La phrase a surgi spontanément au cours d’une discussion avec des copains d’un peu partout dans le monde à propos des priorités. «Get a life… or a sofa».
Certains ont besoin de signes tangibles de leur réussite. De gadgets dernier cri, de meubles designs et d’écrans géants. De s’entourer de beau pour se sentir bien.
Pour moi, le choix est clair. Je me fous éperdument des couleurs tendances de salles de bain. Des meubles qu’on ose à peine toucher parce qu’ils semblent tout droit sortis d’un musée. Des électroménagers avec lesquels on peut échanger des courriels.
Les bagnoles de luxe me font autant d’effet que Ryan Gosling: indifférence totale (mais qu’est-ce que vous lui trouvez à ce blondinet insipide?). Les bijoux? Si on m’offre un jour des diamants, je les vendrai pour payer quelques tournées à mes vrais «best friends».
Je vis dans un modeste condo. Quelques photos et souvenirs de voyages décorent certains murs. Si je devenais riche, j’achèterais des toiles d’artistes de la relève bien avant de me faire creuser une piscine. Et je ne vois pas pourquoi je me procurerais une voiture, même si je faisais dix fois mon salaire actuel.
Le monde, je veux le voir en vrai, pas seulement à travers le petit – du moins, le mien l’est! – écran. Je veux explorer, jouer, apprendre, goûter, toucher, humer… vivre, putain!
La liberté a un prix, dit-on. Je suis prête à sacrifier quelques paires de chaussures pour la cause. Un sofa hors de prix? Mais pourquoi faire, à part pour accueillir des amis de passage de temps en temps?
Je choisirai toujours de voyager, de bien manger et de bien boire plutôt que de m’asseoir sur l’équivalent d’un billet d’avion tour du monde.
Le beau, je préfère encore l’avoir dans la tête.
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16 Commentaires
J’ADORE ce texte! xx
Merci! 🙂
Chère Marie-Julie!
Je peux te confirmer qu’on peut avoir une vie ET un sofa.
Car voyager n’est pas la seule façon d’avoir une vie. Je connais personnellement très peu de gens qui vivent dans les décors que tu décris; en fait, je n’en connais pas et si j’ai des connaissances, qui, peut-être vivent comme ça, ben, ils ne font pas partie de mes amiEs.
Mais on n’a pas non plus toutes les moyens de vivre comme toi… j’ai personnellement fait le choix de ne plus faire cette «vie» dont tu parles, parce que moi, j’avais justement l’impression de ne plus avoir de vie! C’est beau, magnifique, les voyages et j’ai envie d’en faire. Beaucoup. Après avoir passé dix années et plus de ma vie à faire comme toi, tourbillonner autour du globe, j’avais besoin d’avoir une vie là où je vis. Car autant j’aime être nomade autant j’aime mes habitudes, dans mon quartier, avec ceux qui m’entourent.
Ah, mais je continue à voyager. Par vos récits, qui sont là pour nous faire rêver, et par mes propres déplacements. Et Dieu qu’ils sont différents des voyages de presse… et comme je les apprécie ces morceaux de vie dont j’ai économisé tous les sous pour les réaliser. Je rencontre les gens, je goute la culture locale, je trippe. Fort. Mais moins souvent. Et comme j’ai le dépaysement facile, je n’ai pas besoin d’aller au bout du monde.
En plus: j’ai une vie!!! Je fais mille et un trucs que j’aime et qui me remplissent de joie et tu sais quoi? Des fois, je l’aime tellement mon vieux sofa, glané sur freecycle il y a presque 10 ans, que je peux passer la soirée effouérée dedans à écouter la tivi. Ben oui.
Marie-Julie: on peut avoir une vie ET un sofa. 🙂
Sylvie
De là mon «sofa hors de prix». Toute la nuance est là! 😉
Je voyage tout le temps depuis trois ans, mais le témoignage de Sylvie, sédentaire, me touche davantage que les récits qui prônent mon propre mode de vie.
Je déteste les oppositions entre “voyageurs libres” et les “sédentaires consommateurs passifs”. Je sais que ce n’était pas ton but. Cette opposition stérile rejoint les débats sur les “touristes” contre les “voyageurs”.
Les sédentaires n’ont pas de vie?
Je crois qu’il y a encore plus de grâce à être capable de s’émerveiller du quotidien. C’est facile d’être dépaysé par un pays exotique, c’est instantané, physique, un changement de climat, de relief, de langues. C’est ce que je voulais d’ailleurs, et je ne suis pas sûre d’être capable de m’en passer. J’ai faim de paysages, de kilomètres à parcourir, je pense aux photos à prendre, aux histoires à récolter.
