courtemanche est un journaliste avant d’être un auteur. Et pour ça, il est probablement beaucoup plus sensible que la moyenne à la situation qui prévaut au Journal de Montréal (et à son caractère odieux).
Ensuite, personnellement, je trouve plutôt ironique que l’empire Quebecor soit atteint par cette nouvelle exactement là où elle est en train d’enfoncer l’univers médiatique québécois : la convergence.
Je trouve en fait assez cocasse que ce ne soit pas le JdM qui essuie les pots cassés de Quebecor, mais bel et bien Archambault, un autre fleuron qui appartient à la même entreprise. Comme quoi, la convergence peut aussi avoir ses retours de bâton.
Si j’avais un reproche à faire à Gil Courtemanche, ce serait celui d’avoir invité les autres finalistes à suivre son exemple. Là, je crois qu’il va (un peu) trop loin. Son geste est personnel et ne devrait engager que lui. Il n’a pas le droit (selon moi) de forcer la main de ses collègues de plume.
Voilà. C’était mon 2 cennes…
@Olivier: En quoi n’es-tu pas d’accord avec moi, au juste?
@Marie-Julie…
Je ne suis pas d’accord avec toi quand tu dis que la tribune est mal choisie. Bien au contraire, je pense que le fait de faire «sortir» la question du JdM hors du territoire journalistique ne peut être une mauvaise chose. La philosophie qui sous-tend la démarche de Quebecor derrière le dossier des journalistes du JdM est celle de PKP et de sa gang. On ne peut douter un instant que si un jour il trouvait le moyen de faire de la télé sans avoir besoin de techniciens ou à vendre des livres et des disques sans libraires et disquaires, il le ferait.
Le geste posé par Gil Courtemanche est une réponse d’un appel de sa conscience. C’est un geste privé qui a une répercussion publique, mais c’est aussi un geste louable pour ça, parce qu’il permet à celui qui le pose d’affirmer sa position.
Mais c’est un geste privé. En aucun cas il n’aurait dû faire du pied aux autres auteurs pour les inviter à le suivre. Il les place dans une situation embarrassante dont ils ne pourront pas se sortir sans tache. Dommage. Mais aussi bravo pour le geste.
@Olivier: Un geste PRIVÉ? C’est TOUT sauf un geste privé, avec communiqué de presse à l’appui! Comme je l’ai écrit plus tôt, au départ, je trouvais l’intention louable. Mais ça m’a vraiment enragée d’apprendre qu’il avait demandé aux autres auteurs de le suivre. Je n’en peux plus qu’on tente de nous imposer des causes et qu’on mélange tout. Et je n’en peux plus qu’on juge ceux qui choisissent de ne pas les rallier (dixit une fille qui a dit non à des milliers de dollars à cause de ses convictions).
Je secondaire Marie-Julie, c’est TOUT sauf un geste privé! Et le timing est impeccable, y’a pas à dire.
Je me demande pourquoi Gil Courtemanche n’a pas demandé aux employés des magasins Archambault de donner leur démission aussi? Et à ceux de Vidéotron, de Sogides, aux journalistes qui écrivent pour TVA publications? Je veux dire, si on sort le conflit du J de M, il faut que tout le monde qui, de près ou de loin, travaille dans une des filiales Quebecor fasse preuve de “solidarité”, non?
Tant qu’à être conséquent, faudrait surtout pas laisser les auteurs tout seuls à devoir faire preuve de “courage”.
«Tant qu’à être conséquent, faudrait surtout pas laisser les auteurs tout seuls à devoir faire preuve de « courage ».»
Amen.
@Geneviève: Tu as oublié les comédiens de Destinées. Ils auraient beaucoup plus de poids que les auteurs en nomination… lol