Discussions fort intéressantes un peu partout sur la Toile suite au billet de Nathalie Collard sur Cyberpresse publié mercredi dernier. Hier, Gina Desjardins a raconté certaines expériences et observations très pertinentes sur le blogue Triplex de Radio-Canada. Sur Facebook, les échanges ont rapidement dépassé les limites des médias sociaux et soulevé d’importantes questions sur les relations entre journalistes et relationnistes. Bien entendu, le sempiternel débat à propos des voyages de presse est aussi revenu sur le tapis…
Comme les propos de chacun me semblent franchement enrichissants (même s’ils vont dans plusieurs directions), j’ai eu envie de copier-coller une conversation qui s’est déroulée hier soir sur mon profil Facebook (semi-privé – avec l’autorisation des personnes concernées). Le point de départ: le partage du lien de l’article de Gina avec le commentaire suivant:
Un excellent billet de Gina Desjardins qui décrit bien la situation vécue par plusieurs d’entre nous.
Les réponses (je me suis permis quelques précisions/ajouts aux miennes):
- Mariane Leduc: Très intéressant, j’en conviens!
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Simon-Pierre Goulet: Excellent billet (de Gina). Personnellement, j’ai toujours été fasciné – horrifié plutôt – de voir certains collègues se réjouir, s’extasier quand un relationniste les rappelait pour leur dire à quel point le topo qu’ils avaient fait était bon; c’est ce qui leur donnait la confirmation qu’ils avaient fait un bon travail… Certains trucs dont j’ai été témoin sont si graves d’un point de vue journalistique que vous diriez que je les amplifie ou les invente.Mais sans vouloir dénigrer le travail de quiconque, incluant le tien, je dois dire que les journalistes dont je me méfie le plus sont ceux qui écrivent sur l’art de vivre et les voyages. Vous avez beau jouer le jeu de la transparence, à indiquer la moindre chose qui vous a été fournie ou payée, reste que vous avez une hypothèque et des comptes à payer, et vous n’avez généralement pas les reins assez solides pour vous permettre de perdre des clients sur qui vous diriez des trucs négatifs. Il est donc tout à fait légitime – voire recommandé – de toujours prendre ce que vous dites avec un gros grain de sel.
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Marie-Julie Gagnon: @Simon-Pierre Goulet: Pourquoi penses-tu que je n’écris pas exclusivement sur les voyages? J’ai justement une hypothèque à payer!
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Marie-Julie Gagnon: @Mariane, je te copie-colle ce que je viens de répondre à Lucie Kechichian sur la page de Gina:
Je ne me souviens pas qu’un relationniste québécois m’ait demandé de changer quoi que ce soit à un texte publié (le problème se pose surtout pour les articles en ligne parce qu’ils savent qu’on peut généralement faire des modifications à notre guise). De l’étranger, oui, par contre. Mais ce sont surtout les propriétaires ou les directeurs marketing d’un établissement qui se permettent ce genre de demandes (ici comme ailleurs). Quand il y a une erreur, il est tout à fait justifié d’en faire part au journaliste concerné.
