EnTransit.ca Fragments

Prendre un café avec l’histoire

5 décembre 2013

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Tous mes copains ayant visité Buenos Aires étaient unanimes: il me fallait voir le Café Tortoni, sur l’Avenida de Mayo, malgré les nombreux touristes que je risquais d’y croiser.

Sitôt le pas de la porte franchi, je comprends pourquoi. Ce lieu qui a vu défiler les Carlos Gardel, Albert Einstein, Luciano Pavarotti, Hilary Rodham Clinton et de nombreux chefs d’état nous donne l’impression de prendre place dans un décor de cinéma.

Comme si elle avait lu dans mes pensées, Mercedes Gonzalez Bracco, sociologue qui m’accompagne dans cette expédition, lance : «Chaque fois qu’un film est tourné à Buenos Aires, on voit le Café Tortoni». D’ailleurs, une scène d’un récent long métrage de Francis Ford Coppola, Tetro, qui relate les péripéties d’un adolescent parti à la recherche de son frère aîné en Argentine, s’y déroule. Les personnages qu’on voit évoluer dans le récit habitent La Boca, un quartier populaire, mais viennent célébrer le 18e anniversaire du jeune homme dans ce lieu mythique.

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Inauguré en 1858, le café Tortoni porte le nom d’un établissement parisien qui était fréquenté par les hommes de lettres jusqu’à 1887. Dans les années 1920, le Cercle des Gens des Arts et des lettres se met à se réunir dans le sous-sol du Tortoni. Outre les Argentins Jorge Luis Borges et Carlos Gardel, plusieurs artistes internationaux y sont reçus, notamment l’Américaine (et bientôt Française) Joséphine Baker et l’Italien Luigi Pirandello (Prix Nobel de littérature en 1934). Il est aujourd’hui possible de voir des spectacles de tango en soirée.

De nombreuses photos et toiles témoignent des belles années du café. Un buste de Borges, réalisé par le sculpteur Juan Carlos Ferraro, trône dans l’une des extrémité de la pièce principale.

Autour de nous, la clientèle est hétéroclite: quelques têtes grisonnantes, une femme dans la trentaine avec son portable, un homme vêtu d’un complet, cellulaire collé à l’oreille, une jeune famille… Plusieurs touristes dans le lot, pas de doute là-dessus. Mais malgré tout, le charme des lieux opère.

Nous sirotons nos cafés con leche et reprenons notre route. En refermant la porte, je regarde l’avenue, ses boutiques et son agitation, et j’imagine quelques secondes l’époque où déambulait l’élite intellectuelle de la ville. J’entends presque la voix pénétrante de Carlos Gardel…

MJJJJJ

(Ce billet a d’abord été publié sur le défunt blogue EnTransit.ca le 15 novembre 2009.)

À découvrir également: Heureuse d’un printemps… argentin

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3 Commentaires

  • Répondre Amandine@Unsacsurledos 8 décembre 2013 - 5 h 16 min

    Je n’ai passé que deux petites journées à Buenos Aires, et n’ai en si peu de temps, pas pu découvrir cette ville et ses environs comme j’aurais aimé le faire. J’y retournerai sûrement, et je rajoute ce café à ma liste (mentale !) des choses à voir : le cadre à l’air emprunt d’un charme hors du temps ; j’aime beaucoup tes photos ^^

  • Répondre Pierre 19 décembre 2013 - 2 h 00 min

    Ha tiens je me suis arrêté quelques fois dans ce café.
    Merci pour toutes ces précisions que je ne connaissais pas.
    J’aime beaucoup ces endroits porteños un peu hors du temps, qui donnent l’impression des remonter dans le temps. On se sent dans l’Europe d’il y a cinquante ans (que je n’ai pas personnellement connu cela dit en passant).

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