Je réfléchis beaucoup à mon avenir sur la blogosphère ces temps-ci. Il y a quelques semaines, j’ai lancé un groupe de blogueurs voyage francophones sur Facebook parce que je ressentais le besoin d’échanger dans ma langue maternelle avec des gens partageant mes préoccupations. TBEX a aussi entraîné d’autres questions.
Résultat: je suis plus mêlée que jamais.
Malgré ce que certains blogueurs vedettes prêchent dans leurs conférences, j’ai de plus en plus l’impression que le contenu est relégué au second plan. Maintenant que certains ont fait de leur blogue leur gagne-pain, on voit pulluler les wannabes qui pensent à la notoriété et au fric avant même de montrer ce qu’ils ont dans le ventre (je constate la même chose en journalisme, remarquez, mais pas dans la presse touristique, puisqu’on sait tous qu’il y a peu d’argent à y faire, au Québec du moins!). On cause stats, rentabilité, pubs et «échanges» (qui veut souvent dire «intérêts», en réalité).
Mais où est l’étincelle? Celle qui fait qu’un jour tout s’embrase, qu’on prend nos cliques et nos claques pour aller vers cet inconnu qui nous appelle? Qu’a-t-on fait des papillons qui se mettent à voler dans tous les sens quand on évoque l’ailleurs et le bonheur d’être sur la route? De cette envie de crier à l’univers entier à quel point le monde est beau? De prendre la plume parce que c’est plus fort que nous?
Je bourlingue sur la planète médias depuis deux décennies (oui, j’ai commencé à l’adolescence;-). J’ai vu le journalisme glisser vers le publireportage (à peine) déguisé à plus d’une reprise. J’entends régulièrement (et de plus en plus) parler des objectifs de rentabilité. Je comprends que tout cela est nécessaire. Mais on va souvent trop loin. Beaucoup trop loin (comme demander aux journalistes de céder leurs droits d’auteurs ET leurs droits moraux sans, bien sûr, leur offrir un sou de plus).
Quand j’ai commencé à bloguer, j’étais grisée par l’incroyable sensation de liberté. La sainte paix! Personne pour me dire de «ploguer» tel ou tel artiste (ou produit), d’oublier les destinations moins accessibles, me demander de diluer mes propos ou de me censurer, carrément.
J’ai récemment pris conscience de la «transformation extrême» de la blogosphère voyage en discutant avec des Européens. De plus en plus de blogueurs veulent vivre de leur blogue (ce qui n’est une mauvaise chose en soi – tout dépend comment c’est fait – mais ça ne m’avait jamais traversé l’esprit!). Des gens écrivent même des bouquins sur le sujet. On crée des «recettes» pour voyager gratuitement et même en vivre.
J’ai soudainement eu l’impression d’être un scribe égaré dans un autre siècle. Où étais-je, pendant que la Terre s’était mise à tourner dans l’autre sens?
Depuis, je vis un véritable choc des cultures. Le blogging en 2013, c’est bien souvent une affaire de marketing. La connaissance des rouages permettant d’être mieux référencé. «D’échanges» visant à faire grimper sa propre cote de popularité. Une maîtrise des coulisses plus que de l’écriture.
Pour moi, tout le bizounage derrière le blogue est un mal nécessaire. Simple d’en créer un, mais ardu de comprendre toutes les fonctionnalités. Bloguer, c’est aussi se dépatouiller avec l’aspect technique. À chacun ses forces… et ses failles.
J’essaie de m’intéresser de plus en plus aux différents aspects du blogging, mais surtout de ne pas m’éloigner de ce qui me passionne vraiment. Je n’ai aucune envie de m’éteindre. Et c’est ce qui risque d’arriver si je troque le plaisir pour une potentielle rentabilité (car qui dit rentabilité dit aussi maîtrise de tout ce qui me donne envie de fuir, tant la technique que les chiffres!).
