Pendant huit jours, j’ai navigué à bord de L’Austral, magnifique navire de la Compagnie du Ponant, en compagnie de ma fille de six ans et demi. Nous avons quitté Athènes le 9 août et sommes débarquées à Venise le 16 août. Au programme, trois pays: la Grèce, la Croatie et l’Italie. Les escales: Itea, Otrande (nous accosterons finalement à Brindisi pour des raisons météorologiques), Dubrovnik, Mljet, Trogir et Rovinj, avant de débarquer à Venise.
Après 24 heures à Athènes, nous montons à bord de L’Austral, navire pouvant accueillir jusqu’à 264 passagers (nous sommes 235). Cette croisière est un peu spéciale puisque 51 jeunes de moins de 18 ans sont à bord. Le thème de la semaine: la famille! Les enfants auront droit à une foule d’activités comme de la danse, du théâtre et des bricolages, en plus de conférences et veillée contes avec l’océanographe et auteure Pascale Joannot, auteure du très beau livre Méloë ou les fantastiques aventures d’une goutte d’eau.
Hyper-confo, notre cabine n’a rien à envier à celles d’un hôtel de luxe. Il sera difficile de nous tirer du lit, à l’aube, pour partir en excursion!
Nous mettons le cap sur Itea, une île grecque située dans le golfe de Corinthe. Quelques heures après notre départ du port de Pirée, nous traversons le canal du même nom, voie artificielle creusée à travers l’isthme de Corinthe pour relier le golfe, dans la mer Ionienne, à l’ouest, au golfe Saronique, dans la mer Égée, à l’est. Vous dire à quel point c’est impressionnant!
Difficile de croire qu’un bateau de la taille de L’Austral peut le traverser sans heurter les parois. Pendant que nous nous engageons dans la voie, un membre de l’équipage nous explique son histoire et les difficultés de navigation. Depuis le pont supérieur, nous saluons les curieux massés sur les rives, à chacune des extrémités.
Au petit matin, nous voici à Itea. Je trépigne d’excitation: non loin d’ici se trouve le site archéologique de Delphes, là où, jadis, les pèlerins allaient consulter les oracles au temple d’Apollon.
Nous sillonons les routes bordées d’oliveraies en autobus. Notre guide, Georgia Hasioti, nous explique que sur l’île, l’hiver, il est possible de pratiquer skis alpin et nautique dans la même journée.
Nous arrivons sur le site. De magnifiques statues longeaient la voie sacrée au IVe siècle avant J-C. Les écritures toujours visibles sur les socles nous permettent d’imaginer l’opulence des lieux (l’écriture est la même aujourd’hui – en grec, bien sûr!). «Pendant l’époque romaine, on volait les statues du sanctuaire, surtout celles faites en bronze, explique la guide. On les faisait fondre pour en faire des armes, des boucliers, etc.»
Delphes, selon la mythologie grecque, était «le nombril du monde». Le centre de la Terre! On trouve des statues le représentant sur le site (un à l’extérieur, et un dans le musée – à l’origine, il y en avait cinq ou six).
«Le temple d’Apollon était le bâtiment le plus important, souligne Mme Hasioti. Il contenait une salle sous-terraine où la Pythie, la femme qui prédisait l’avenir, rendait les oracles.»
Plusieurs anecdotes retiendront mon attention au cours de la visite. D’abord, on raconte que la Pythie, prêtresse de l’oracle, était à l’origine une très jeune femme. Pour «éviter des troubles érotiques», comme l’a si joliment dit notre guide, on l’a remplacée par une femme cinquantenaire au Ve siècle. À l’époque classique, il était rare de vivre passé 50 ans!
Dans la salle sous-terraine du temple d’Apollon, une fissure laissait échaper des gaz qui, selon les spécialistes, étaient du méthane, de l’éthane et de l’éthylène. «La Pythie s’asseyait, respirait les vapeurs de la fissure, massait une feuille de laurier, l’arbre sacré d’Apollon, tombait en extase puis rendait les oracles.»
«Mais les oracles de la Pythie étaient toujours ambigus, poursuit la guide. Pour cette raison, les prêtres devaient les traduire aux pèlerins qui attendaient à l’entrée du temple.»
Bien sûr, un jour, les gens se sont mis à douter. On raconte que les premiers sceptiques étaient entraînés en haut d’une montagne, pour leur faire «admirer la vue». On les poussait en bas pendant leur contemplation.
Puis, ils se sont faits de plus en plus nombreux. On aurait même découvert un couloir avec des rouages et un théâtre d’ombres…
La visite du musée complétera celle du site archéologique. Nous y admirons entre autres le Philosophe, un sphynx (ceux des Grecs avaint des têtes de femmes) et L’aurige de Delphes, l’une des oeuvres les plus célèbres du musée. Faite de bronze, ses yeux sont en onyx… Des cils de fer ont même été ajoutés! Un regard troublant.
Autre anecdote: il est permis de prendre des photos des oeuvres du musée, mais pas de se faire prendre avec elles. La raison? Selon un autre visiteur (info non-confirmée – j’attends un retour à ce sujet), de nombreux touristes avaient l’habitude de se faire tirer le portrait en faisant des gestes plutôt explicites près des statues au sexe bien exposé. Mythe ou réalité? Ici, tout est possible…
Nous étions les invités de la Compagnie du Ponant. Toutes les opinions émises sont entièrement les miennes.
Notez que deux croisières à thématique «famille» seront offertes à l’été 2014.
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