Perso, je respecte grandement le travail des relationnistes. Il est faux de dire qu’on a JAMAIS besoin d’eux (du moins, dans le domaine du tourisme, des spas, du lifestyle et de la techno – je ne peux parler des secteurs que je ne connais pas). Il faut cependant bien comprendre le travail (et les réalités) de l’un et de l’autre pour collaborer efficacement (ce qui n’est pas le cas de tout le monde). Mon attitude a beaucoup changé en ce sens, au fil des ans. Il y a 10-15 ans, je vous fuyais comme la peste! LOL Maintenant, je perçois certains relationnistes dignes de confiance comme des alliés plutôt que comme «un mal parfois nécessaire». Comme partout, il faut séparer l’ivraie du bon grain.Cela dit, j’ai aussi des reproches à faire à certains relationnistes (à commencer par les coups de fil à répétition de certains pour faire des suivis alors que j’indique clairement dans ma signature de courriel de m’appeler seulement en cas d’urgence – rien de plus chiant à l’étranger et que le numéro ne s’affiche pas)! 😛 Remarque que je pardonne beaucoup plus facilement à certains qu’à d’autres. -
Mariane Leduc: @Marie-Ju: Tout à fait d’accord! En fait, j’aime beaucoup l’article de Gina (ta citation et précision ici aussi ;-), parce que, non seulement c’est bien écrit, mais aussi parce que je trouve que c’est un débat essentiel à avoir. Moi-même, comme relationniste, je peux te dire que l’adaptation aux médias sociaux ne s’est pas fait sans heurts. C’est tout un monde à apprivoiser au début… surtout quand tu n’es pas la personne qui rédige le blogue ou l’article! J’ai définitivement vu ou lu des cas où il y avait de l’abus de la part des compagnies. Par contre, je dois dire que j’ai aussi constaté beaucoup de maladresse de la part de gens en comm. Je crois, et peut-être suis-je un peu naïve, qu’il y a encore beaucoup de méconnaissance des médias sociaux, ce qui entraîne plusieurs gaffes et contribue à la mauvaise réputation des RP. Je t’avoue être sidérée quand j’entends que des entreprises veulent payer cash pour des plogues ou menacent pour faire changer des billets dont ils ne sont pas satisfaits. Pas surprise du tout, mais tout à fait contre mes valeurs. Tout comme toi, je crois qu’il est essentiel de rétablir les faits si des erreurs se sont glissées. Bref, je ne suis plus en RP conso/voyage/style de vie, mais j’aurai maintenant affaire aux médias sociaux plutôt pour de la prévention, faire avancer des enquêtes, améliorer les échanges entre deux cultures ultra-différentes: la police et les médias. C’est hyper-intéressant et un beau défi. Peut-être est-ce une utopie, mais j’ai tjrs été convaincue dur comme fer que la transparence et la bonne collaboration entre médias et organisations est la clé pour le succès de tous, mais surtout pour servir, au bout du compte, la population qui a besoin de l’analyse des journalistes et d’informations pertinentes et recherchées (pour faire des enquêtes, faire bouger les choses, influencer les opinions, etc.).
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Marie-Julie Gagnon @Mariane Leduc: L’inexpérience est aussi responsable, à mon avis, de bien des faux pas de blogueurs. Plusieurs me rappellent des journalistes en début de carrière que j’ai croisés au fil du temps, qui arrivaient dans le milieu par hasard, sans être passés par une école de journalisme (et s’être farci tous les cours d’éthique – pénibles, mais si importants). Tout n’est pas une évidence pour eux.
J’ai longtemps dit que les cours de journalisme n’étaient pas essentiels pour pratiquer ce métier, mais 17 ans plus tard (ouch!), je réalise qu’en plus de me dépouiller temporairement de mon style (étape nécessaire quand on veut se concentrer sur l’information – il revient vite au galop une fois la base intégrée), ils m’ont aidée à faire la part des choses (merci à Aurélien Leclerc et à mes autres profs!).
Bien sûr, en acceptant aujourd’hui des voyages de presse, je vais à l’encontre de ces mêmes cours. Mais je le fais consciemment, en suivant la ligne de conduite que je me suis moi-même fixée au fil des années (c’est-à-dire un maximum de transparence et d’honnêteté – quitte à avoir l’air vraiment extrême en mentionnant que je n’ai pas payé pour aller voir un show, par exemple). D’ailleurs, qui se préoccupe de savoir quels journaux paient les billets de spectacles vs ceux qui se les font offrir?
Je suis de nature enthousiaste. J’aime à peu près tous les types de voyage (sauf le camping et les trucs trop sportifs). Je vais naturellement accepter des aventures qui me ressemblent et que je risque d’apprécier sincèrement. Certains critiques de cinéma perdent tout intérêt pour moi quand ils parlent de films qu’on sait à l’avance qu’ils vont détester.
Quand j’accepte une invitation ou que je monte un projet, c’est parce qu’il m’allume à la base (contrairement à un journaliste permanent qui a parfois des assignations qui lui plaisent moins). Cela ne m’empêche pas de relever certains trucs agaçants ou de mentionner des faiblesses. Mais ce n’est pas dans ma nature de bitcher gratuitement, juste pour «ne pas avoir l’air du bord des relationnistes» aux yeux du public ou de mes pairs (remarque que je l’ai fait en début de carrière, chercher la petite bête noire seulement pour en trouver une… À 20 ans, j’avais si peu confiance en moi et je voulais tant être adoptée par mes collègues! Pas question d’être trop gentille avec un relationniste non plus. Il ne fallait surtout pas s’en approcher trop près… lol).
