Tout grand voyageur a eu à expérimenter à un moment ou à un autre le système de santé des pays étrangers. Pour ma part, j’ai passé une semaine à l’hôpital à Taïwan à cause d’un ulcère de la cornée (merci aux médecins qui ont sauvé mon oeil!) et me suis retrouvée très souvent dans des cliniques pour différents petits bobos, d’une blessure infectée à quelques « sympathiques » compagnons de route illicites qui s’étaient frayés un chemin dans mon ventre à Ouagadougou, en passant par une intoxication alimentaire en Thaïlande et une déshydratation post-gastro en Floride.
Je ne calcule plus le nombre de fois où je me suis retrouvée alitée dans des chambres d’auberge ou d’hôtel, grelottante à cause de la fièvre (comme sur la photo qui se trouve en haut de cet article). Sans parler des visites chez le médecin à cause des otites de ma fille, qui aime un peu trop la mer et les piscines!
Mes constats, après une quinzaine d’années de voyage?
1) Même si on essaie de réduire les bagages au maximum, il est important d’apporter une trousse de premiers soins (surtout pour quelqu’un comme moi qui est allergique à un ingrédient qui se retrouve dans plusieurs médicaments).
2) Une assurance santé est essentielle. Sans assurance, j’aurais déboursé une fortune au fil des ans!
3) Mieux vaut ne pas prendre de chances. Avant de visiter une contrée plus exotique, je consulte un médecin dans une clinique santé voyage afin de pouvoir partir avec quelques médicaments de base et m’assure d’avoir tous les vaccins recommandés (à jour) pour le type de voyage que je m’apprête à faire.
4) Le système de santé à l’étranger est souvent bien plus efficace que le nôtre (même dans le système régulier dans plusieurs contrées). Pendant mon hospitalisation à Taïwan, j’ai été traitée aux petits oignons. Chaque fois que j’ai dû voir un médecin en Floride, le temps d’attente était très court et le personnel, avenant. À Paris, alors que je combattais un virus, un médecin est venu m’examiner à l’hôtel. J’ai aussi vu un médecin à l’aéroport Charles-de-Gaulle, qui m’a déconseillé de prendre mon vol à cause d’une otite. À Cuba, une amie a eu des points de sutures après une chute dans un escalier glissant quelques minutes après s’être pointée à la clinique. Et ce ne sont là que quelques exemples!
Comme je ne suis pas la seule à avoir connu toutes sortes de galères à l’étranger, j’ai demandé à des blogueurs de me raconter leurs mésaventures et, surtout, comment ils s’en sont sortis.
Sans assurances en Asie
« Alors que je retrouve ma meilleure amie, infirmière comme moi, en Inde, nous devons rejoindre le Laos où elle a un pied-à-terre, via la Thaïlande. Mais dès la première nuit à Bangkok, elle tombe gravement malade. L’importance de ses symptômes nous conduisent à chercher un hôpital sérieux dans la mégalopole tentaculaire, et nous sommes orientées par nos hôtes au Mission/Adventist Hospital. Notre première impression est bonne : les infrastructures et les soins semblent être de la même qualité qu’en France. On nous informe qu’elle doit rester hospitalisée plusieurs jours mais… elle n’a pas d’assurance! Le personnel nous rassure, sans nous donner le prix de journée.
L’urgence passée, je me renseigne sur le coût journalier du séjour et constate avec effroi qu’il est à peu de chose près le même que dans un service de médecine français, à savoir de près de 1000 euros par jour! L’état de ses finances nous oblige à renoncer à l’hospitalisation, avec un relais des perfusions par voie orale.
Quelques jours plus tard, tout juste arrivées au Laos, la maladie reprend de plus belle : une nouvelle hospitalisation s’impose. Le coût est moins élevé, mais reste prohibitif : nous choisissons de venir faire les perfusions plusieurs fois par jour à la clinique, plutôt que de rester à l’hôpital.
Finalement, elle sera guérie au Laos grâce à de bons médicaments, et non pas les contrefaçons qu’on nous a servies à Bangkok ! Mais elle n’a plus un sou en poche. Le tout lui aura coûté près de 3000 euros…»
Aurélie, Ailleurs sur terre
Lost in translation en Slovaquie
« Juste après mon bac, je m’envole pour Nitra, petite ville étudiante de Slovaquie, en tant que volontaire européenne. Je partage l’appartement, le travail, les loisirs et les voyages avec deux autres volontaires : Martin l’Allemand et Elizabeth la Danoise. Des liens se tissent et rapidement nous devenons de véritables amis. Nous partageons rires, confidences, doutes et amours. C’est pour ça, que lorsqu’Elisabeth m’a demandé de l’accompagner à la pharmacie pour acheter une pilule du lendemain, je n’ai pas hésité à l’accompagner.
