Huit ans. Fou, hein? En lançant ce blogue, j’avais envie de m’éclater. De m’exprimer librement, sans contraintes de temps, d’espace, de thèmes ou de pub*. Je rêvais de créer un lieu où je me sentirais chez moi et où je pourrais accueillir les passionnés de voyage et autres accros au choc culturel quand bon me semble.
Ce qui a changé sur la blogosphère depuis 2008? En résumé: tout (ou presque). Je ne reviendrai pas sur les observations faites ces dernières années (j’en ai notamment parlé dans le billet publié suite à mon premier TBEX en 2013 et dans «Fille de mots» en 2010), mais disons que pour les gens comme moi, qui font toujours passer le plaisir avant la business, il est facile de se sentir un peu perdu.
Je me fiche de bien des choses qui semblent si importantes aux yeux de la nouvelle génération de blogueurs, qui a conçu son site en pensant au SEO, PageRank** et autre ROI (Zzzzz…). Ce blogue m’a apporté tant de choses impossibles à mesurer! Ce n’est pas une entreprise que j’ai voulu bâtir, mais un lieu de création et d’échange. Mon «ultime espace de liberté», comme je me plais à le dire.
Je me suis résignée à acheter un nom de domaine et à créer une page Facebook pour Taxi-Brousse seulement en 2013 et je ne regarde à peu près jamais mes stats, sauf quand je publie un nouvel article (très sporadiquement: j’écris déjà de deux à trois textes par semaine pour la section Partir d’Avenues.ca, en plus de travailler sur des projets de livres, des articles pour des magazines, de préparer et présenter des chroniques dans différentes émissions de radio et de télévision… j’ai parfois aussi besoin de dormir!). Je me sacre éperdument du meilleur moment pour publier: pour moi, c’est quand je le sens (c’était autre chose quand j’animais les réseaux sociaux de compagnies, remarquez, mais pour mes projets perso, j’y vais au feeling bien plus qu’aux «c’est mieux»).
Je l’ai dit souvent: les recettes m’ennuient. Il m’arrive encore de faire des listes ou des tops, quand la forme me semble servir le contenu, mais de plus en plus rarement. À quoi bon, quand tout le monde fait la même chose? C’est d’ailleurs ce que je reproche à plusieurs nouveaux blogueurs: j’ai parfois l’impression qu’ils ont trop étudié le marché et pas assez ce qu’ils ont dans le ventre. Cela dit, je tombe encore sur des perles, de vraies plumes, avec de vraies voix et ça, ça réjouit. Oui, certains tentent encore de créer leur propre forme plutôt que de se laisser couler dans un moule! Le résultat n’est pas toujours concluant, mais on sent l’humain et le vécu. L’exploration dans l’écriture autant que sur le terrain. J’aime quand un blogue me donne l’impression d’entrer dans un univers à part (idem pour un livre ou une chronique).
Il m’arrive d’accepter des partenariats avec des marques, mais avec parcimonie. Je sais, je vous rabâche les mêmes rengaines à propos de mes convictions et de mes valeurs depuis 100 ans, mais ça reste important pour moi.
Quand j’ai lancé Taxi-Brousse, Facebook et Twitter en étaient à leurs balbutiements et Instagram n’existait même pas. J’ai vu une énorme différence au niveau des échanges et des commentaires quand tout le monde s’est mis à s’exprimer sur Facebook. Oui, il m’arrive parfois d’être nostalgique. Mais pas seulement de la blogosphère d’antan: aussi du caractère intime des réseaux sociaux, qui ont tous pris une tournure plus «business» au fil du temps (coudonc, ça existe encore quelque part, une simple cours de récré? Ah oui: sur Snapchat…).
Par ailleurs, exprimer une opinion en 2016 est presque aussi risqué que traverser une rue en Asie du Sud-Est: on ne sait jamais ce qui nous foncera dessus. Ne rien dire alors que les réseaux s’enflamment pour une cause ou une actu est presque pire: on DOIT avoir un avis, non (j’ironise, bien sûr… mais à peine)?