Quand c’est cool, c’est cool. Quand ça ne l’est pas, ça ne l’est pas. Quand je déteste une expérience ou une destination (ce qui est assez rare, pour toutes les raisons énoncées précédemment), je choisis soit : a) de ne pas en parler (pour diverses raisons) ou b) d’en parler en nuançant (ce n’est jamais tout noir ou tout blanc). Comme je rédige principalement des billets et des chroniques, je peux généralement choisir la forme et le ton qui me plaisent, ce qui facilite les choses.Ce billet est un bon exemple. J’ai fait part de mes premières impressions en précisant qu’il s’agissait d’une escale rapide (peut-être tomberais-je sous le charme de la ville dans un autre contexte?), mais j’ai tout de même jugé important d’ajouter quelques informations en bas de billet pour les curieux. Ce n’est pas parce qu’un endroit ne me plaît pas qu’il ne plaira pas à un autre (l’inverse est aussi vrai).Et il est hors de question que je cesse de m’emballer quand quelque chose me fait triper pour vrai! Cela dit, je suis aussi consciente qu’on en met parfois plein la vue aux journalistes. Dans un monde idéal, on parierait tout et on voyagerait incognito. Il est important de ne pas perdre le consommateur de vue (là encore, tout dépend de l’angle et du média – dans un blogue, je relate davantage mes expériences perso). - Marie-Julie Gagnon: @Simon-Pierre Goulet: La fin du laïus précédent répond aussi à ton commentaire à propos de la transparence et la crédibilité. Je monte la plupart des projets sur lesquels je travaille et je propose très souvent des sujets que les rédac’ chef décident ou non d’accepter (en fait, c’est plutôt rare qu’on me passe des commandes. Quand un sujet m’allume, je le propose jusqu’à ce que quelqu’un me dise oui! Quant aux blogues, j’ai pas mal carte blanche, alors c’est vraiment le top). J’ai donc forcément des chances de triper en faisant ce qui me passionne. Quant aux «reins solides», j’aurais cessé de faire de la pige il y a longtemps (toutes thématiques confondues) et accepté les super-postes qu’on m’a offerts ces dernières années si c’était ma préoccupation première.
- Aurelien Leclerc: Marie-Julie, je constate que l’éthique passe un bouleversement profond avec la présence des blogues et des médias-sociaux. Je constate, malgré ce bouleversement et à la lecture de tes commentaires et de ceux de responsables de blogues, que le fond est sensiblement le même. L’honnêteté reste prioritaire. Elle nécessite la transparence. Le lecteur doit savoir qui parle au nom de qui et pourquoi? Le rédacteur du blogue ou le journaliste écrit pourquoi? Pour donner de l’information, pour faire connaître, pour aider les prises de décisions ou à se comporter comme un citoyen éclairé. Ou pour vendre sa salade ou celle des autres qui l’ont payé pour le faire?
J’oserais ajouter la dignité ici. L’éthique, il me semble, prend ses racines dans l’estime de soi, dans la satisfaction du travail accompli. Elle repose sur des attitudes, des comportements et des fondements intimes qui témoignent d’une honnêteté vis-à-vis de soi. Pour être plus terre-à-terre ou plus imagé: est-ce que j’ai fait «la pute»? Est-ce que je suis fier de moi quand je me regarde dans le miroir le matin? J’admettrais que les adhérents à ces idées ne sont pas légion! L’expérience démontre cependant que les adhérents à ce principe de dignité sont encore là après 10, 15 ou 20 ans.
- Simon-Pierre Goulet: Bon point. C’est sûr qu’un journaliste serait un peu tata de se spécialiser dans un beat qui ne le passionne pas. Mais au-delà des journalistes eux-mêmes, je pense encore plus aux deals de merde qui se font en haut. Quand le grand patron d’une compagnie de distribution de films appelle lui-même la big boss d’un journal parce qu’il a vu sur les épreuves du cahier week-end à venir que le critique cinéma n’a accordé que deux étoiles au film pour lequel ils ont investi beaucoup de cash en pub, et exige qu’une étoile soit rajoutée sous peine de retirer sa pub du journal, on peut se demander si le vrai journalisme – celui qui pense en fonction de l’intérêt public, et non à celui de l’entreprise – existe vraiment.
