Ça va être ma fête. Ça sonne comme si on s’apprêtait à me faire du mal. Ma fête ou mon anniversaire, si vous préférez. Une année de plus au compteur. Douze mois depuis la dernière fois, vraiment ?
J’ai l’impression de vivre en fast forward. Tout va vite. Un clignement de paupières et nous voilà en 2016. J’ai parfois peur de fermer l’œil et de le rouvrir en ne reconnaissant plus mon reflet dans la glace. Comment puis-je avoir cette ride, là, et cette repousse de cheveux gris alors que je ne suis même pas encore tout à fait une adulte ? Pourquoi ce décalage soudain entre ce que je suis et ce qu’on voit de moi ? Comment des gens qui n’étaient même pas nés quand Kurt Cobain est mort peuvent-ils aujourd’hui être mes collègues de travail ? Je déteste cet effet de surprise ressenti chaque fois que je prends conscience des années qui me séparent d’une personne avec qui j’avais jusque là l’impression d’avoir beaucoup en commun. Pourtant, dans l’autre sens, cela ne m’a jamais dérangée. J’ai toujours eu des amis sans âge, peu importe la couleur de leur tempe.
Et puis, je déteste ardemment qu’on souligne l’écart d’âge, dans un sens comme dans l’autre. Je ne supporte pas les gens qui lancent constamment des « Je suis trop vieille pour ci » ou « J’ai passé l’âge de ça ». Passé l’âge de quoi ? De vivre comme on l’entend ? Allons donc !
En contrepartie, il m’arrive de me surprendre à lever les yeux au ciel en entendant certains commentaires ou en lisant des textes que j’ai l’impression d’avoir écrits 100 fois (soupir). Aurais-je perdu cette fraîcheur qu’on m’a toujours prêtée ? Serais-je devenue grincheuse, comme tous ceux qui me regardaient de haut alors que je prenais mon envol ?
Je suis devenue l’une de ces personnes ennuyeuses qui souhaitent « santé, paix et amour » au Nouvel an, tout en restant cette fille qui ne comprend pas les gens qui regardent leur vie défiler comme un film réalisé par quelqu’un d’autre.
Plus que jamais, je me fiche des titres professionnels, sans pour autant tolérer qu’on me réduise à une étiquette. J’aspire à être moi, juste moi, 100% moi, dans toute ma banalité comme dans mes différences.
Je n’ai plus vraiment d’objectifs de carrière, mais j’ai encore des rêves. Certains sont de vrais projets alors que d’autres resteront de l’ordre du fantasme et c’est très bien ainsi. J’ai appris qu’il vaut parfois mieux qu’un rêve reste ancré dans l’imaginaire parce que la réalité n’aurait pas été à la hauteur, de toute façon. Je ne suis, par ailleurs, plus prête à payer le prix de certains rêves, encore moins quand ils n’en auraient été, au final, qu’une version édulcorée à cause de la somme de compromis nécessaires à leur réalisation.
Et me voilà, à quelques heures de « ma fête », à appuyer sur « pause » le temps de rédiger ce billet. Je ne sais que faire de toutes ces années qui s’empilent, à part grimper dessus pour voir encore plus loin. L’horizon est toujours aussi plein de promesses et j’ai la même envie de m’y perdre. Je ne cherche pas à trouver/prouver quoi que ce soit. C’est la quête qui me passionne depuis que je sais mettre un pied devant l’autre. Alors j’avance, no matter what. J’avance, tout tenant la main de ceux qui comptent vraiment.
Il m’arrive parfois de verser une larme en regardant derrière. J’aurais tant aimé avoir 1000 vies pour prendre tous ces chemins qui m’ont parfois fait hésiter, ces trains qui m’auraient menés dans des contrées que je ne verrai peut-être jamais ou embrasser ce(s) garçon(s) qui me faisai(en)t entrevoir d’autres mondes. J’aurais aimé avoir 1000 vies pour naître la même dans des décors différents et comparer les itinéraires qui m’auraient menée jusqu’à aujourd’hui. J’aurais aimé avoir 1000 vies et ce n’aurait pas été assez. Ce n’est jamais assez.
Alors je suis là, maintenant, dans l’intensité de cette vie-ci. Et j’en profite – vous dire à quel point j’en profite ! – parce que je sais, justement, qu’elle aura une fin. Mais pas tout de suite. J’ai encore trop à aimer.
P.S.: À cause de ma sacro-sainte horreur des étiquettes, je ne dévoile jamais mon âge. Je ne le disais pas non plus à 19-20 ans, alors que je savais pertinemment que le regard de mes collègues plus âgés aurait pu changer. Non, ma hantise des petites cases ne date pas d’hier… 😉 Mais si vous me lisez depuis longtemps, vous savez. Et puis, il est indiqué dans l’un des billets de la liste ci-bas…
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10 Commentaires
Joyeux anniversaire alors! Quel beau texte qui me parle énormément.
(Et non, j’irai pas chercher dans les billets pour trouver ton âge, ce n’est qu’un chiffre… ce qui compte, c’est l’élan vital qui te fais avancer et déguster la vie.) 😉
C’est vrai que ça passe vite! Me semble que ta fête était hier 😉
Mine de rien, plus tu mûris, plus tu es Toi 😉 #seeingitinaction
Happy Birthay Bella #MJtourbillon xo
Tellement, tellement… Le coup des collègues pas nés ou encore bébés quand Kurt Cobain est mort, je le vis aussi et ça me fait vraiment bizarre 😀 Bon, ben, joyeuse fête, alors, comme on dit chez toi… 😉
Ton blog, celui de Corinne, et celui d’Amandine et François, j’y vais peu, mais quand j’y vais c’est avec un mug de thé à la main, de la solitude, de la bonne musique, car je sais que je vais passer un moment précieux. Je n’ai jamais été déçue, ce soir encore moins. Ce billet me parle beaucoup, merci de ta générosité, et bonne fête !
Que c’est bon de fantasmer et de rêver… à 10 / 20 / 30 / 40 / 100 ans… Bonne fête !
La fête est passé, ne me reste qu’à te souhaite que ce bel élan se poursuive peu importe le temps qui passe. Des rêves, des projets, de la vie et toujours autant d’énergie, voilà ce que je te souhaite. Ainsi tu resteras inspirante pour les personnes comme moi qui te lisent.
[…] est-ce grave de ne pas réaliser tous ses rêves ? Je ne crois pas. Cela ne m’empêche pas d’en avoir encore des tas. Je suis toutefois plus en paix aujourd’hui avec l’idée (qui m’apparaissait […]
Très joli billet qui me parle beaucoup. Moi aussi j’aurais aimé avoir 1000 vies, mais finalement une vie bien employée, à vivre ses rêves et se sentir exister, ce n’est déjà pas mal. Joyeux anniversaire !
Hello Marie-Julie !
Je découvre ton blog ce soir, 30/128/2016, la veille d’un départ en train de nuit pour Venise. J’ai beaucoup aimé cette phrase :
“Je ne sais que faire de toutes ces années qui s’empilent, à part grimper dessus pour voir encore plus loin.”
Je la trouve très juste et inspirante, alors que mon anniversaire, c’est pour Janvier et pour moi aussi, les années s’empilent 🙂 !
Belle continuation à toi !
Cécile
Merci! Bon voyage et joyeux anniversaire!!!!!!