Mais un sofa, ça peut être un endroit où tu partages des histoires avec tes soeurs, où tu te bécotes avec un beau brun, où tu parles de politique et d’enjeux sociaux, où tu peux écrire et dessiner, concevoir des projets au-delà d’un ou deux tickets d’avion. Je voudrais les deux, un bon sofa et la liberté de le quitter.
On est tous d’accord là-dessus: quand on peut tout avoir, on prend tout. Mais ce n’est pas mon cas. Alors entre mettre 10 000 balles sur un sofa ou acheter des billets d’avion, le choix n’est pas difficile pour moi. Perso, mon sofa à 300$ me convient tout à fait. Pas besoin de plus! Quant au sempiternel débat touristes vs voyageurs, il y a longtemps que j’ai jeté l’éponge… J’assume pleinement ma «touristitude». 😉
Concrètement, je n’ai même pas de sofa 🙂 La passion du voyage me transforme en joyeuse SDF.
Biz!
C’est tellement vrai ce que tu racontes… et je partage aussi le même sentiment depuis longtemps; même si j’ai, entre-temps, troqué au moins un voyage pour acheter un sofa (pas tour du monde mais au moins Europe !) . Lors de mon premier voyage, à 15 ans, j’avais eu la chance de rencontrer deux hommes plus âgés qui m’avaient dit: ” ma petite, ne fais pas l’erreur de passer toute ta vie à accumuler du matériel… car un jour, comme nous, tu comprendras que l’essentiel est ailleurs et tu commenceras à te délester de tout cela, pour revenir à l’essentiel: les souvenirs, la vie, les amitiés… Mais, tout le monde n’est pas nomade comme nous non plus ! Chacun a son degré de sédentarité… L’essentiel, c’est de questionner ses certitudes de temps en temps et c’est cela, voyager ! Pas une question de distance, mais d’état d’esprit…
Bien d’accord. Mais je pourrais quand même vivre à l’hôtel à l’année. 😉
Pour tous les amoureux du voyage, ce sera toujours mieux de partir découvrir le monde que de rester chez soi. Je suis exactement du même avis que toi
J’ai bien aimé le commentaire de Sylvie. Ça m’a fait penser à mon parrain qui n’a jamais voyagé de sa vie mais qui était la personne la plus curieuse et ouverte que je connaisse. Son mode de locomotion pour découvrir le monde ce n’était pas l’avion mais les livres, la radio et la télévision. Il était loin d’être passif! Et je ne me rappelle pas s’il avait un beau sofa 😉
Pour ma part je suis comme toi, j’aime le mouvement. D’ailleurs je file car je dois préparer ma valise pour Taiwan!
Le sofa, je m’en balance un peu, tout comme la voiture ou l’appart, mais pas sûr que ce soit nécessairement lié à mon goût du voyage. Posséder quelque chose n’a jamais été une très grande priorité, mais même avant que je voyage. Et du coup, toutes ces choses qui peuvent sembler si importantes pour certains ne me sont que bien peu utiles et voyager ne m’en prive pas, c’est déjà ça !
Et d’ailleurs en voyage, la tête de mon auberge m’importe assez peu également, du moment que l’accueil est chaleureux et que je peux y dormir, c’est tout ce dont j’ai besoin. Plus, j’ai l’impression que ça me distrait du but premier de mon voyage, découvrir.
Je suis loin d’être un ascète mais j’aime les choses simples dans la vie de tous les jours comme en voyage.
Je comprends très bien ce que tu as voulu exprimer. Je pense aussi de cette façon et je mets toujours la priorité sur les voyages plutôt que sur les biens matériels. Je n’ai pas de voiture, je m’achète rarement des vêtements et je suis capable de me contenter de peu… toujours dans le but d’être capable de voyager. J’ai une maison parce que j’ai un copain qui gagne trois fois mon salaire. Une maison qu’on a rénovée sur plusieurs années. Les gens étaient toujours surpris de nous entendre dire qu’on partait encore en voyage malgré le fait que les rénovations n’étaient pas terminées. On leur répondait toujours : “Les rénovations, ça peut attendre. Pour l’instant on veut vivre et la maison sera toujours là à notre retour !” Ainsi, je ne me suis jamais privé de voyager… c’est plus fort que tout le reste !
Je me fiche aussi des voitures de luxe et de toutes ces choses qui ne servent pas à grand-chose finalement. Mais je ne suis pas contre le partage d’un sofa en famille de temps en temps.
C’est important d’avoir un certain équilibre en fait. Etre toujours sur les routes, sans personne avec qui partager nos impressions, ce n’est pas non plus un idéal pour moi.
La question n’est pas d’avoir un sofa: c’est d’en avoir un qui coûte le prix de 5 allers-retours en Asie!
[…] par contre, il m’arrive de sourciller (bien que chaque cas soit différent). J’ai très peu de biens matériels parce que mes priorités restent de pouvoir voyager, manger au resto (je déteste cuisiner) et […]