Note: ce billet a été rédigé en 2009 pour le blogue EnTransit.ca, peu après l’assassinat de la blogueuse Renée Wathelet, devenue une copine au fil du temps. J’ai cru bon le partager à nouveau ici car il me semble toujours d’actualité. Parce que je pense encore parfois à Renée, aussi. J’en ai profité pour faire quelques mises à jour. Vous trouverez d’autres billets sur le sujet – je ne les compte plus! – au bas de l’article.
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On dira ce qu’on voudra, les femmes qui bourlinguent en solo ne font pas le même voyage que les hommes. Malgré des décennies de féminisme, nous ne serons jamais leurs «égales» sur le plan physique. Cette réalité, avec ses bons et ses mauvais côtés, teinte forcément notre manière de voir le monde et d’aller à sa rencontre.
Déjà, enfant, on nous «programme» de sorte à ne jamais oublier notre vulnérabilité. On a beau nous enseigner, en parallèle, à nous affirmer et à nous défendre, la peur n’est jamais bien loin. Nous sommes toujours conscientes de nos limites. Est-ce pour autant une raison de s’empêcher de voir du pays seules? NON, bien sûr!
J’ai bourlingué en solitaire en Afrique, en Europe et en Asie. J’ai quitté le sol québécois avec la peur au ventre pendant des années. Mais jamais je ne l’ai laissée me tétaniser. Elle restait tapie au fond de moi, un peu comme une petite voix qui me disait de ne pas oublier le danger. Elle a même influencé mes choix de destinations. Dans la plupart des coins d’Asie que j’ai visités, je me suis sentie plus en sécurité que dans mon pays d’origine.
Voyager seule m’a par ailleurs permis de tisser des liens, tant avec d’autres voyageurs qu’avec des aborigènes, chose qui est souvent moins spontanée quand on voyage avec des copains. De me recentrer sur moi-même tout en m’ouvrant aux autres. De m’approcher encore plus près de cette belle illusion qu’est la liberté.
Tout est d’abord une histoire de gros bon sens. Que je me trouve à Montréal, à Bangkok ou à Bamako, je ne prends pas de risques inutiles. Je préfère emprunter les artères principales plutôt que les ruelles étroites, même en plein jour. Je m’informe, aussi – pas trop, juste pour garder l’essentiel en tête. Voyager, c’est s’adapter et respecter l’autre et ses croyances. Pas question de porter des robes à bretelles spaghetti dans des pays où ma tenue serait perçue comme indécente et provocatrice!
Par ailleurs, j’ai souvent craint bien davantage les autres touristes que les habitants des pays visités…
En septembre 2009, l’assassinat de Renée Wathelet, une blogueuse que j’admirais et appréciais énormément, a suscité toutes sortes de réactions sur les diverses tribunes. Certains n’ont pas hésité à critiquer son choix d’aller s’installer seule au Mexique. D’autres, à carrément la traiter d’inconsciente. Pourtant, l’auteure d’En direct des îles avait choisi un coin de pays plutôt paisible, loin des zones les plus risquées du Mexique. De plus, elle connaissait bien sa terre d’adoption pour y avoir séjourné à de nombreuses reprises et s’y était fait de nombreux amis.
Une malchance qui aurait pu se produire n’importe où? Serait-elle toujours en vie si elle était restée «sagement» à Montréal? L’assassin a-t-il choisi sa victime parce qu’elle était blanche, comme le croient les témoins rencontrés? Personne ne peut répondre avec certitude à ces questions. Ce dont je suis persuadée toutefois, c’est que Renée encouragerait n’importe quelle femme à aller au bout de son rêve de voir du pays, même aujourd’hui.
Sur le même sujet:
Partir seule, la meilleure décision de ma vie, 10 conseils pour un voyage en solo, La pulsion du voyage, Ce que j’aime le plus quand je voyage seule? et Astuces pour voyageuses en solo.
Pratico-pratique:
• Des tas d’articles, de blogues et de bouquins destinés aux femmes qui voyagent seules ont été écrits. Quelques pistes: Solo Traveler, Journeywoman, Voyages etc et Voyager au féminin (dossier du Routard).
• Le ministère des Affaires étrangères et Commerce international Canada publie Voyager au féminin – Conseils pour la voyageuse vigilante et et accomplie.
• À lire également, pour différents points de vue en français: Voyager en solo selon Corinne Bourbeillon, N’ayez pas peur de voyager seule par Adeline Gressin, Voyager seule en toute liberté d’Anne Marie Parent, Am I a free bitch? d’Aline.
• Et en anglais: Female solo travel is NOT the problem (Steph de Twenty-something travel), YES it’s sage to travel solo as a female, (Camille de Travel yourself), Revisiting the solo female travel experience, (Jodi Ettenberg de Legal nomads), The women traveling solo question (Christine Gilbert d’Almost Fearlests), Solo travel mistakes to avoid (Janice Waugh, alias Solo traveler), Don’t wait for a travel partner, (Evelyn Hannon alias Journeywoman) et The truth about solo female travel and safety, (Kate McCulley – Adventurous Kate)
• Surtout, quand il s’agit de conseils, on en prend et on en laisse. On est toujours la meilleure personne pour juger d’une situation au moment où elle se présente. Faites-vous confiance!
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4 Commentaires
J’aime bien votre style et vision dans cet article Bonne continuation
Merci! 🙂
[…] l’ai déjà écrit: il est impossible pour une femme d’aborder le monde de la même manière qu’un homme. […]
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