Le choc est encore plus grand depuis l’ouverture du groupe sur Facebook. Alors que j’avais envie de mieux connaître mes pairs et d’apprendre d’eux (et vice-versa), je les vois s’opposer, se juger et parfois carrément s’attaquer. Pas tout à fait ma définition de l’entraide. Call me the hippie-old-fashion-blogger…
Je ne suis pas contre le fait que certains arrivent à tirer un revenu de leur blogue. Après tout, on leur consacre beaucoup de temps et d’énergie. J’ai même commencé à m’ouvrir un peu et à accepter des liens sponsorisés. Je suis aussi d’accord sur ce point: on peut avoir l’étincelle ET le côté business (lucky you).
Mais avons-nous vraiment besoin de répéter les erreurs des médias traditionnels?
À lire également: TBEX en 10 observations, Les outils pour mesurer l’influence, ça vaut quoi? et Fille de mots.
P.S.: Je précise que ce billet ne vise personne EN PARTICULIER. Et pour l’anecdote, avant de créer mon premier blogue en 2001 (que j’ai rapidement supprimé), j’ai eu des «pages personnelles» dans les années 1990. Houuuu! 😉
Vous pouvez aussi me suivre sur Twitter, Facebook et Instagram.
31 Commentaires
If you’re the hippy-old-fashion-blogger, than I’m a hippy-old-fashion fan/reader/traveler/lover/whatever! J’aime ton contenu passionné et senti ! J’aime aussi les trucs et les idées lancées ici et là ! J’aime aussi sentir que tu es indépendante et justement que le contenu ne soit pas enseveli sous les promos etc.
Personnellement, je ne suis abonnée qu’à 2 ou 3 blogues et je les lis religieusement pour les mêmes raisons que j’évoque plus haut. Chacun son style, mais l’étincelle que tu dis avoir quand tu voyages et écris, elle se transmet… je la ressens! (Je ne fais que penser au texte sur le ciel d’Afrique, les odeurs et les bruits!) Bref, dans tout ce que je fais, je recherche cette personnalité, cette authenticité (quelle qu’elle soit/ être vrai par rapport à soi et non par rapport à un standard) non calculée… J’imagine que tout dépend des buts visés ! Je comprends le questionnement et je le partage également. C’est un mal nécessaire le questionnement non?
Merci! Ton commentaire me fait très plaisir! Oui, sûrement un mal nécessaire. 😉
Il faut garder notre éteincelle Marie-Julie. Je crois à la qualité vs la quantité.
Très peu de blogueurs à travers le monde vivent de leur blogue. La réalité est qu’ils se diversifient comme toi tu le fais ! Je crois plus à cela pour garder notre liberté qu’à toutes les techniques mkt et autres liens qui polluent un peu vont à l’encontre de ce que nous sommes !
Keep the faith 🙂
C’est bon de trouver des gens qui partagent les mêmes valeurs. 🙂 Keep the faith!
Je pense pareil. Il n’y a pas de mal à avoir quelques liens commandités, quelques trucs gratuits, mais le plus important est le fond et la forme, si tu perds ta passion, tu deviens moins le fun à lire, et c’est ça après tout l’essentiel d’un blogue : qu’il donne envie d’être lu!
Et pourquoi pas un partenariat avec une personne qui “trippe” bizounage et dépatouillage de l’aspect technique? Comme pour un peintre qui n’aime pas vendre ses toiles.
Mais non je ne connais aucun mécène du dépatouillage.
Sans méchanceté Marie-Julie, tu débarques. Toutes ces choses dont tu parles existent depuis preque 10 ans. Cela n’empêche pas la sensation de liberté liée à nos écrits. Il y a des gens qui sont passionnés par d’autres choses en plus du voyage ou de l’écriture de leur récits de voyage. Le contenu n’est pas relégué au second plan, il fait juste partie d’un tout dont tout blogueur a besoin pour faire vivre son oeuvre. Joindre l’utile à l’agréable n’est pas un mal en soit et savoir ajouter des cordes à son arc, donc des compétences nous permettant de faire évoluer notre blog et d’évoluer personnellement, est important pour notre équilibre.
Pour ce qui est du marketing ou des pubs et autres promotions que nous publions sur nos blogs, il suffit d’être cohérent avec notre ligne éditoriale et de rester fidèle à nos principes sans rechercher l’appat du gain à tout prix. C’est pourtant ce que certains dinosaures du blogging reprochent aux autres à tort. Il n’est pas question de troquer son plaisir pour la rentabilité.