- Marie-Julie Gagnon: @Simon-Pierre: Je ne sourcille même pas… C’est tout dire. N’empêche, ce que tu mentionnes touche les journalistes permanents et les chefs de pupitre. Beaucoup moins les pigistes (et quand c’est le cas, c’est à eux de choisir ou non de continuer à collaborer au média en question).
- Cecile Gladel: Exact MJ et après on vient dire que les pigistes sont moins “éthiques”… Ça se voit dans toutes les situations.
Pour avoir travaillé au sein d’un magazine féminin, je dirais que le problème est encore plus grave dans ce milieu puisque tout est caché et que le lecteur peut difficilement distinguer les vrais coups de coeur des plogues. Combien de fois ai-je vu des rédacteurs être obligés de parler des produits des annonceurs dans les guides cadeaux à Noël? Avec les blogueurs, on réalise rapidement que certains sont complaisants. Mais dans les médias traditionnels, il est beaucoup plus difficile de faire la part des choses. Et je ne parle même pas des plogues obligatoires des autres membres de la «famille» médiatique…
11 Commentaires
Je vais reprendre ce que je disais sur le Facebook de Gina:
1-En réponse à quelqu’un qui disait que lorsqu’un journaliste bénéficie de bonnes conditions de travail, ça l’encourage moins à tout accepter. Exact. C’est pour ceci que dans les années 40, on a syndiqué les journalistes permanents. Ils seraient maintenant temps de penser aux pigistes. Si les journalistes indépendants avaient de bons tarifs réglementés par la négo collective, on aurait déjà une bonne avancée … Si plusieurs journalistes indépendants doivent faire des contrats non journalistes pour arriver à avoir un salaire décent, ça ne veut pas dire qu’ils laissent leur éthique de côté. Il est triste et dommage cependant qu’un journaliste indépendant, un professionnel, soit la parent pauvre de la profession et soit mal payé dans l’indifférence presque complète.
2-Il y a des relationnistes qui font bien leur job et les autres qui nous prennent pour des clowns. Mais MJ tu as tellement raison pour les appels… Ça m’agace au plus haut point. Aussi des relationnistes qui envoient 1000 courriels sans cibler, sans mettre l’objet clairement.
3-J’ai travaillé pour une revue où un jour on m’a demandé de regarder les annonceurs pour trouver mes sources… Parmi tous les journalistes de la revue, qui a protesté publiquement ? Moi. Seule. Certains m’ont écrit qu’ils m’appuyaient en privé, pas à l’éditeur!!! Qui a eu des commentaires négatifs sur ces textes par la suite alors que tout était parfait avant ? Moi. Qui a mis fin à sa collaboration avec cette revue qui ne fait affaire qu’avec des professionnels maintenant ? Moi. Est-ce que ces professionnels qui publicise principalement ce qui les préoccupe et qui ne sont pas journalistes sont payés ou si ça leur donne de la visibilité ? Je ne sais pas. Et pourtant, cette revue survit et continue à être publiée. Même qu’un autre type de revue est publiée par cette compagnie…
4-Finalement, je suis parfois invitée à des voyages de presse dont un à Virginia Beach. Je n’ai jamais hésité à écrire le gros problème de cette ville. C’est à dire des F18 qui la survole à toute heure du jour et de la nuit. Je n’ai jamais été réinvitée. Mais ça n’a sûrement aucun rapport. Même chose quand je suis invitée par la SEPAQ, je n’hésite pas à souligner les côtés positifs ou négatifs et je suis toujours réinvitée.
5-Le plus gros problème que je constate en ce moment, c’est avec RueMasson. Il est très difficile de faire comprendre aux commerçants à qui notre représentant tente de vendre de la publicité que les articles ne sont pas reliés du tout avec la pub. Que l’on fait des articles quand on juge une nouvelle pertinente et non quand on nous achète de la pub. C’est d’autant plus difficile que l’hebdo local, qui fait partie d’un grand groupe de presse, leur offre des articles pour faire découvrir les commerçants à leurs lecteurs, sans leur faire payer, leur dit-on. Mais bon cette offre est-elle offerte aux commerçants non annonceurs ? Il ne semble pas.
