15 coups de cœur en Haïti

Aller en Haïti pour faire du tourisme ? L’idée peut sembler inconcevable à cause des images d’horreur associées à ce pays depuis des décennies. Pourtant, la perle des Antilles, surnom qu’on lui accolait jadis, a tout pour séduire les voyageurs.

À l’invitation de Vacances Transat, qui a lancé des forfaits visant à emmener les visiteurs à la rencontre du peuple haïtien et de sa culture, je me suis rendue à Port-au-Prince, dans le nord du pays, et sur la Côte des Arcadins, en 2013. J’ai apprécié l’encadrement proposé par le grossiste, qui prend en charge le visiteur de son arrivée à l’aéroport jusqu’à son départ. « Nous proposons une autre forme de tout-compris, explique Debbie Cabana, porte-parole de Transat. Plutôt qu’offrir l’alcool dans le forfait, nous incluons des excursions et deux repas par jours. »

Les coups de cœur ont été nombreux pendant le séjour. En voici 14.

1- Palai de Sans-Souci et La Citadelle Laferrière, Milot

Le nord du pays offre une expérience complètement différente de la capitale, plus agitée. Les vestiges du Palais de Sans-Souci rappellent la folie des grandeurs de celui qui s’est autoproclamé roi après une vie riche en rebondissements. Terrassé par une attaque qui l’a laissé paralysé en 1820, l’esclave affranchi s’est suicidé dans son palai.

On a beau avoir entendu parler de la citadelle, il faut constater sa majesté de visu. À elle seule, la montée – à cheval ou à pied -, vaut le déplacement. Là-haut, on se sent à des années-lumières des images de misère vues en boucle dans les médias.

De Puerto Plata, il est possible de se rendre à Cap-Haïtien en 3h (approximativement). De Port-au-Prince, il faut compter au moins quatre heures. Des vols intérieurs sont aussi offerts.

2- Plage d’Anse à raisins, sur l’île de la Gonâve, sur la Côte des Arcadins

Si les plages des hôtels de la région peuvent parfois décevoir, ce n’est pas le cas avec celle d’Anse à Raisins. Les clichés se succèdent quand vient le temps de la qualifier : eau cristalline, authenticité, paradis, paix, sable blanc… L’excursion proposée permet de s’y prélasser et de déguster langouste et lambi (stombe géant) avec un verre de rosé. Oui, les clichés ont leur raison d’être. Et on les embrasse sans hésiter en découvrant ce coin de paradis où le temps semble s’être arrêté.

3- Spectacle du groupe RAM, à Port-au-Prince

Tous ceux qui se sont arrêtés à Port-au-Prince vous le diront : le jeudi soir, il faut absolument assister au spectacle du groupe RAM, dont le chanteur est aussi le propriétaire du légendaire Hôtel Oloffson. Ambiance festive à souhait!

La vie nocturne de Port-au-Prince et Pétion-Ville réserve aussi d’heureuses surprises. Au Quartier latin, on peut passer des heures à lire les graffitis laissés sur les murs, bercés par la musique d’un groupe reggae. Au Presse Café, les danses à deux sont à l’honneur.

4- Cap-Haïtien

Pour les couleurs, l’atmosphère, l’histoire, l’architecture, le peu de touristes et l’authenticité des gens. À lire : 48 heures au Cap-Haïtien. Résumé de notre guide:

5- Les musées, un peu partout au pays

L’histoire d’Haïti est aussi fascinante que tragique. Elle nous suit comme une ombre aux quatre coins du pays. Impossible d’oublier l’esclavagisme. Plusieurs sites permettent de mieux comprendre le mode de vie à l’époque coloniale et comment Haïti est devenue la Première République Noire du monde. Outre l’incontournable Musée du Panthéon National (MUPANAH), à Port-au-Prince, le Musée Ogier-Fombrun, qui se trouve sur une habitation sucrière du XVIIIe siècle, propose une visite chargée d’émotion. On peut entre autres y voir une ceinture de chasteté, que les colons enfilaient à leur épouse avant de s’absenter, alors qu’eux pouvaient disposer des femmes de leurs esclaves à leur guise…

6- L’Observatoire de Boutilliers

Situé à 3000 pieds d’altitude, L’Observatoire permet de voir la baie de Port-au-Prince et les environs tout en dégustant des mets haïtiens traditionnels comme les acras (beignets salés), les griots (grillades) et la banane pesée (plantain frit) en plein air.

Au petit déjeuner, la chiquetaille de hareng, bien relevée, est à se rouler par terre. Il faut aussi goûter le chocolat chaud assaisonné de cannelle. Le plus difficile ? Repartir…

7- Visite de la Société du Rhum Barbancour

« Si vous demandez à n’importe quel Haïtien de quoi il est le plus fier, il vous répondra le rhum Barbancourt.» Certes, Aurélie Armand, coordonnatrice marketing du plus ancien employeur d’Haïti, prêche pour sa paroisse. Mais force est d’admettre que les Haïtiens sont effectivement très fiers de « leur » rhum.