Je pense donc que tu vis réellement un choc culturel et que tu as peur d’être “has been” dans un monde en perpétuelle évolution. Le meilleur exemple de ce que j’avance est ton incapacité à avoir pu gérer la modération de ton groupe facebook pour éviter les conflits et autres dérapages que j’ai pu constater.
Je suis désolé de te dire tout cela et j’espère sincèrement que tu réussira à rebondir dans ce monde qui avance si vite. Car le bloguing de 2013 n’a plus rien à voir avec celui de 2001 ; ce qui parait logique. D’ailleurs j’ai dû me créer un compte sur wordpress.com pour pouvoir te faire ce commentaire, chose que je pense dépassée également…
Je n’ai jamais voulu censurer qui que ce soit dans le groupe Facebook! Chacun a droit à son opinion. Ce qui me dépasse, c’est la recherche perpétuelle de conflit. Je ne comprends tout simplement pas. Quant au reste, tu as droit à ton opinion toi aussi. 😉
Ah, je suis tellement tannée que tout le monde chercher les bibittes. C’est vrai que l’ambiance est tellement différente chez nous, on est un plus petit groupe, on se serre les coudes, on ne se voit pas comme de la compétition. C’est dommage qu’il y ait certaines personnes qui créent la zizanie dans une gang qui est pourtant vraiment géniale si je me fies à tous ceux que j’ai rencontrés à date!
Vous savez quand j’écris sur le blog, ce n’est ni pour me faire de l’argent ni dans l’espoir un jour d’en gagner grâce à celui ci. Par contre si un jour des professionnels pourraient me remarquer pourquoi pas?
Quand j’écris je me dis voilà, je laisse mon passage sur la toile et peut être qu’un jour on me lira alors que je ne serai plus de ce monde, c’est comme les écrivains, ils n’en avaient que faire de la richesse produite par leurs écrits, ce qui comptaient pour eux s’étaient leurs héritages culturels. Quand je lis des fois certains topics cela me fait rire, savez vous que sa coûte de l’argent et de l’énergie pour refroidir les serveurs qui hébergent nos blogs, alors écrivez pour laissez une trace indélébile utile pour la société et réfléchissez à vos dires.
Un très beau billet qui rejoint mes interrogations et réflexions à propos de ce petit monde que je découvre pour le meilleur (souvent) et pour le pire (parfois). Je ne doute pas que tu sauras entretenir et continueras à partager cette étincelle 🙂
Je découvre ce blog pour la 1ère fois, et forcément le titre m’interpelle !! Car je viens à mon tour de me lancer dans le “blogging” 30 ans après mon 1er voyage, comme quoi il y a un début à tout ! Mais avec une condition impérative : ne rien faire pendant mes voyages, déconnecter complètement, et alimenter mon blog en fonction de mon temps et de mes envies ! Car à mes yeux le plus important, c’est bien les milliers d’images pleins la tête et tous les souvenirs que j’ai ramenés au cours de mes périples, et cela, çà ne se raconte pas, çà se vit, tout simplement ! Mais bravo tout de même pour votre blog…J’ai “liker” !!
Il n’y a pas si longtemps, céder des droits moraux était impensable et illégal – je pense que ce l’est encore d’ailleurs, je ne crois pas que signer un contrat à l’effet contraire rend le truc plus légal, mais bon, je ne suis pas avocat. Je crois que le journalisme a perdu la guerre contre le divertissement: l’idéal d’objectivtié, ce n’est plus très crédible maintenant qu’on a des opinions partout. Je ne crois pas que ce soit si mauvais que plus de gens s’expriment: plus de journalistes, même professionnels jusqu’aux bouts des doigts ne participeraient pas mieux d’une société éduquée et capable de s’exprimer, pas juste de prendre connaissance de ce que les pros, payés pour ça, pensent d’un sujet. C’est vrai que la culture du slogan à la « yes we can, » laisse perplexe quant à la substance – mais en même temps, bien forcé d’admettre que ça force à lire entre les lignes et ça, ma foi, ça commence à s’appeler des productions intellectuelles peut-être encore plus que tous se que signent les scribes avec un mépris évident pour l’intellectualisme. Aller, remettez-vous vite à pitonner, l’étincelle viendra – lâcheuse va. 😉
En tant que lecteur, j’ai envie de croire que c’est nous qui décidons. Les blogs qui ne font que des listes sans saveur ou recycle le même article déjà vu ailleurs, je n’y retourne pas.
