NOTE: J’ai vécu l’expérience du train du Massif en janvier 2011 et 2012, mais les prochains départs auront lieu seulement en juin 2014. Par contre, la navette ferroviaire reliera Le Massif à l’Hôtel La Ferme dès le 21 décembre.
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L’une de mes grandes frustrations de Québécoise est de ne pas pouvoir me déplacer aisément en train dans la Belle Province. J’ai beau vouer un amour inconditionnel à ce moyen de transport, l’amour n’est pas suffisant pour faire pousser des rails partout où j’ai envie d’aller. Ni pour faire rouler des trains dessus.
Heureusement, je ne suis pas la seule à entendre des «tchou-tchou» dans mes rêves. Daniel Gauthier et l’équipe du Massif aussi! Le Train Le Massif de Charlevoix, qui relie Québec à La Malbaie depuis 2011, démontre que tout est possible. Même convaincre des visiteurs de découvrir cette région fabuleuse autrement qu’en voiture.
Prêt pour une «croisière ferroviaire»?
«Longtemps il m’avait semblé que les rails ne me chanteraient jamais autre chose que le bonheur.» –Gabrielle Roy (Le temps qui m’a manqué).
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Jeudi 26 janvier 2012, Parc de la Chute-Montmorency, 7h50. Encore habitée par cette citation de l’auteure manitobaine aperçue juste avant de monter à bord, je prends place à la table qui m’est assignée. Près de la fenêtre, trône un iPad destiné à informer les visiteurs des points d’intérêt qui ponctuent la route. «Il permet aussi de créer l’ambiance désirée», m’apprend plus tard la sympathique serveuse en jouant avec l’éclairage. La geek en moi jubile.
Alors que le train quitte tranquillement la gare, je me dis qu’il fallait être drôlement audacieux pour mettre en branle un projet de cette envergure au «royaume du char». Si, en Europe et en Asie, se déplacer en train va de soi, sur notre merveilleuse «planète» nord-américaine, le culte de la voiture transforme tout être humain en âge de posséder un permis de conduire en apôtre des Toyota, Chevrolet et autres Ford de ce monde. Pourtant, quoi de plus apaisant que de contempler le monde depuis le wagon d’un train? Et je ne parle même pas de l’aspect environnemental…
Nous passons devant la chute Montmorency. Aujourd’hui, Le Massif sera notre destination finale, mais le tracé s’étend jusqu’à La Malbaie. Il est possible de se rendre directement à l’hôtel La Ferme et d’emprunter les nouvelles navettes ferroviaires qui le relie à la montagne. Ainsi, un voyageur peut découvrir le secteur sans même devoir louer une voiture. L’amoureuse des trains (et anti-voitures) que je suis est conquise.
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Je prends mon premier café de la journée avec Jean-Luc Brassard, porte-parole du Massif (je sais, il y a pire). Ce dernier me raconte passer une bonne partie de l’hiver sur place.
Au moment où mon omelette (qui s’avérera aussi copieuse que délicieuse) m’est servie, je fais connaissance avec Nancy Belley, directrice générale. Rapidement, la discussion bifurque vers les voyages mythiques en train des quatre coins de la planète. Et sur ce rêve de voir se développer une véritable «culture ferrovière» ici aussi… *Soupir*
Pas de doute, je me trouve devant une réelle passionnée. Il faut dire qu’avant d’être recrutée par l’équipe du Massif en 2007, cette Charlevoisienne d’origine a passé plus d’une décennie à l’emploi de la Société des chemins de fer du Québec. Alors les trains, elle connaît. Les complications de notre réseau aussi. C’est pourquoi il lui est apparu rapidement nécessaire que le Massif acquiert les rails sur lesquels roule son train, même si cet achat ne faisait pas partie du plan initial. «Sinon, nous n’aurions pas été prioritaires», explique-t-elle.
Car l’une des raisons des retards fréquents expérimentés par les voyageurs en train au Canada vient du fait que les rails appartiennent au Canadien National (CN) et au Chemin de fer Canadien Pacific (CFCP). Autant dire «les marchandises avant les humains». Les autres compagnies sont de simples «locataires» (sauf exceptions – Via Rail a par exemple fait l’achat de parties de voie ferrée).
Mais revenons au train du Massif. La gastronomie est également au coeur de l’expérience à bord. Ici, les repas sont inclus dans le prix du billet. «Nous voulions que les gens puissent vivre l’expérience totale, que tout le monde ait le sentiment d’être un VIP, m’explique Nancy Belley. C’est pourquoi nous avons une cuisine par wagon.»
Le chef Turcot et son équipe mitonnent les repas dans les cuisines du Manoir Richelieu. La cuisson est terminée à bord.
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Le soleil se mire dans le fleuve. L’eau et la glace morcelée donnent un relief unique au paysage, me poussant à des élans d’impolitesse inouïs. Je m’excuse auprès de mon interviewée en dégainant tour à tour mon réflex et mon iPhone pour croquer un énième bout de paysage. C’est beau. C’est tellement beau!
Nous arrivons à la gare Grande-Pointe peu avant 10h. J’ai à peine grignoté la moitié de mon assiette, tantôt captivée par mon interlocutrice, tantôt par les panoramas.
Sourire au visage, les passagers filent vers les pentes de ski. Moi, je testerai la luge après avoir scruté l’horizon depuis le sommet. Et si d’autres rails se mettaient à pousser?…
En attendant, je lève ma tuque à l’équipe du Massif!
Pratico-pratique:
• Il semblerait que mon enthousiasme pour les voyages en train ne soit pas partagé par la majorité… L’été dernier, des coupures ont été annoncées et le train n’est plus fonctionnel l’hiver. Prochains départs: juin 2014. Vraiment dommage, c’était si beau l’hiver!
• Le trajet totalise 140 km entre Québec entre La Malbaie, dont 85 en bordure du fleuve. De leur fenêtre, les passagers peuvent admirer la chute Montmorency, l’Île d’Orléans, la réserve du Cap Tourmente, la Petite-Rivière-Saint-François, Baie-Saint-Paul, l’Isle-aux-Coudres, Saint-Joseph-de-la-Rive, Saint-Irénée et La Malbaie.
• Le train compte huit wagons et peut accueillir un maximum de 492 passagers. Il appartenait auparavant à Chicago transit. Il a été entièrement restauré et adapté aux normes d’ici.
• Les navettes ferrovières proviennent d’Allemagne.
• La clientèle qui a le plus rapidement été séduite par le train du Massif? Les baby-boomers. Je vote pour qu’on s’y mette tous pour faire baisser la moyenne d’âge. 😉
• Les prix varient selon le type de forfait choisi. Les détails pour la saison 2013-2014 sont ici.
J’étais l’invitée du Massif. Toutes les opinions émises sont entièrement les miennes.
(Une première version de ce billet a été publiée sur le défunt blogue EnTransit.ca le 30 janvier 2012. Des mises à jour ont été faites le 15 décembre 2013.)
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