Je ne pourrais tellement, tellement pas être camionneuse. D’abord parce que je ne possède pas de permis de conduire et que je déteste prendre le volant (!), mais aussi parce que moi, ma spécialité est plutôt les sorties de route. Garder le cap? Je préfère encore zigzaguer à ma guise. Regarder tout autour de moi. Me faufiler dans un sentier inconnu, si étroit soit-il. Ma boussole? Le hasard.
Alors pourquoi ai-je aimé autant Je vous écris de mon camion (outre le fait que l’auteure est mon amie)? Parce que je m’y suis reconnue entre les lignes. Cette capacité d’émerveillement, je l’aie aussi. Pour les rencontres. Pour les liens qui se font et se défont au détour d’une conversation. Pour l’élan que procure la route. Et le sentiment grisant de se fondre au paysage.
Certaines histoires m’ont touchée plus que d’autres. Celle de Joseph (p. 157), en particulier.
Soixante-quatre descendants, éparpillés aux quatre coins du pays pour façonner les États-Unis tels qu’ils sont maintenant: un melting-pot de gens qui ont saisi des opportunités, avec, comme première condition, l’assimilation totale à la culture locale. La langue de Joseph s’éteindra avec lui, mais son arbre continuera d’étendre ses branches.
Je ne sais pas si c’est parce qu’elle évoque le côté éphémère des rencontres de voyage (sujet sensible en ce qui me concerne – je voudrais que tout dure toujours) dans ce même billet ou parce que j’ai pensé à ma propre fille, qui ne parle pas la langue maternelle de son père, mais son histoire m’a beaucoup émue.
Quelques pages plus loin, celle de Sophie, cette jeune femme atteinte de fibrose kystique qui rêvait elle aussi d’avaler les kilomètres à dos de baleine, m’a fait verser quelques larmes en attendant mon déjeuner au resto ce matin. Les anges de l’angle mort (p. 195) m’ont ensuite achevée: un simple clignement de paupière aurait inondé le café entier. Mais c’est surtout avec un grand sourire accroché au visage que j’ai parcouru ces 57 histoires étalés sur 218 pages. Pas de prises de tête dans Je vous écris de mon camion. Plutôt des observations, des réflexions et de magnifiques descriptions de l’Amérique (pas toujours magnifique) de la dernière décennie.
J’ai beaucoup aimé les tweets greffés ça et là sur une route qu’on reconnaît à ses pointillés, un peu partout dans le livre, comme celui-ci:
Sur mes ongles, j’ai mis du vernis bleu électrique. Quand je vois mes doigts sur le volant, ça met un peu de couleur en avant-plan. Dix petits bouts d’azur pour narguer le ciel gris.
Bien sûr, les péripéties liées au camion et au froid (!) m’ont moins accrochée. Mais preuve que Sandra parvient à bien transmettre les émotions ressenties pendant ses 10 années de nomadisme: après avoir lu ses descriptions de barbecues texans, j’ai insisté pour aller manger un gros steak après le lancement de son livre, mercredi dernier… 🙂
À découvrir également: mon entrevue vidéo avec Sandra pour le blogue Préfaces.
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13 Commentaires
C’est très émouvant ton récit Marie-Ju ! J’ai vraiment envie de le lire.
Merci pour ton résumé.
Suis sûre que tu vas aimer!
Je ne conduis pas non plus et je n’ai jamais compris l’expression “beau comme un camion”, mais une chose est sûre, je veux lire le livre de la fameuse camionneuse ! 🙂
Jamais entendu cette expression!
J’avais l’intention de le lire. Tu viens de me confirmer que mon intention se transformera en réelle lecture. Merci!
Pouces en l’air!
1-ça me donne envie de lire ce livre
2-je suis contente (ou disons soulagée) de ne pas être la seule à ne pas avoir de permis de conduire et à ne pas vouloir conduire!
Je connais au moins trois autres personnes de plus de 30 ans qui ne l’ont pas non plus, si ça peut te rassurer! 😉
Déjà que je voulais acheter ce livre, maintenant je compte aller à la librairie dès l’ouverture demain! 😉 Je n’ai pas de permis de conduire non plus, mais je dis toujours que c’est pour la sécurité des autres, étant quelque peu lunatique…
Bien sur que je vais le lire . Etant moi meme camionneur devant l eternel, je compte bien gambader dans l univer de cette camionneuse . Etrangement j ai ecris moi aussi
mais pas publier …zut alors . Je suis emballer par ses propos . Sur cette planete on voudrait tous etre unique . Je coyais etre le seul a vouloir etre un ecrivain camionneur et bien elle me depasse largement . J ai oeuvrer dans beaucoup d univers et j ai rouler ma bosse sur beaucoup de continent celui de lecriture me passionne depuis toujours . C est la route le voyage qui est fantastique pas la destination . Merci Sandra .,merci Julie
Ha étonnant, merci pour la découverte! Je vais aller de ce pas voir cela!
Bonjour Marie-Julie, à l’origine Sandra ne tenait-elle pas un blog ? Il me semble avoir déjà lu quelques-unes de ses anecdotes et je me souviens avoir pensé “il faut en avoir pour exercer ce métier en solitaire !”… Ou alors était-ce juste sur une page Facebook ? Je ne sais plus.
Je vais acheter ce livre également, une histoire de femme forte sur les routes, forcément cela interpelle non ? Merci d’en avoir annoncé la sortie en librairie !