Ceux auxquels je suis fidèle par contre, ce sont ceux qui me donne une information inédite, un angle inhabituel, ceux qui me raconte une histoire ou qui ont leur propre ton.
Les autres, je suis peut-être naïf, mais je leur vois pas un grand avenir sur le long terme…
(en tant que blogueur, j’écris ce dont j’ai envie, quand j’en ai envie, mais uniquement par plaisir)
Il en est de même en musique. Et la dérape est extrême. Nous sommes, vous et moi, compétiteurs pour l’attention d’un public disparate et de plus en plus sollicitié par bloggeurs, journalistes, vidéastes et rêveurs qui produisent une quantité ingérable de matériel. Résultat: tout est devenu auto-promotion. Et les meilleurs promoteurs sont rarement les meilleurs artistes. Le réseautage peut facilement prendre 98% du temps au détriment du contenu. J’ai décroché complètement pour me concentrer justement sur le fonds. Sans quoi je changeais carrément de profession. (Je ne suis pas devenu artiste pour être un bonce bénévole du marketing). Raison pour laquelle je ne laisserai ici ni site web, ni nom qui m’identifie. On dirait parfois que tout intervenant y va pour ses propres intérêts, que toute intervention n’est que pitch de vente. J’en suis épuisé. Et je te salue pour ta prise de conscience. Bonne route et bon courage!
Étant assez nouveau de le monde du blogging, j’avoue avoir été assez surpris par le nombre de blogs où les grosses ficelles pour améliorer sont ranking google débordent de partout. Et à la fin, tous ces blogs finissent par se ressembler. Ce qui est un peu navrant, ce sont les blogs de voyageurs qui démarrent très bien, avec un certain talent d’écriture et faits par passion. Et le succès et l’audience arrivant, la passion se transforme en gagne pain? Aucun mal à ça si ce n’est que le contenu de qualité disparait pour laisser place à du contenu qui a le plus de chance de faire des google hits. Par chance le tiens n’est pas tombé dans ce travers donc j’ai toujours plaisir à la lire.
Évidemment, j’ai bon dos de dire ça, moi je ne compte pas gagner un seul € avec le miens, ce n’est pas le but. Je me fais juste plaisir !!
Je ne peux que partager la réponse de Geneviève à ton texte. Ce que j’aime chez toi, et c’est la raison pour laquelle je continue de lire ton blog, c’est justement ce certain questionnement qui est le tien, sur le voyage et la vie en général. Et puis ta belle écriture, simple et sentie, nous laisse découvrir au fil du temps toute ton humanité.
Des gens qui “savent tout”, il y en a partout sur le Web, mais ce qui me retient dans ton blog ce sont justement tes états d’âme qui prouvent que tu es comme nous, avec un peu plus de facilité à t’exprimer, mais avec des questions bien semblables à celles que je me pose aussi.
Tant que tu en auras envie, n’hésites pas à continuer à partager avec nous ce qui te préoccupe, et ce qui te passionne aussi. Et si tu peux monnayer tes “questionnements” et ta façon de voir les choses, moi je n’y vois aucun inconvénient. On a toujours le choix de suivre un blogueur ou pas.
Merci… Ça fait vraiment plaisir à lire!
Alors j’ai de la chance car les blogueuses voyages que je vois souvent à Paris ne parlent jamais argent, monétisation etc… on ne parle que de nos derniers voyages, des prochains et de ceux que l’on s’organise ensemble ! Je vais aller voir ta page Facebook par curiosité !
Le groupe Facebook est privé… Mais si tu m’envoies un message privé sur Facebook pour par courriel, je pourrai te faire suivre le lien.
Hello Marie-Julie,
Super ton texte.
Puis-je le reprendre sur le site de mon association stp ?
http://www.foutebol.com
En citant la source + le bon lien qui va bien, évidemment 🙂
Merci.
