Parfois, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu.
Un vendredi soir de décembre, nous quittons la maison en imaginant boire tranquillement un chocolat chaud une heure et demi plus tard à l’auberge La Chocolatière, à North Hatley, dans les Cantons-de-l’est, où nous devons passer le week-end. Perdus sur un chemin de campagne (merci GPS !), nous atterrissons plutôt… dans un champ. Dans la nuit noire, la voiture a glissé, puis plané au-dessus d’un fossé, foncé dans une clôture, avant d’arrêter sa course au milieu de nulle part.
Par chance, un véhicule passe par là quelques secondes plus tard et ses occupants s’arrêtent pour nous venir en aide avant l’arrivée des premiers répondants. Les ambulanciers nous immobilisent une trentaine (quarantaine ?) de minutes plus tard, au cas où nous aurions quelque chose de cassé. Il faut un autre bon 45 minutes pour arriver à l’hôpital de Fleurimont.
Alors que mon mari et ma fille ont rapidement leur congé, je dois attendre le résultat des radiographies avant d’avoir le mien. C’est que, voyez-vous, mon réflexe en anticipant le choc a été de prendre la position d’urgence en avion (BRA-VO !). Il faut croire que toutes ces heures de consignes de sécurité ont porté fruit. Ce serait juste chouette que mon cerveau comprenne que ce n’est pas parce qu’une voiture vient de voler au-dessus d’un fossé qu’elle s’est transformée en avion. Résultat : je me suis pris le tableau de bord en pleine poire en me penchant.
Mis à part des ecchymoses sur le front et le côté gauche du visage, je m’en tire pas trop mal. Même mes lunettes, qui ont fait un vol plané au moment de l’impact, sont intactes ! Mon chéri n’a pas cette chance… Nous retrouverons les siennes cassées en deux. Un traitement en osthéopathie/physiographie quelques jours plus tard me permettra de remettre les vertèbres secouées bien en place.
Ce que je retiens de l’aventure : nous avons eu une chance inouïe parce que si l’accident avait été plus grave, le délai avant l’arrivée des secours aurait pu être fatal (hello, ministre Barrette ?). Plus de peur que de mal !
L’odeur réconfortante du chocolat
Nous quittons l’hôpital vers 5h30 en taxi. En attendant l’ouverture de l’auberge, nous nous réfugions au Manoir Hovey, sacré meilleur hôtel au Canada au palmarès du magazine américain Condé Nast Traveler’s 2016 Reader’s Choice Awards et Meilleur Hôtel Villégiature au Canada selon Travel + Leisure, où nous avons une réservation au resto le soir même. La salle de lecture nous apparaît comme le lieu le plus douillet sur Terre après cette nuit blanche et remplie d’émotions.
Une fois arrivés à l’auberge La Chocolatière, nous sirotons enfin nos chocolats chauds et mangeons de délicieuses crêpes avant de nous offrir quelques heures de sommeil.
Quand nous émergeons de notre sieste, une bonne odeur de chocolat flotte dans toute l’auberge… C’est ce que j’appelle un réveil cinq étoiles !
Jadis, la bâtisse servait de glaciaire. Voilà qui contraste avec l’ambiance chaleureuse de l’auberge aujourd’hui.
Je ne résiste pas aux mille et une douceurs préparées par Marie-Josée, qui a décidé de lancer ses « Sweet Tapas » au retour d’un voyage en Espagne. Si tout ce que je goûte me ravit, je dois avouer que son fudge a un haut potentiel addictif.
Globe-trotters, André et Marie-Josée ont fait connaissance alors qu’ils travaillaient tous deux dans le monde de l’éducation. Aucun doute : ces deux-là aiment passionnément leur boulot. Cela ne les empêche pas d’avoir toujours hâte au prochain voyage !
Repas de rêve au Manoir Hovey
Même si nous avons mangé le dessert avant le repas (oups !), pas question de manquer notre souper au Manoir Hovey ! Les restaurants des établissements Relais et châteaux où j’ai eu la chance de me sustenter à ce jour ne m’ont jamais déçue et Le Hatley ne fait pas exception.
Le Old Fashioned que je bois avant de passer à table m’accroche un sourire aux lèvres, et pas seulement parce que ma fatigue, après les émotions des dernières heures, multiplie les effets de l’alcool. Le personnel affable nous fait sentir comme des rois dès que nous posons le pied dans la salle à manger.
