Jamais on aura vu une émission d’humour avec un si beau décor. C’est le premier commentaire qui a traversé mon esprit alors que je visionnais le troisième épisode des Vacances de Monsieur Bruno dans la baie d’Along*, au Vietman. Peu après, toutefois, je me suis ravisée. Non ce n’est qu’une émission d’humour…
«C’est dur de lui mettre une étiquette, convient l’animateur, auteur et globe-trotter, qui a passé plus de 80 jours au Vietnam, au Cambodge et en Thaïlande pour le tournage. Il y a quelque chose d’à la fois très personnel et d’universel. D’arriver à faire de l’humour avec des gens qui ne parlent pas la même langue ni la même culture, c’est un défi en soi. De le faire dans un contexte de voyage, c’est extraordinaire. […] C’est le plus proche qu’on pouvait s’approcher d’une émission de voyage.»
En clair, vous aurez vraiment l’impression d’être sur la route avec Bruno Blanchet et son équipe, composée d’un réalisateur, d’un directeur photo et d’un preneur de son. Dans le premier épisode, nous pénétrerons même dans le «nid» de Bruno depuis un an, une chambre qui se trouve au-dessus du studio de boxe où il s’entraîne, en banlieue de Bangkok.
De l’écriture à la télé
«Les Vacances de Monsieur Bruno est née du plaisir de faire ce que j’aime: travailler en équipe et faire de la télé, poursuit le créateur. J’adore l’écriture, mais t’es tout seul longtemps quand t’écris. Toute mon expérience perso est dans ce show-là. J’ai vraiment voulu tout mettre. Nous avons écrit à mesure, comme pour La fin du monde. Nous avons déliré avec peu de moyens et vu du pays. Les gars avec qui je voyage sont des gens avec qui j’ai travaillé sur Partir autrement. Il fallait être solides.»
Quatre émissions ont été tournées dans chacun des pays visités. «Pour filmer là-bas, il faut être accompagné par un officiel du pays. Ils nous donnent un guide qui doit gérer les permis. Tourner dans un marché, par exemple, c’est problématique. Ils sont tous devenus nos amis au bout du compte et on les voit tous à l’écran!»
Nous aurons aussi droit à des incursions dans les coulisses. Dans le premier épisode, toute l’équipe aura par exemple droit à son verre de sang de serpent.
L’équipe s’est laissée porter par les événements et «revirée sur un dix cent» à plusieurs reprises, selon les dires de Bruno. «Quand on joue au football sur l’eau dans le troisième épisode, c’est un moment magique. On est tombés là-dessus par hasard. On leur a demandé de jouer avec eux.» Nous découvrirons par ailleurs que certains mots ayant la même prononciation en français et en vietnamien n’ont pas du tout la même signification (nah! je ne vous en dis pas plus!)…
Délire et complicité
C’est bien sûr une émission très inégale, à l’image de celui que plusieurs ont découvert dans La fin du monde est à 7 heures, diffusée à TQS de 1997 à 2000. Nous passons d’un moment de pur délire à une scène remplie d’émotion, ce qui n’étonnera guère le fan, mais risque de désarçonner le non-initié. «Chaque épisode est différent», insiste Bruno.
«La flexibilité d’une petite équipe et du scénario fait toute la différence, dit-il. On avançait, on savait ce qu’on pouvait en tirer, mais une fois sur place, il arrivait toujours quelque chose d’autres. Sur place, on allumait le kodak et on tournait.» Résultat: des moments uniques qui n’auraient pas pu être planifiés.
«Quand on est respectueux, les gens apprécient. On fait comme eux. Ça nous a ouvert les portes d’un paquet de gens qu’on va rencontrer cette année.»
Les voyageurs se retrouveront dans certaines scènes. C’est le cas dans la première émission, où Bruno se fait indiquer des directions différentes alors qu’il cherche son chemin, à Hanoi. Dans l’épisode tourné dans la baie d’Along, il dialogue avec un Vietnamien, alors que l’un et l’autre ne comprennent clairement pas les réponses de son interlocuteur. «Oui, je fais ça tout le temps», admet-il quand je lui pose la question. Parions qu’il n’est pas le seul.
Par contre, plus rares sont ceux qui goûtent à tout comme le fait Bruno. Certains plats sont d’ailleurs plus difficiles à «digérer» que d’autres, comme le chien qu’il goûte dans le premier épisode.
Bruno en 2014
Après avoir parlé du tournage pendant une bonne quarantaine de minutes, une question me brûlait les lèvres. Pourquoi faire cette émission maintenant, après toutes ces années sur la route? «Une question de maturité, peut-être. J’aurais peut-être eu peur, avant. Au final, il ne faut pas que ce soit un show à propos de moi. On part ensemble, on voyage avec Monsieur Bruno et sa gang, mais c’est un show à propos des gens qu’on va rencontrer et je pense que c’est sa force. On rencontre du monde pour vrai. On a des rencontres fabuleuses et des amitiés instantanées.»
Le globe-trotter travaille actuellement au montage d’une deuxième série tournée simultanément pendant ce voyage et qui sera diffusée sur Zeste en 2015. «Manger le monde, ce n’est plus Monsieur Bruno, c’est Bruno Blanchet qui est curieux et qui n’a pas trop de talent, mais qui apprend. Un maladroit qui ne se gêne pas pour se tromper! On va cuisiner le serpent ou les fourmis rouges. […] On fera vraiment des bouffes familiales. C’est fait dans la bonne humeur. On va acheter à manger, préparer le repas et le manger.»
Parlant de bouffe, impossible de ne pas amener le sujet de son snack bar à Bangkok, près de Khao San Road (quartier des backpackers) devenu le repaire des Québécois de passage et que nous pourrons aussi voir dans le premier épisode. «L’idée du resto était d’offrir un lieu où les gens pouvaient se rencontrer dans une atmosphère asiatique, mais en mangeant quelque chose qui ressemble à de la poutine en écoutant du Jean Leloup. Les gens me disaient «je ne rencontre jamais de Québécois». Je répondais «vous êtes tellement nombreux, comment ça?» Là-bas, les tables sont collées et tout le monde parle ensemble. Ça vire en party! Je vais faire un tour de temps en temps.»
Le Snack bar est tenu par la copine de Bruno et par son fils, Boris. Toutes les infos sont sur la page Facebook.
Quant à Bruno, il rentrera en Thaïlante au début d’octobre, où sa petite chambre et d’autres projets l’attendent.
«Toujours partir… Le voyage me troue le coeur des fois. Même quand je me promets de revenir», lance-t-il à la fin du premier épisode. We feel you…
Les Vacances de Monsieur Bruno sera présenté à Canal Évasion à compter du jeudi 11 septembre à 20h. L’émission est produite par Must média.
*Impossible d’être certain à 100% de l’orthographe: le Routard et Lonely Planet écrivent baie d’Along, l’UNESCO, baie d’Ha-Long et La Presse (du moins, dans un article), baie d’Ha Long.
P.S.: Attendez-vous à voir les coudes se lever et à quelques scènes de karaoké. 😉
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