Et moi qui voulais faire partie de ton groupe Facebook…
Blague à part, je blogue depuis 2007 et je n’ai jamais pensé en faire un gagne-pain. J’ai par contre pensé que ça pouvait mener à d’autres opportunités professionnelles. Une carte de visite en quelque sorte. Mais avec mes 20 visiteurs par jour j’ai du revoir mes ambitions 😉 Du coup je continue à bloguer en toute liberté, comme au début. Et si mes bons plans intéressent quelqu’un c’est tant mieux!
Travelplugin a raison, le blogging de 2013 n’a plus rien à voir avec celui de 2001. Je trouve qu’il perd en interactivité face aux réseaux sociaux. D’ailleurs j’ai remarqué que maintenant les gens commentent les liens de mes post sur Facebook plutôt que directement sur le blog…
Je vais t’envoyer l’invit’ pour le groupe. 😉 J’ai écrit que j’ai créé en premier blogue en 2001 simplement parce que j’ai pu constater l’évolution de l’outil au fil du temps. Les choses ont changé sur la forme, mais aussi sur le fond, et ce deuxième aspect est vraiment différent selon le monde dont on est issu (et j’ajouterais l’endroit où l’on se trouve: au Québec, on a pas du tout la même vision des chose qu’en France!). Moi, je viens du contenu. Les mots avant tout! Quant aux commentaires sur Facebook, j’ai aussi l’impression que c’est encore plus flagrant depuis 2-3 ans. Mais Facebook a beaucoup changé depuis 2007-2008…
Ahhh cet éternel semi-débat (parce qu’on ne se crêpe pas trop le chignon, au fond) sur les blogues, la pub, la plogue…
Merci d’en parler ouvertement et honnêtement. Car c’est un aspect du blogging dont il faut parler. Pas pour lancer la pierre à qui que ce soit, mais pour faire avancer la réflexion.
La situation est la même pour les blogueurs bouffe. Quand on dit qu’on blogue bouffe, beaucoup de gens répondent : « Ah, bouffe gratos!» Hé non. Certes, on (et ça m’exclut un peu, étant à Québec) reçoit pas mal d’invitations. Mais, à ce que je sache, je dois encore payer pour mon épicerie… et pour 99,99 % de mon apport quotidien en calories.
Si tu es la hippie-old-fashion-blogger des blogueurs voyage, alors je suis la righteous-moralist-food-blogger 😉 Je tiens mordicus à mon indépendance, à mon objectivité, je n’embarque pas dans les campagnes marketing (sauf une seule, dont les conditions ont été très claires d’un bord comme de l’autre), je reçois peu de cadeaux et j’ai zéro pub sur mon blogue. Je me suis prise la tête à plusieurs reprises avec des collègues blogueurs, parce qu’ils avaient l’impression que je les jugeais parce qu’ils acceptaient les plogues, les cadeaux, les soupers, les partys, alouette. Mais je n’oblige personne à être aussi «pogné» que moi (et encore, j’en accepte, des cadeaux et des soupers, mais juste si je sais que je pourrai être libre de ce que j’écrirai et quand ça correspond à mes intérêts… genre pas un party de BudLight à la lime). Chacun son espace, chacun ses règles. Tu payes ton nom de domaine? Tu fais ce que tu veux avec, je n’ai pas de conseil à donner. Ton espace, tes règles.
Ceci dit, je crois que tu touches un point essentiel avec ta réflexion : le besoin d’écrire pour soi, pour le plaisir, pour être lu. Si cela apporte notoriété (relative), monétisation, peu importe, tant mieux à ceux qui sauront saisir l’occasion. Mais ceux qui choisiront autrement ne devraient pas être traités de dinosaures informatiques ou de «pognés de l’éthique». Et peu importe, on doit avoir cette «étincelle» dont tu parles, cette inspiration, cette envie de partager qui nous donnera de quoi écrire encore et encore, même quand les cadeaux auront été mangés, dépensés, vus.
Les blogues que je lis sont ceux qui ont cette étincelle. Ces blogueurs, comme toi, parlent de tous les sujets qui les passionnent avec un ton personnel. Parfois, j’accroche moins sur certains textes, parfois, je peux relire le même 3 ou 4 fois (comme les tiens sur la vie de pigiste et le voyage en solo!). Mais quand j’accroche, je lis chaque phrase. Les blogueurs «in» pour les cadeaux, je lis en diago, et ça, c’est déjà bien si j’ai cliqué d’abord (parce que le produit ou le lieu m’intéresse), sinon, ça passe sous le radar. Je reçois assez de communiqués de presse (et j’en rédige aussi) pour savoir quand ça sent le PR à plein nez!