De l’huître servie en guise de mise en bouche aux mignardises, tout est impeccable. Alors que mon mari opte pour un plat à base d’agneau, je craque pour la longe de cerf et notre fille de 10 ans, pour le boeuf. Elle est tellement conquise que le lendemain, elle nous supplie d’y revenir pour manger « la même viande ». « Je vais payer avec mes sous ! » plaide-t-elle, prête à claquer ses économies en un seul repas. Mais il nous faut reprendre la route…
L’héritage loyaliste
Il faut remonter à l’époque des Loyalistes de l’Empire-Unis, alors que les colons viennent s’établir dans les environs, pour bien comprendre le contexte qui a donné naissance à ce village aujourd’hui considéré comme l’un des plus beaux au Québec. Parmi ces colons, on compte plusieurs fermiers qui quittent la Nouvelle-Angleterre après la Déclaration d’indépendance de 1776.
De riches vacanciers vacanciers arrivent du Sud après la guerre de Sécession. Le bruit court qu’un havre de paix se trouve dans la région et North Hatley voit défiler de plus en plus de familles. On raconte qu’ils venaient se rafraîchir au nord pendant les chauds mois d’été.
« Le Manoir Hovey porte le nom de l’un des plus illustres de ces colons, le colonel Ebenezer Hovey, à qui la Couronne britannique avait concédé en 1785 une vaste parcelle de terrain sur la rive du lac opposée à l’auberge », peut-on lire sur le site Web de l’établissement.
L’architecture du manoir, notamment les colonnes blanches et les vastes vérandas de la maison, sont inspirées de la demeure de Georges Washington au mont Vernon, en Virginie. C’est le propriétaire du réseau électrique d’Atlanta, Henry Atkinson, qui a fait construire ce vaste domaine avec écuries, étables, golf et maison des serviteurs en 1900. « The Birches », comme on l’appelait, était sa résidence d’été.
La vue sur le Massawippi plonge instantanément le visiteur dans un état contemplatif. Étant très profond, le cours d’eau est l’un des derniers au Québec à geler, l’hiver, me raconte Marc-André, l’un des employé du manoir. On peut ainsi y voir le reflet des paysages enneigés même en plein mois de décembre. On imagine la famille d’Atkinson avoir coulé des jours très heureux dans ce décor de rêve. Il règne, dans cet hôtel boutique, une atmosphère profondément paisible.
En se baladant dans le village, on peut encore voir d’opulentes résidence construites à la même époque. Le magasin général Le Baron est toujours tenu par les descendants d’une famille venue s’installer à la fin des années 1800.
Avant de rentrer à la maison, j’achète quelques tablettes de chocolat à l’auberge. Serez-vous surpris si je vous dis que seules quelques-unes se sont rendues à leurs destinataires ? Oui, il était délicieux.
Chuuut !
P.S. : Mercis à tous nos anges dans cette aventure : Jessy et Sergio, qui nous ont permis de rester au chaud dans leur auto, Marie-Josée et André, qui ont vécu l’accident en direct au téléphone et nous ont offert tout le réconfort possible, Samuel et Marc-André, qui se sont si bien occupés de nous au Manoir Hovey, tout comme l’ensemble du personnel de l’hôtel, ainsi qu’à Sylvain, qui est venu nous chercher et nous a ramenés à la maison sains et saufs. MERCI, MERCI, MERCI !
Nous étions les invités de l’auberge La Chocolatière, du Manoir Hovey et de Tourisme Cantons-de-l’est. Toutes les opinions émises sont bien sûr 100 % les miennes. Pour en savoir plus sur North Hatley, par ici.
À lire également : Un week-end dans les Cantons-de-l’est.
3 Commentaires
Encore un très bel article, même si les choses auraient pu tourner à la catastrophe, heureusement que tout s’est bien terminé. Rien qu’en te lisant, on sent la chaleur de ces lieux, l’odeur du chocolat de La Chocolatière et on salive à l’idée de goûter la viande du Manoir Hovey… 🙂
L’endroit à l’air vraiment chaleureux et la nourriture délicieuse! Je vais suivre les conseils de ta fille et surement m’y rendre ^^
Merci beaucoup pour votre contribution à un week-end à North Hatley. Ma soeur voulait récemment passer la nuit dans un foyer qui n’était sécurisé que par une clôture commerciale la nuit. Il est intéressant de noter que l’architecture du manoir a été inspirée par la maison de George Washington à Mount Vernon.