De l’Abitibi, je connaissais surtout les mythes. Les moustiques. Les grands espaces. La forêt boréale. Les mines d’or. L’éloignement géographique. Le tour de la rue Principale en voiture dans certaines petites localités, hobby chéri autant par les jeunes qui viennent d’obtenir leur permis de conduire que par les familles. Le gigantissime feu de la Saint-Jean de Lebel-sur-Quévillon que j’ai eu l’occasion de voir de visu il y a une vingtaine d’année*.
Je suis partie de Montréal en autobus un matin de mai avec ma fille de huit ans pour aller voir voir un petit bout d’Abitibi, celui qui brille le plus: la Vallée-de-l’or. Intriguée par le mode de vie des mineurs, je voulais avoir un aperçu de leur quotidien.
Tourisme Abitibi-Témiscamingue m’avait en fait invitée à prendre part à leur «opération de charme». «C’est un peu comme La Petite Séduction, mais avec des blogueurs», avait résumé Anne-Marie Belzile, la relationniste. On peut dire que l’équipe de Tourisme Val-d’or avait mis le paquet: non seulement une immense suite nous attendait à l’hôtel Quality Inn & Suites, mais aussi un nouveau partenaire de voyage: Thé-eau-d’or l’orignal, magnifique peluche faite à la main par une créatrice de la région (on en trouve parfois à la boutique de souvenirs du centre d’information touristique). Maya l’a tout de suite adopté (et dort avec depuis).
Le premier matin, nous mettons le cap sur la Cité de l’or. Après avoir enfilé la combinaison, le casque de sécurité et accroché la batterie qui sert à alimenter la lampe frontale, nous filons sous terre. «J’ai mal aux oreilles!» lance ma fille alors que nous sommes à quelques mètres au-dessous du sol. Notre guide, Marie-Carmen, nous demande d’éteindre nos lampes. «Maintenant vous savez ce qu’est la vraie noirceur», dit-elle.
Une fois de retour «sur» Terre, nous quittons nos combinaisons pour découvrir ce qui se passe du côté du laboratoire.
En résumé: c’est compliqué. J’ai retenu que l’or n’a jamais l’apparence de l’or (!) et qu’il est plutôt jaune moutarde. Que les lingots d’or ne peuvent se transporter aussi facilement que dans les films (c’est lourd, ce truc!). Et que plusieurs étapes sont nécessaires avant de crier victoire.
La visite de Bourlamaque, village fondé lors de l’ouverture de la mine dans les années 1930, me ravit. Tant de travailleurs aux origines diverses se sont retrouvés parachutés dans ce monde à bâtir! C’est un condensé de l’histoire de l’immigration au Québec que je découvre. Ukrainiens, Russes, Slovaques, Bulgares… J’aurais aimé être une petite souris et voyager dans le temps pour me glisser dans la pièce où tous faisaient la pause lunch, dans la mine, pour voir comment ils arrivaient à communiquer.
Val-d’or branché
On ne «vend» pas l’Abitibi-Témiscamingue de la même manière aux touristes canadiens qu’aux Européens. Les grands espaces? Oui, bon, on en a un peu partout, hein. Des épinettes aussi. Alors pourquoi diantre devrions-nous parcourir tous ces kilomètres (525,3 depuis Montréal)? Parce qu’en plus de la nature, il y a l’histoire, à commencer par celle des autochtones, dans la région depuis plus de 7000 ans. Parce qu’au Témiscamingue, se trouve un ancien poste de traite, qui a joué un rôle stratégique important entre les Anglais et les Français pour le monopole du commerce des fourrures dans l’Outaouais et la Baie d’Hudson. Parce que si les villes sont des «petites jeunes», elles n’en restent pas moins des pionnières en matière d’intégration multiculturelles. Parce qu’on y trouve aujourd’hui un festival de musique unique, à Rouyn-Noranda, où les artistes émergents se paient la traite chaque année depuis 13 ans. Oui, plus on creuse, plus on réalise qu’il y a beaucoup plus à découvrir que ce qu’on imaginait.
Chose certaine, tant les touristes d’ici que d’ailleurs prennent plaisir à découvrir les nouvelles tables de la région. À Val-d’or, les amateurs de bière artisanale ont par exemple leur repère, Le Prospecteur, lieu que j’ai adoré, même si je ne suis pas une fan de houblon.
Mon gros coup de coeur? Sans doute Choco-Mango, tenu par la chaleureuse Olga Coronado-Mijangos. Originaire du Guatemala, elle vit en Abitibi depuis une vingtaine d’années, quand son mari médecin a été embauché par l’hôpital. Le couple a choisi d’y rester même quand ses enfants ont quitté le nid familial.
Olga, c’est une vraie de vraie passionnée. De celles qui suit cours par-dessus cours pour parfaire son art et que tout inspire pour marier des saveurs. Ses gelatos sont divins, et surtout pas trop sucrés comme tant d’autres. Arrêt obligatoire pour une bouffée de bonheur assurée!
Les balbutiement d’un tourisme autochtone
Ce soir, je dors avec le capteur de rêves que j’ai fabriqué grâce à l’aide d’Elizabeth, une “côcom” (grand-mère) Crie et son conjoint, Alexis. Bonne nuit! #blogtrip #pistoi #TourismeAT
Posted by Taxi-brousse on 30 mai 2015
Départ en train de Senneterre, ce matin… Merci à tous ceux qui nous ont si bien accueillies, ma fille et moi! Je repars la tête pleine de souvenirs et d’idées pour mon prochain séjour dans la région. À bientôt? #TourismeAT #pistoi
Posted by Taxi-brousse on 31 mai 2015
Alors, le charme a-t-il opéré?
Sans aucun doute, et pas seulement parce qu’on nous a couvertes de cadeaux (un merci particulier pour le fabuleux livre de Mathieu Dupuis!). J’espère avoir bientôt l’occasion de visiter le Lieu historique national du Fort-Témiscamingue, de goûter le vin du Domaine DesDucs et de m’intéresser de plus près à l’archéologie de la région. #PisToi?
Les trois coups de coeur de Marie-Julie:
1- Olga de Choco-mango (et ses chocolats, bien sûr!)
2- Visite de la Cité de l’or et découverte de l’histoire de Bourlamaque
3- Atelier de capteur de rêve
Les trois coups de coeur de Maya, 8 ans:
1- Le Musée minéralogique de l’Abitibi-Témiscamingue à Malartic (surtout pour le simulateur de tremblements de terre!)
2- Ex-aequo: fabriquer un capteur de rêves et découvrir «Thé-eau-dore» dans notre suite!
3- Descendre dans la mine, «même si j’ai eu un peu peur parce que j’avais mal aux oreilles».
* Lebel-sur-Quévillon fait aujourd’hui parti de la Baie-James.
À lire également: Abitibi: on est dans le champ! (sur Avenues.ca)
J’étais l’invitée de Tourisme Abitibi-Témiscamingue et de Tourisme Val-d’or et j’ai touché une rémunération pour la rédaction d’un billet sur le blogue de Tourisme Abitibi-Témiscamingue présentant un de mes coups de cour. Mercis particuliers à Kristel et Nancy de Tourisme Val-d’or, à Anne-Marie et Réjean de Tourisme Abitibi-Témiscamingue et à tous ceux qui nous ont si généreusement accueillies!
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6 Commentaires
Hi hi, le tour de la principale est quand même mentionné! Bisous!
J’ai TELLEMENT pensé à toi! Imagine quand j’ai appris que Lebel-sur-Quévillon ne fait MÊME PLUS PARTIE DE L’ABITIBI!!!!!!!!
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