Vouloir se lancer dans le blogue pour faire de l’argent est une bonne idée si on veut jaser pots de crème ou mascara, mais voyager et manger, ça coûte pas mal plus cher que ce que ça rapporte! 😉 (Eille, en plus, s’il fallait faire un blogue sur manger en voyage… de quoi se ruiner!)
Et petit message à Tony@Travelplugin : c’est drôle, moi j’ai pu me connecter avec Twitter, pas besoin de compte WordPress… mais je dois être trop branchée, alors!
Bah, chacun cultive bien comme il veut son lopin de web… (Après, on récolte que ce que l’on sème, hein.)
Pour ma part, c’est le plaisir qui me guide sur mes Petites Bulles d’Ailleurs, cette petite étincelle dont tu parles si bien, et qui fait que le truc que tu mets en ligne – que ça soit des mots, des photos, des vidéos, ou d’autres choses encore – parvient, grâce au web, à toucher / intéresser / émouvoir / transporter / aider d’autres que toi…
Vive l’étincelle !!! 🙂
En fait, je pourrais résumer mon point ainsi: avant de décider combien tu vaux, montre ce que tu as dans le ventre. Oui, vive l’étincelle!
Ce fut le sujet principal d’une table ronde à TMAC. L’industrie se questionne sur la qualité réelle de blogueurs en libertés: doit-elle accepter de payer ces Journalistes pour parler de leur destination? Est-ce qu’un blogueur peut se qualifier au même titre qu’un journaliste traditionnel dans une association media telle que TMAC ou SATW? Voici les questions posées lors du dernier congrès.
Le monde du blogging est en grande transformation, surtout depuis 2-3 ans je dirais. J’ai eu plusieurs discussions avec des relationnistes à ce sujet. Certains sont complètement révoltés que des blogueurs demandent à être payés. Pour ma part, je pense que plusieurs facteurs entrent en jeu. Par contre, je ne crois pas qu’il faille travailler avec des blogueurs de la même manière qu’on travaille avec des journalistes… C’est là où c’est délicat: certains ont une approche davantage marketing, alors que d’autres, plus journalistique. Tout est en redéfinition. Normal qu’on ne sache plus sur quel pied danser!
Hello Marie-Julie,
Super ton texte.
Pardon d’insister mais puis-je – ou non – le reprendre sur le site de mon association stp ?
http://www.foutebol.com
En citant sa source + le bon lien qui va bien, évidemment
Merci.
Wow, ENFIN! Merci Marie-Julie de dire tout haut ce que beaucoup (je l’espère) pensent tout bas. La question de l’argent est toujours délicate, car la force du blogueur c’est justement son indépendance. Finalement peu de blogueurs sont capables de garder la tête froide…surtout quand la concurrence monte. Quand je recherche des infos sur des blogs et que je vois que c’est truffé de liens sponsorisés, d’articles sur commande, etc.: je zappe. Comment faire confiance si on sent le blogueur trop intéressé. Quand un blogueur s’embarque trop dans du “branding” et un culte du “moi-voyageur”, pareil: je zappe.
J’aime croire que le lecteur sait faire la différence, car il sait ce qu’il recherche. Mais bon, dans une ère de la culture de masse, je me sens un légèrement trop utopiste là. Je m’égare?
C’est extrêmement complexe tout ça et difficile de tracer une ligne. Je pense que c’est du cas par cas. Je crois beaucoup en la transparence, aussi. Moi, au contraire, je fais plus confiance aux blogueurs honnêtes qui mentionnent clairement leurs partenariats qu’à ceux qui cachent tout (tout finit toujours par se savoir…)! Il y a aussi une question de dosage. Je n’ai pas envie de gagner ma vie exclusivement avec mon blogue parce que je ne veux pas être obligée d’écrire sur des sujets qui ne m’intéressent pas. Respecter ses valeurs reste le plus important!