La Martinique devient française en 1635. Quelques décennies plus tard, l’île compte plus d’esclaves que de colons. Il faudra attendre 1848 pour que l’esclavage soit aboli.
Site incontournable à découvrir, La savane des esclaves retrace avec brio le parcours des affranchis. Au cours de la visite guidée, nous découvrons à quoi ressemblait la vie des esclaves avant l’abolition (attention, certaines sculptures explicites peuvent choquer), mais surtout après. Comment ont-ils pu survivre alors qu’ils n’avaient rien? À quoi ressemblait leur quotidien? Comment arrivaient-ils à se nourrir et à se soigner? Autant de questions qui trouveront réponses pendant la promenade.
L’instigateur du projet, Gilbert Larose, est un vrai de vrai passionné. Celui qui se définit d’abord comme un manuel (il était maçon et ferrailleur avant de monter son projet) a créé un site témoin de l’histoire. «C’est un devoir de mémoire», dit-il quand on lui demande ce qui l’a poussé à entreprendre toutes ces démarches. Car, on s’en doute, le projet ne s’est pas bâti sans embûches.
Heureusement pour lui (et pour nous!), le succès a été au rendez-vous. En 2011, 61 000 personnes ont visité les lieux. Des stagiaires internationaux viennent aujourd’hui régulièrement étudier aux côtés de cet entrepreneur franchement sympa. Plusieurs projets sont aussi au programme, notamment la construction de cabanes où les visiteurs pourront loger.
La visite de La savane des esclages est, à mon avis, à ne manquer sous aucun prétexte, même si a priori le sujet ne vous interpelle pas. Non seulement vous en apprendrez davantage sur le passé, mais l’histoire du site lui-même et de son concepteur constituent d’excellents exemples du dynamisme des Martiniquais.
En discutant avec les habitants de l’île, on réalise rapidement l’importance de la mémoire. Qu’on pense à l’éruption de la montagne Pelée en 1902 qui a décimé la population de Saint-Pierre ou à l’époque coloniale, une anecdote historique n’est jamais loin. Jamais, cependant, on sent, comme voyageur, peser le poids de l’époque coloniale comme c’est parfois le cas dans d’autres régions du monde. En tout cas, moi, pas une seconde je n’ai eu, en tant que blanche, le sentiment de représenter à leurs yeux le cliché du «vilain colon» comme ce fut le cas ailleurs (oui, même avec mon accent québécois, il m’est arrivée d’être confrontée à des interlocuteurs qui semblaient attendre des excuses pour les fautes commises par mes «ancêtres»). Impression ou réalité? Il faudra que j’approfondisse la question…
Le chauffeur qui nous a accompagné au cours de ce périple, Michel Labeau, nous a expliqué ce qu’est «l’arbre du voyageur», qu’on aperçoit un peu partout sur l’île. Terre de métissage, la Martinique n’oublie pas ses liens avec l’Afrique.
Pratico-pratique:
• Le site se trouve aux Trois-Îlets. L’idée a germé en 2000 et a accueilli ses premiers visiteurs en 2004. Sa création s’est faite sans aucune subvention, avec le soutien de la famille et des amis du créateur.
• Admission: 6 euros et 3 pour les enfants.
• Des ateliers sont aussi proposés aux visiteurs. Le premier samedi de chaque mois, il est par exemple possible d’apprendre à fabriquer la cassave, galette traditionnelle de farine de manioc (délicieuses! Ma favorite: celle à la morue). Une à deux fois par semaine, il est aussi possible de prendre part à un atelier de bâton de cacao (les enfants adorent!).
• Gilbert Larose a aussi écrit le premier tome d’une série de livret sur la nature et les traditions martiniquaises.
• Pour plus d’info: www.lasavanedesesclaves.fr.
À découvrir également: Coucher de soleil martiniquais, L’esclavage en Martinique, Le bonheur est dans un hamac en Martinique, Bienvenue à Saint-Pierre et Bons baisers de Martinique.
J’étais l’invitée du Comité martiniquais du tourisme. Les opinions émises ici sont 100 % les miennes.
(Ce billet a d’abord été publié sur le défunt blogue EnTransit.ca le le 10 novembre 2012.)
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