Autre chose, quand on fait la critique d’un resto, d’un bar, d’un commerce, ce n’est pas toujours bien accueilli, tant par les lecteurs que par le commerce. Les commentaires sont aussi durs parfois…. Pour remédier à tout conflit potentiel, on a décidé de tout payer, de n’accepter aucun cadeau ou bénéfice. Par exemple, un commerce qui offre des rabais à tous les commerçants de la rue et nous l’offrait à nous aussi. On a gentiment refusé en expliquant notre ligne de conduite. Mais il faut expliquer et rexpliquer tout le temps et constamment. Notre représentant de pub aussi doit se farcir constamment le même discours. Les gens confondent tout.
Quel débat !!!
J’aurais tant à dire, Cécile… Oui, les gens confondent tout. Mais il y a une raison à ça: bien des dirigeants de magazines et autres médias ne proviennent pas du monde du journalisme, mais plutôt de la pub ou du milieu des affaires. L’éthique? La signification même du mot est bien élastique quand l’argent reste au sommet des priorités…
Merci d’ajouter au débat! Ça nous apporte encore quelques points de réflexion…
La liberté d’expression semble coûter encore plus cher que ce que je croyais.
Une fille naïve qui l’est de moins en moins…
Merci de poursuivre la réflexion avec nous!
1. Mon opinion pour les blogues
Mon blogue francophone est peu populaire et je n’ai été approchée que par une compagnie canadienne à ce jour et je n’ai juste pas donné suite au courriel…
Du côté anglophone, c’est terrible. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on essaie de m’offrir des cochonneries en échange d’un billet complaisant ou même en me proposant de me fournir le billet que je devrais publier sur mon blogue. Je ne comprends pas comment une compagnie peut penser que je voudrais vendre des espaces de billet sur mon blogue… probablement parce que certains le font. Mais ça, c’est surtout les compagnies américaines…
2. Mon opinion pour les publications
Pour ce qui est des journalistes: j’ai connu un endroit où la rédaction orientait l’opinion des journalistes afin de ne pas perdre des possibilités de gratuités (ex.: billets de spectacles) ou de vente d’espaces publicitaires. J’imagine que plusieurs endroits sont aux prises avec ces mêmes problèmes. Ce n’est pas éthique, mais c’est parfois une question de survie pour le média…
Je ne sais pas quoi penser de tout ça… Je souhaiterais que partout, il y ait un respect de l’éthique, un respect du lecteur. On dirait que c’est impossible! C’est aussi du devoir du lecteur de ne pas prendre tout ce qu’il lit pour du cash…
Fournir le billet? Déjà écrit??? Complètement ahurissant! Quand aux médias traditionnels, je reste sidérée devant l’étendu du problème. Dans plusieurs magazines, ce sont les annonceurs qui ont le gros bout du bâton. Oui, les lecteurs doivent rester critiques. En même temps, on ne peut pas leur reprocher d’être ignorants, certains médias sont passés maîtres dans l’art du camouflage.
Quel beau débat riche en commentaires intelligents et argumentés! Ça fait du bien. Le sujet est vaste, compliqué et terriblement d’actualité.
Je constate, en parcourant les divers tribunes ce matin, que :
1. C’est toujours la faute des autres. Mais ça, c’est normal.
2. Que les blogueurs, “journalistes” et autres qui s’expriment sur des supports publics n’ont pas conscience que tant qu’ils sont “payés” par des annonceurs, qu’ils reçoivent des cadeaux, ils n’ont pas la liberté ni la légitimé d’un quidam qui donne son avis sur une expérience qu’il a vécue. C’est normal aussi.
3. Leurs écrits sont des paroles et, par la force des choses, ils sont des “porte-paroles”. Qu’ils disent qu’ils ont obtenu le séjour gratuit dans tel spa, dans tel hôtel ou dans tel restaurant est ESSENTIEL pour leur crédibilité, et ce, à chaque fois qu’ils mentionnent tel spa, tel hôtel ou tel restaurant dans un post, dans un tweete, dans un status Facebook, dans un article,… Sinon, il y aura toujours confusion.
4. Le journalisme d’investigation est à l’agonie. Nous sommes entrés dans l’ère des communiqués et des conférences de presse.
