Le camping et moi, ce n’est pas exactement une histoire d’amour. J’ai d’atroces souvenirs de matelas et de sacs de couchage trempés par la pluie, de bruits suspects (j’ai toujours dit qu’il était plus probable que je meurs de trouille que dévorée par un loup) et de nuits à grelotter même habillée… comme un ours.
J’ai accepté de dormir sous une tente deux fois au cours des 20 ans: la première, parce que j’étais très amoureuse, la deuxième, parce que la famille de l’amoureux, de passage au Québec, voulait absolument vivre l’expérience du camping.
Heureusement, il y a aujourd’hui l’option du glamping. En 2011, j’ai dormi pour la première fois dans une cabane dans les arbres, puis dans une yourte. L’année dernière, j’ai roupillé entourée de caribous au Zoo sauvage de St-Félicien, dans une tente de prospecteur munie d’un lit très confortable, façon amérindienne.
Voilà que je remets ça: ce soir, je jouerai les Huckleberry Finn dans les nouvelles cabanes des Refuges perchés Mont-Tremblant, et je testerai pour la première fois la formule «prêt-à-camper» de la Sépaq (il y a même du chauffage!) demain.
Une chose ne disparaît pas, malgré le confort: ma phobie des ours.
Afin de me calmer un peu (on inspire, on expire, on inspire, on expire…), j’ai consulté à nouveau le site du Ministère Ressources naturelles et Faune:
Que faire en présence d’un ours noir
Voici quelques recommandations importantes à respecter si vous rencontrez un ours :
• Restez calme et évaluez la situation. (Ben oui, toi!)
• Si l’animal est loin et qu’il ne vous a pas encore vu, parlez-lui doucement pour qu’il vous identifie en tant qu’humain. Retournez d’où vous venez et attendez qu’il soit parti ou prenez un autre chemin pour le contourner. En tout temps, gardez le contact visuel avec lui pour voir sa réaction. (Allô, M. l’ours! Je ne voudrais surtout pas vous déranger, je veux seulement vous signaler que je suis un Humain de la planète Terre et que j’ai beaucoup trop mangé de cochonneries dans ma vie pour constituer un repas équilibré. Veuillez agréer l’expression de mes sentiments distingués… et un peu paniqués, quand même. Ça vous gêne si je ne vous embrasse pas avant de vous quitter? P.S.: J’ai cru plus prudent de vous vouvoyer. Après tout, on a pas gardé les cochons ensemble!)
• Si vous surprenez un ours et que celui-ci se montre agressif, reculez lentement tout en lui parlant. Mettez de la distance entre lui et vous. Ne le quittez pas des yeux. Le fait de s’éloigner de lui peut le rassurer et le calmer. (Lentement… Qui peut arriver à reculer LENTEMENT en se retrouvant nez-à-nez avec un ours???)
• Évitez de crier et de courir car cela l’encouragera à vous poursuivre, sauf si vous pouvez très rapidement gagner un lieu sûr. (C’est sûr, une tente chauffée?)
• Si votre éloignement ne calme pas l’animal et que celui-ci manifeste une grande agitation, c’est qu’il s’agit probablement d’une femelle qui craint pour la sécurité de ses petits. Dans une telle situation, continuez de vous éloigner d’elle sans courir, tout en gardant un contact visuel avec l’animal. (Maaan…)
• Si un ours vous suit de façon insistante, faites-lui face et montrez-vous imposant. Agitez les bras au-dessus de votre tête. Parlez fort. Tentez de l’impressionner. Avec un bâton, tapez sur les arbres ou au sol. Cela devrait suffire à le faire fuir. (Cela DEVRAIT suffire… Après, priez!)
• En cas d’attaque :
◦ Utilisez une bonbonne de poivre de Cayenne si vous en avez une en votre possession. Visez les yeux. Profitez de son inconfort pour quitter les lieux rapidement. (J’ai le droit de courir, là?)
◦ Défendez-vous avec tout ce que vous avez sous la main (roche, bâton, hache, rame, etc.). (Un iPhone, ça compte-tu?)
Puis, j’ai eu une pensée pour Boucle d’or, la pas stressée qui s’endort chez les ours. En la googlant, j’ai réalisé que le conte qu’on m’a lu, enfant, compte en fait plusieurs versions. Dans l’une d’elle, elle ne s’enfuit pas en courant: elle se fait dévorer (dans la version XXX aussi, mais c’est une autre histoire). DÉ-VO-RER. Comme dans: «ajoutons un peu de protéines à notre gruau!»
Man.
Il me reste une heure pour dénicher une bonbonne de poivre de Cayenne et mémoriser la liste des choses à faire selon les différents scénarios.
J’inspire, j’expire, j’inspire, j’expire…
(Une première version de ce texte a été publiée sur EnTransit.ca le 4 août 2011.)
MÀJ: Gary Lawrence vient de me refiler cette capsule du Prof dans le bois. À voir (surtout pour la performance magistrale de l’ours)!
À lire également: Ma nuit dans une cabane dans les arbres, Québec, je t’aime!, Huit idées pour une nuit inoubliable au Québec, Ma nuit avec les loups.
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3 Commentaires
Je campe depuis 50 ans. Jamais vu un ours.
[…] peur d’un million de trucs en voyage. Me faire voler, agresser, attaquer par un cours (je sais, ça n’arrive JAMAIS. Mais dans mes cauchemars, ç’arrive TOUT LE […]
[…] À lire également: Prêt à camper? (sur Avenues.ca), 47 coups de coeur au Québec, Huit idées pour une nuit inoubliable au Québec, mon expérience en formule «prêt-à-camper» au camping Mer et monde, Alfred le voisin d’Oscar: le fjord à nos pieds, ma nuit dans une bulle de Canopée-Lit, Ma nuit dans une cabane dans les arbres, Et si Boucle d’or ne s’était pas endormie? […]