Barbancourt a célébré son 150^e anniversaire en 2012 et emploie plus de 450 personnes. La visite des lieux est gratuite. Par contre, vous ne résisterez sans doute pas à l’envie d’acheter une bouteille ou deux…

8- Randonnée dans la chaîne de montagne des Matheux, sur la Côte des Arcadins

« Derrière morne, c’est morne », disent les Haïtiens (traduction libre : derrière la montagne, il y a une autre montagne»). Même s’il est encore difficile de trouver des excursions guidées dans les montagnes, certaines compagnies commencent à développer des produits intéressants. C’est le cas d’Arcadins évasion, qui propose une balade d’environ une heure et demie dans la chaîne des Matheux. Pendant la promenade, nous traversons quatre hameaux. C’est l’occasion de voir le quotidien des villageois de plus près. Il est nécessaire d’être en bonne condition physique, mais l’effort reste minime. Coût : 85$US, dont 2$ est remis aux communautés traversées (pas en argent comptant, mais bien en projets, selon les besoins identifiés).

9- Cérémonie Vaudou, un peu partout au pays

Non, le vaudou n’a rien à voir avec les rites entrevus dans les films. « Le vaudou haïtien, en fait, est un culte où on rend des hommages aux ancêtres et à des divinités axiales qui représentent des forces cosmiques, résume Eddy Lubin, spécialiste du patrimoine. On se les rend favorables pour recréer son équilibre et être en paix avec soi-même. » Un peu partout, il est possible d’assister à une cérémonie vaudou dans un lieu de culte appelé péristyle.

10- Les galeries d’art

« Je suis une ivrogne qui tient un bar », lance Marie Alice Theard, historienne de l’art et directrice des éditions Theard. Rencontrée à la galerie Festival Arts, à Pétion-Ville, cette passionnée n’hésite pas à dire que l’art est partout en Haïti, même dans la manière dont les marchands présentent leurs fruits et légumes au marché. « Ne vous fiez pas au références esthétique [quand il s’agit d’acheter], conseille cette passionnée. Fiez-vous à vos émotions. »

11- Parc historique de la canne à sucre

La canne à sucre est indissociable de l’histoire d’Haïti. Introduite au pays par Christophe Colomb en 1494, elle a marqué la période française, de 1625 à 1803. Le Parc historique de la Canne à sucre, à Chateaublond, près de Port-au-Prince, souhaite éduquer les visiteurs. Le restaurant Le Relais de Chateaublond propose pour sa part une cuisine typique et savoureuse. Un conseil : lors de votre passage, faites des provisions de douce cocoyer, une friandise à base de noix de coco complètement addictive!

12- Visiter un marché à Port-au-prince

La plupart des marchés où s’approvisionnent tant les Haïtiens que les restaurateurs débutent à l’aube. Plus touristique, le marché Hypolite, aussi appelé « marché en fer », accueille les visiteurs de 8h à 17h. À l’origine, sa structure était destinée à devenir une gare en Égypte. Elle devait être acheminée par bateau jusque là-bas depuis la France, mais a plutôt terminé son voyage en Haïti, où elle a été transformée en marché en 1889.

L’endroit est séparé en deux sections. D’un côté, on trouve fruits, légumes, épices, djon djion (champignon), chocolat et autres spécialités; de l’autre, des pièces d’artisanat. Le site classé patrimoine historique national par l’État haïtien a été restauré par l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN) et financés par la Compagnie de télécommunication Digicel, ce qui a provoqué un tollé. C’est l’homme d’affaires Denis O’Brien et Digicel qui sont aujourd’hui les actionnaires majoritaires au conseil de gestion du marché selon Le Nouvelliste.

13- Village de Noailles, près de Port-au-prince

Près de 300 artistes battent le fer pour créer des œuvres d’art dans ce village non loin de Port-au-Prince. Cadres, sculptires, meubles… Chacun a sa spécialité. Sept générations d’artistes se sont adonnés à cet art. Si, au départ, on chauffait le fer des barils, aujourd’hui, on le travaille à froid. L’un des artistes phares est Serge Jolimeau, à qui il est possible de rendre visite. Le bruit du fer martelé nous accompagne tout au long de la visite.

14- Jalousie, à Pétionville

En arrivant à Pétion-Ville, banlieue huppée de Port-au-Prince, l’œil est attiré par des bâtiments colorés qui se détachent des montagnes. Le nom de ce quartier qui semble tout droit sorti d’une bande dessinée ? Jalousie. Ce projet de revitalisation du bidonville rend hommage à Prefete Duffaut, artiste haïtien majeur qui peignait des villes imaginaires. Pour plus d’info, par ici.

15- La cuisine !

Je l’avoue : cette raison aurait pu se retrouver bien plus haut dans la liste… Je me suis régalée, en Haïti !

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