5. La liberté a un prix.
Et le débat est loin d’être clos.
Loin d’être clos, en effet. Je pourrais écrire des pages et des pages sur le prix de cette fameuse liberté… Disons qu’elle m’a coûté cher ces dernières années.
Je sais que je suis en retard, mais je n’ai pas beaucoup lu cet aspect des relationnistes dans la lignée “gratuité vs visibilité” (j’ai lu environ les 3/4 des commentaires, je m’excuse si j’en ai manqué!). Je dois dire que parfois, quand on invite des journalistes (dans le domaine du tourisme, où, le budget est souvent restreint quoiqu’on puisse en penser) on voit de l’abus. C’est loin d’être la majorité, mais ça s’est trop souvent vu, à mon avis. Je ne suis plus dans ce domaine, je tiens à le préciser, mais c’était fréquent, lors d’une invitation, qu’on se voyait demander que toute la famille élargie suive, ou d’avoir un surclassement “parce que je ne suis pas n’importe qui et l’article que tu vas avoir va tellement te donner de visibilité” … Dans quelle situation on dit oui et dans quelle on dit non ? En disant non, on risque de voir des articles négatifs pour rien, des “chercheurs de bébittes” parce qu’on avait refusé une demande.(En RP, du moins en tourisme/lifestyle/gastronomie, c’est au relationniste de s’assurer que le journaliste aura une bonne expérience. Il y a certains impondérables, dont la température par exemple, mais ça reste au relationniste d’avoir un plan B dans sa manche, pour que l’invité reparte somme toute satisfait. Mais ça, c’est un autre débat!). D’un côté on a un “intérêt à servir” et de l’autre, un budget et une intégrité à respecter. C’est que souvent, on dirait que certains ne réalisent pas que c’est trois transports de plus (quand c’était offert), une plus grande chambre dans une période achalandée, des repas supplémentaires, des entrées supplémentaires aux activités prévues dans la tournée, etc. Dans certains cas, c’était légitime et on acceptait avec plaisir, mais dans d’autres, c’était du tétage de gratuité pur et simple, et ça se sentait à des milles à la ronde. Ceci dit, il n’y a pas que les publications et les relationnistes derrière cette remise en question de l’intégrité de presse, mais aussi certains journalistes/blogueurs même! Ça va beaucoup plus loin que d’inscrire ou non si le voyage a été offert… C’est loin d’être simple pour un lecteur de s’y retrouver!
Très intéressant, ce que tu soulèves. Délicat, aussi, d’un côté comme de l’autre. J’ai souvent entendu que des journalistes payaient pour pouvoir emmener leur conjoint – ce qui est tout à fait correct si ça ne nuit pas au reste du groupe – mais jamais la «famille élargie» (ça arrive sûrement aussi). Dans mon cas, il m’est arrivé d’impliquer mon mari et ma fille dans un projet histoire de pouvoir voyager avec eux, mais c’était clair dès le début (et lié au concept, donc, libre aux partenaires d’embarquer ou non en ayant toutes les cartes en mains). On m’a aussi déjà proposé d’emmener une autre personne avec moi si je le désirais, parfois en payant sa part (j’ai déjà payé un billet d’avion à ma soeur pour qu’elle m’accompagne, par exemple), parfois, l’invitation était pour deux (ça aussi, je tente de le préciser systématiquement au bas de mes articles/billets – je dis «je tente» parce que je n’ai pas toujours, comme journaliste, le mot final sur ce qui sera imprimé). Perso, je pense que l’essentiel, dans ce genre de situation, est que ce soit clair DÈS le départ.
Cela dit, si tu savais tout ce qu’on se fait proposer… Pas étonnant que certains exagèrent! Par exemple, moi, je refuse toute demande à propos de Twitter et Facebook. Quand je parle d’un voyage sur un média social, c’est parce que ça ME tente. Pas question que ça devienne une condition pour un voyage. La ligne n’est pas toujours facile à tracer, c’est la raison pour laquelle je mise sur la transparence. Ce qui m’enrage, comme je l’écrivais plus haut, ce sont les jeux de coulisses que le lecteur ne verra jamais. Mais pour cet aspect, tu dis en somme la même chose, du point de vue du relationniste. 😉