Une boîte de nuit de Santo Domingo, en plein mois de décembre. Pendant que les copains tentent de suivre les mouvements de leurs partenaires sur la piste de danse, je reste dans l’ombre, sirotant mon cocktail de touriste, un bon vieux piña colada (absolument pas typique). Ça m’amuse toujours d’observer la vie nocturne un peu en retrait, comme si je ne faisais pas vraiment partie de la scène. Les jeux de séduction. Les intrigues qui se tissent. La conscience du corps. Les touristes qui tentent d’imiter les mouvements des «locaux»…
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Je viens de passer une semaine en République dominicaine pour tourner deux épisodes d’une série documentaire sur le commerce et le tourisme équitable. En quelques jours, j’ai rendu visite à des producteurs de café en montagne (merveilleuse randonnée!) et à des travailleurs des industries du cacao, des bananes et du tourisme. J’ai dormi chez l’habitant et dans de petits hôtels, parfois avec des colocataires illicites (je préfère de loin les coquerelles aux punaises de lit, remarquez!). J’ai savouré des avocats juste à point arrosés de citron (qui me font toujours rêver des années plus tard!) et engouffré des plats en sauce à base de porc dont je me serais bien passé. J’ai aperçu des coqs prêts à aller au combat, et d’autres passer de la cour arrière à mon assiette (je me demande encore lequel était le plus malchanceux). J’ai pris des tas de photos de gamines ricaneuses et d’enfants jouant au baseball, le sport national.
Bien avant de voir ses plages de rêve, j’ai vu ses montagnes et j’ai rencontré ses habitants. Est-ce pour cette raison que je me refuse à voir la République dominicaine comme une simple «destination soleil»? J’ai beau aimer les beaux hôtels, bien manger et me prélasser sur des plages idylliques, rien ne vaut pour moi ces moments à observer «la vraie vie». À m’approprier des petits bouts du quotidien.
La formule tout compris? Oui, j’aime bien moi aussi de temps en temps. Mais un hôtel n’est pas une prison! Pourquoi se confiner à l’expérience proposée entre ses murs alors qu’il y a tant à voir, à sentir, à goûter?
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On m’invite à danser. Je refuse poliment, puis me ravise.
Je tente maladroitement d’accorder mon pas à celui de mon partenaire. La taille de la «bulle» varie d’une culture à l’autre; je l’ai compris il y a longtemps. À ce moment précis, j’ai l’impression que la mienne a volé en éclat. Faut-il vraiment danser SI près l’un de l’autre?… J’ai chaud.
J’éclate de rire. Le meringue demande un peu plus de fluidité que la danse des canards, dernière chorégraphie que j’ai «maîtrisée». Je ne serai jamais à l’aise sur une piste de danse (sauf en Inde – je semble NÉE pour être une star bollywoodienne!), surtout dans ces pays où l’on apprend à se trémousser avant même de parler.
Soudainement, c’est moi que j’observe en retrait en sirotant mon cocktail de touriste. J’ai l’impression de voir une extraterrestre tentant de dissimuler la verdeur de sa peau. Une lutteuse de sumo entourée de ballerines. Une toupie dans un cours de yoga!
Je ris parce que c’est exactement pour ça que je voyage: me faire secouer les puces. Pour balancer mes évidences, mes acquis et mes limites et me concentrer sur la musique. Quitte à être cette fille, dans le coin de l’image, qui tente d’imiter les mouvements des locaux avec l’aisance d’une ex-pro de la danse des canards. 😉
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