Arrivées en Slovaquie depuis quelques semaines à peine, notre vocabulaire slovaque était assez limité : “bonjour”, “merci”, “bonne nuit”, “après”, “peut-être”… Armées de ces quelques mots, de son désespoir et de notre optimisme nous nous dirigeons à la pharmacie de quartier en espérant qu’elle soit vide et que quelqu’un y parle anglais. Ouf, nous sommes les seules clientes ! Par contre, aucune des deux pharmaciennes ne parle anglais, a allemand, français et encore moins danois ! Nous voilà donc à mimer un “bonjour, je voudrais une pilule du lendemain s’il vous plaît”. Pour être plus claires nous utilisons les quelques mots de slovaque que nous connaissons.
Je vous laisse imaginer la scène : deux jeunes filles mimant un gros ventre, une pastille et en disant “bonne nuit, peut-être, après”… Au fur et à mesure la pharmacie se remplie et voilà que tous les clients essaient de comprendre notre problème. Quelques minutes plus tard, une étincelle illumine les yeux de la pharmacienne. Ça y est, elle a compris ! Les sourires s’affichent sur les visages, des mots que nous pensons d’encouragement nous accompagnent jusqu’à la sortie. Encore une fois nous avons réussi à vaincre la barrière de la langue!
De retour à la maison le sourire de ma coloc s’évanouit : dans la boîtes il y a DEUX pastilles ! Evidemment les instructions sont écrites en langues slaves et à l’époque nous n’avions ni internet ni smartphone… Après l’avoir joué à pile ou face, Elizabeth se sert un grand verre d’eau et avale les deux pilules. Neuf mois plus tard aucun bébé n’est venu au monde et dix ans après cette expérience nous ne savons toujours pas si ma coloc’ a vraiment pris des pilules du lendemain ou des médicaments contre la constipation ! »
Céline D., Voyages d’une plume
Efficacité thaïlandaise
« Jeudi soir, il me vient une petite crampe d’oreille suivie d’un chatouillement que je ne connais que trop bien. Une otite se prépare dans mon oreille droite et elle ne rigole pas. Seul hic : je suis sur une île paradisiaque en Thaïlande et l’idée d’avoir à affronter un système médical étranger ne m’intéresse pas plus qu’il faut. Je connais toutefois mon corps et je sais qu’elle ne me laissera pas tranquille, cette otite, sans que je ne la gave de médicaments et de gouttes… C’est ainsi que Ze homme et moi prenons samedi soir un taxi pour le Bangkok Hospital de Koh Samui. […]
Quelques instants plus tard, une infirmière me prend à part pour me poser quelques questions sur ce qui m’afflige dans un anglais impeccable. Je suis impressionnée par la qualité du service. […]
Pas plus de 15 minutes s’écoulent entre le moment où j’ai posé pied sur le parvis de l’hôpital et celui où le médecin me tâte l’oreille. Je rêve ! (En plus, un spécialiste dès le départ, il faut vraiment être en Asie pour vivre ça!) Il m’ausculte et me nettoie l’oreille avec des appareils à la fine pointe de la technologie que même mon ORL n’a pas à Montréal. Il m’explique en long et en large (encore dans un anglais impressionnant) ce que j’ai, comment il va le traiter, ce qu’il me conseille pour l’avenir, quoi faire et ne pas faire pour améliorer mon sort. Je reste sans voix (et ça ne m’arrive pas souvent !!!!) à ma sortie du cabinet, jamais je n’ai eu droit à un pareil traitement, pas même au privé au Québec.
L’’infirmière m’escorte jusqu’à la caisse (eh ben !), où on me remet ma facture équivalant à moins de 150 $ CDN, incluant les gouttes, les anti-inflammatoires et les antidouleurs. Pas mal pour un tel service ! On me remet également lesdits médicaments dans un beau petit sac en toile au logo de l’hôpital avec des directives claires imprimées en anglais. […] J’ai vraiment mal jugé le système de santé thaï, mea culpa ! »
Jennifer Doré Dallas, Moi, mes souliers (Pour lire l’histoire en entier, par ici.)
Une belle jambe à Lisbonne!
« Une infection à la jambe. Ma cheville a triplé, elle était brûlante, j’avais des cloques énormes, c’était très moche. J’avais contracté un staphylocoque doré… C’était à Lisbonne. Google Traduction a été d’une aide précieuse pour comprendre la doctoresse !
J’ai pensé à sectionner le bout de ma jambe pour en être débarrassée. Imaginez le nom de mon nouveau blog : “Le voyage d’une unijambiste”, “Moignons et sac-à-dos”, “Au bout du monde à 3 pattes”… Bref, je me suis consolée par le plaisir des yeux, les cheveux au vent ! »
Pauline, Madame Bougeotte (Pour lire le billet dans lequel elle mentionne cette histoire, par ici.)
Mauvaise décision à l’île de La Réunion
« Ça se passe à la Réunion, au cirque de Mafate. Là-bas les dénivelés, c’est pas pour rigoler. Je suis avec un groupe de potes, on rigole, on est contents. On démarre par une descente de folie et puis crack: c’est la cheville qui part. Aïe ! J’ai mal. Ma cheville est chaude, le groupe est chaud.
