Été 2004. Je m’apprête à me lancer à la recherche d’un «vrai job», le temps que mon homme termine son bac. J’ai envie de quelque chose de nouveau. D’une terre à défricher. D’un monde à conquérir! Pourquoi ne pas travailler pour un magazine féminin, dans un «vrai» bureau, avec de «vraies» collègues et de «vrais» vêtements de fille qui doit porter des kits différents tous les jours?…
En parcourant le Grenier aux nouvelles, je découvre que Clin d’oeil cherche une rédactrice en chef reportages. Un remplacement de congé de maternité (ma spécialité de fille terrorisée par l’engagement professionnel). Une entrevue, un pitch de sujets et un examen plus tard, je décroche le poste.
La rédactrice que je m’apprête à remplacer me briefe à propos des pigistes.
– Elle, elle ne fait pas d’entrevues, me dit-elle dit en pointant le nom d’India Desjardins sur la liste.
– Pas d’entrevues? Une journaliste? Elle fait quoi alors?
– Des textes plus humoristiques.
– Ah.
Je n’en revenais pas. Pour qui se prenait donc cette pigiste pour rejeter ainsi la base de notre boulot? Pfff! On ne travaillera certainement pas souvent ensemble.
Quelques semaines plus tard, je lui commande un premier texte, pleine de scepticisme (et de soupçons: je la trouve louche, moi, cette India). Elle me le rend trois jours avant la date de tombée (du jamais vu). Impec’. Drôle. Ben coudonc.
Celle que je remplace quitte définitivement son poste. Plus de «par intérim» à côté de mon nom les six (huit? ma mémoire défaille…) mois suivants. India m’annonce un jour qu’elle accepte désormais très peu de piges, car elle écrit un roman. J’hésite entre saluer son courage ou la ranger dans la case «folle-dingue-potentiellement-dangereuse». Pour qui se prend-elle?…
Des années plus tard, je reste fascinée par sa détermination (et oui, par son côté «folle-dingue-potentiellement-dangereux» si attachant, lol). Par son obstination à garder le cap sur son objectif de gagner sa vie comme romancière, même si les débuts ont été plutôt difficiles financièrement. Par son intégrité et sa capacité à dire «non» pour ne pas se perdre dans les dédales d’une vie qui ne serait pas la sienne, aussi.
Fascinée et fière. Fière d’avoir pu bosser avec elle et de continuer à avoir des échanges qui m’amènent à me questionner sur mes propres objectifs (et certitudes), des années plus tard. De la compter parmi mes amies.
Pour toutes ces raisons, je suis ultra-heureuse de faire partie de l’aventure de Cherchez la femme, recueil de nouvelles publié chez Québec Amérique, qu’elle a dirigé. Merci India de m’avoir embarquée dans ta galère et, surtout, de te prendre pour qui tu es vraiment.
P.S.: Le livre sera en librairie demain. Pour le moment, je dirai simplement que je l’ai savouré et que j’en aurais pris encore!
Aucun commentaire
J’ai bien hâte de me le procurer ! 🙂
Chapeau à vous deux!
J’ai hâte de le lire…
J’ai aimé lire l’histoire de votre rencontre. Vous êtes des filles de guts, créatives, talentueuses… bravo.
Et j’ai hâte de lire le recueil ! 🙂