La plupart des gens n’ont pas idée à quel point les équipes de production québécoises font régulièrement de petits miracles en tournage à l’étranger. Très souvent, je pense à cette «légion» de la télévision française croisée à Tokyo il y a quelques années. J’ai arrêté de compter le nombre de techniciens quand j’ai manqué de doigts. Ici, les équipes envoyées sur le terrain sont souvent composées de quatre personnes (incluant l’animateur). Au Québec, les budgets faméliques obligent nos artisans à user d’imagination. À être fichtrement en forme, aussi, puisque les pauses sont rares pendant le séjour. Et les journées de congé, encore plus…
De petits miracles, disais-je. C’est la réflexion que je me passe chaque fois que je visionne un épisode de Corps et monde (diffusée à TV5*, mais que je regarde sur TV5video.ca), tourné en six jours (et avec énormément de contenu). J’ai eu la même pensée après avoir terminé le quatrième épisode de Tamy @ Royaume-Uni, hier soir. Non, l’émission n’est pas accessible en ligne. J’ai eu un accès privilégié à trois des quatre premiers épisodes de la série (Brighton, Kent et Belfast), diffusée à Canal Évasion depuis le 13 mars.
Tournée en deux mois (ce qui est plus que bien des émissions du genre), Tamy @ Royaume-Uni a comme objectif de démontrer l’utilité de la technologie et des médias sociaux en voyage. «Durant les 13 épisodes de la série, les téléspectateurs parcourront le Royaume-Uni de long en large aux côtés de Tamy, qui s’en remet à sa communauté en ligne», annonce le communiqué de presse. Pour moi, l’intérêt premier est plutôt la spontanéité de l’émission. On sent que, malgré les recherches, l’équipe s’est laissée portée par les rencontres et les événements. Ça fait un bien fou.
Tamy voyage comme la majorité des gens que je côtoie (toutes générations confondues – va-t-on arrêter de dire que c’est seulement une affaire de «jeunes»?). Téléphone intelligent à la main, elle utilise les réseaux sociaux, le Web et des applications mobiles pour trouver de bons plans et partager ses trouvailles. Surtout, elle demeure ouverte à l’imprévu.
La portion la plus délicieuse des trois épisodes visionnés reste cependant une rencontre planifiée, celle avec Tony Pine qui a lancé la station-pirate Radio City dans les Maunsell Sea Forts (aujourd’hui à l’abandon), au large de la côte de Whitstable, dans les années 1960, et son acolyte Bob Le-Roi. Toutefois, jusqu’à la dernière minute, on ne sait pas si l’animatrice pourra aller voir les forts de plus près à cause des conditions météos.
Dans le premier épisode, j’ai aimé la voir suivre ce Québécois de St-Félicien rencontré dans un café. À force de vouloir tout prévoir, on perd l’essence même du voyage. On comprend le contexte quand il s’agit d’une émission de télévision: les diffuseurs ont besoin de s’assurer qu’ils auront le résultat escompté, de là la scénarisation – parfois à outrance – qu’on impose aux équipes. Mais du hasard et des élans spontanés (parfois facilités par les réseaux sociaux) naissent plusieurs des souvenirs qui nous feront encore sourire des années plus tard. J’aime cette magie dans la vie; je l’apprécie tout autant à l’écran.
Cela dit, la spontanéité a les défauts de ses qualités. On assiste à des moments forts, mais aussi à des scènes moins enlevantes. Les épisodes de Tamy @ Royaume-Uni sont inégaux. Est-ce grave? Non. Parce qu’on sent l’authenticité de l’aventure.
Un bémol: la technologie prend à mon avis trop de place. Si j’ai envie qu’on m’explique une application, j’irai voir en ligne. À l’écran, je préfère de loin découvrir ce qu’elle a permis de faire/dénicher. La techno est un moyen fabuleux pour parvenir à ses fins et non une fin en soi. Elle permet de faciliter les recherches, de casser la glace, de trouver des informations et de partager ses coups de coeur.
Par exemple, j’aime apprendre que la fascination de Tamy pour les Maunsell Sea Fort a débuté par un article de Buzzfeed et la voir photographier/Instagramer/géolocaliser l’endroit (sans trop insister), mais pas qu’on m’explique le fonctionnement d’un site ou d’une application (c’est du temps de «découverte terrain» en moins!). De plus, tout bouge tellement vite que les infos deviennent rapidement périmées, comme pour l’app Hotel Tonight, qu’on voit dans le premier épisode. Au moment du tournage, il était possible de réserver une chambre à partir de midi, alors qu’on peut le faire maintenant dès 9h. Sur le web, il suffit de quelques secondes pour mettre ce type d’info à jour. À la télé, on risque de voir passer l’info périmée pendant quelques années à cause des rediffusions.
Parmi les points forts, mentionnons également la signature visuelle et l’utilisation des tweets et icônes de géolocalisation. Le montage est rythmé et efficace. Par contre, je préfère Tamy beaucoup plus en interaction qu’en narration.
Si je regarderai les prochains épisodes? Si on peut les visionner en ligne, il n’y a aucun doute là-dessus (à quand une solution accessible à tous?)!
Réjouissant de voir une émission plus proche de la réalité de bien des voyageurs (technologie ou pas), avec une animatrice qu’on laisse être elle-même.
- Jeudi 3 avril 2014, 20h
- Vendredi 4 avril 2014, 8h
- Samedi 5 avril 2014, 18h
- Dimanche 6 avril 2014, 9h
Les autres (comme moi) devront se contenter des extraits qui se trouvent sur le site Web (avec ses adresses) et des carnets de voyage (qui m’ont agréablement surprise, soit dit en passant).
*J’anime les réseaux sociaux de TV5. Personne ne m’a demandé de mentionner Corps et monde ici.
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