Première décision à prendre : rentrer ou continuer ? Mauvaise réponse: continuer. À la pause repas, c’est mort, la cheville est bloquée. Je me dis: “wouaw ! bonne idée d’avoir fait le dur !”. Deuxième décision : rentrer ou continuer ? Bonne réponse : rentrer. Ouais mais il aurait fallut y penser plus tôt en fait ! Le retour sera difficile et il me faudra de l’aide et beaucoup de chance pour sortir du cirque sans plus de galères. Une bonne leçon… »
Samuel Bourille, Les vents nous portent (Pour connaître tous les détails de l’histoire, par ici.)
Atterrissage forcé à Moeraki Boulders, en Nouvelle-Zélande
Yannick (moi) : Je veux faire une photo marrante comme les Chinois pour mettre sur Facebook!
Prisca : Allez.. Vas-y, fais un joli saut du haut d’un boulder en repliant les genoux
Yannick : Ok !… aïe…. ça fait mal, il est dur ce sable mouillé !
Prisca : Pas top, on la refait…
Yannick : Ok ! Re Aïe….(Vraiment pas sympa l’atterrissage…)
Prisca : Peut mieux faire, allez ! On la refait !
Yannick : Ok…..aïe aïe aïe…. Houlala, ça va pas du tout l’atterrissage….
Prisca : Parfait, elle est pas mal celle-ci !
Yannick : Ha oui, mais là je ne peux plus me relever….
1h30 plus tard, après avoir parcouru 300 mètres à cloche-pied aidé par des touristes chinois…
Personne à l’accueil des urgences de l’hôpital de Dunedin : Soyez le bienvenu. Ah! mais c’est malin d’avoir fait ça! On va vous prendre en charge dans 5 minutes.
L’infirmière : Mais ne vous inquiétez pas, il y’a des accords bilatéraux entre la France et la Nouvelle-Zélande. Vous n’aurez donc aucun frais à régler pour tous les examens que nous allons vous faire… […]
Le médecin : Bonne nouvelle, il n’y a rien de cassé, mais vous devez bien souffrir, il y a un sacré traumatisme (oui, je confirme). Deux semaines de béquilles et vous devriez être prêts pour vadrouiller sur les volcans Hawaïens.
[…]
Trois semaines plus tard et un aménagement d’étapes de tour du monde (on oublie la randonnée du Mont Cook et le mode “je déambule” dans les rues de Christchurch), j’avais toujours très mal, mais j’ai quand même pu profiter des belles randonnées qu’offrent les îles hawaïennes ! Il m’arrive encore de sentir la douleur de ce souvenir, qui finalement est devenue plutôt agréable… »Yannik, PYM autour du monde (Pour lire le billet lié à cette histoire, par ici.)
Avez-vous déjà connu des galères liées à la santé en voyage? Racontez-nous!
D’autres billets liés à la santé en voyage: Voyager avec des problèmes de santé? C’est possible! de Lucie de Voyages et Vagabondages, PVT au Canada: comprendre le système de santé québécois de The Green Geekette, J’ai tenté l’acupuncture pour soigner l’empoisonnement alimentaire d’Un monde au tournant et l’histoire de cheville tordue de Tiphanya d’Avenue Reine Mathilde au Togo.
Ce billet a été écrit en collaboration avec La Capitale. Toutes les opinions émises sont 100% celles des personnes citées.
5 Commentaires
Merci de la mention! Pas drôle être malade en voyage, mais c’est encore moins drôle si on n’a pas d’assurances. Je suis encore étonnée que certaines personnes trouvent ça superflu!
Exact. Plusieurs pensent que TOUS les soins sont moins cher dans les pays où le coût de la vie est peu élevé. Alors que c’est parfois vrai pour les petits bobos qu’on traite rapidement en clinique externe avec médication, on peut faire vite le saut quand il s’agit de problèmes plus grave ou d’hospitalisation… surtout quand le bobo à soigner nécessite un transfert vers un hôpital mieux équipé ou spécialisé…
J’ai rentabilisé 6 mois d’assurances voyage (famille!) en 24 heures d’hospitalisation dans le nord de la Thaïlande (le tier de la facture allait sur un médicament coûteux et plus rare dans la région…) Ouch.
Merci pour cet article Julie, on voit que ce genre d’expériences laissent des souvenirs marquant ! C’est déjà ça ! 😉
J’ai bien sourit en lisant ce billet. Mes amis rigolent et disent de moi que je fais un « grand tour du monde des systèmes de santé… en ordre alphabétique! ». De l’Argentine à la Bolivie en passant par la Thaïlande, la Malaisie, l’Allemagne, la France, l’Australie, etc. je « teste » les systèmes : pharmacies, hôpital, clinique de jour, suivis ORL, clinique privée, alouette!
[…] essentielle, tout comme souscrire à une assurance voyage. Comme je l’ai déjà raconté dans ce billet, sans assurances, je me serais retrouvée dans de beaux draps à plus d’une reprise, […]