Ces dernières années, plusieurs se sont questionnés sur la pertinence de tenir un blogue alors que les réseaux sociaux nous permettent de nous exprimer à tout vent. Pour moi, la question ne se pose pas, puisque mes intentions sont les mêmes qu’au premier jour:
Cette fois, j’ai vraiment trouvé l’angle qui me permettra de maintenir le cap : le choc des cultures. Car ma grande passion reste l’exercice de « jonglerie mentale » perpétuelle à laquelle se livre le voyageur. C’est avec des points d’interrogation plein la tête que je me sens le plus vivante. Je les laisse me guider, un peu comme les flèches peintes sur le sol dans les lieux touristiques. Une question en amène une autre, qui m’amène ailleurs… […] c’est là tout le plaisir du voyage. Le choc des idées, la perte des acquis, la notion du temps qui s’étire et se rétrécit sans crier gare. Les certitudes qui n’en sont plus. Le chaos est une drogue dure et j’ai choisi ma dépendance il y a longtemps.
(Extrait de mon premier billet, Le grand saut, publié le 24 mars 2008)
Huit ans plus tard, je suis plutôt fière d’avoir maintenu le cap malgré vents et marée. J’ai pris (et je prendrai encore) bien des détours, mais l’essence reste la même: le désir autant que le vécu, le rêve autant que la réalité.
Merci d’être (toujours) là! 🙂
* Ayant travaillé plusieurs années pour des magazines féminins, j’ai dû mettre de côté, au fil des ans, certains sujets qui auraient pu rebuter certains annonceurs… (Non, les lecteurs ne savent pas tout.)
** Déjà obsolète!
À lire également: Le grand saut (mon premier billet!), Taxi-Brousse a enfin sa page Facebook, Mes (presque) neuf ans sur Twitter, Les coulisses de la vie d’une chroniqueuse voyage, Taxi-Brousse a six ans!, Bientôt cinq ans de Taxi-Brousse,
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4 Commentaires
Taxi-Brousse célèbre ses 8 ans ? En soi, comme durabilité, c’est déjà un accomplissement. Vu votre élan actuel dans plusieurs médias, on ne peut voir qu’un futur intéressant pour votre blogue.
Personnellement, je ne vous connais que depuis un an (il y a toujours des gens en retard ;-)) environ et je n’avais jamais consulté de blogue-voyage avant. Depuis ce temps, je me suis surpris à m’y intéresser de plus en plus. Finalement, voyager par procuration, dans des endroits qu’on ne connait pas, ça peut être intéressant, surtout si le blogueur nous fait part de ses impressions, de l’atmosphère de l’endroit et pas uniquement de la liste des lieux visités.
C’est un plaisir de réagir régulièrement (trop ?) à vos publications diverses. Vous êtes souvent spontanée et ça donne le goût de l’être aussi. En plus, vous avez la générosité de répondre très souvent à vos abonnés, malgré un emploi du temps chargé (on n’a qu’à voir l’heure de certaines de vos publications quand vous êtes en voyage).
Ce qui est un peu spécial en vous suivant régulièrement, c’est qu’on a l’impression d’apprendre à vous connaître peu à peu avec le temps. Donc, si jamais je vous rencontre un jour par hasard, ne vous surprenez pas si je vais vous dire bonjour. Vous vous demanderez, c’est qui lui ? mais moi j’aurai l’impression de croiser une amie.
Très bonne continuité pour Taxi-Brousse !!
Ça, c’est le plus beau des commentaires! Merci! Je dis toujours que la différence majeure entre le journalisme et le blogging est la compicité qu’on développe avec les lecteur. C’est un échange enrichissant pour tout le monde. Au plaisir de vous croiser un de ces jours!
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