À environ une heure et demie d’Arusha, le parc national Manyara accueille les visiteurs depuis 1957. J’avoue, je n’en avais jamais entendu parler avant ce voyage. Est-ce la raison pour laquelle j’ai été éblouie ?
Avec ses 325 km², il paraît bien petit à côté des 14 763 km² du mythique Serengeti. Pourtant, à peine quelques minutes après que nous ayons franchi l’entrée, des singes bleus viennent nous saluer. Prenant place dans deux 4X4, notre petit groupe composé de quatre adultes et de quatre enfants est aux anges ! Le toit ouvert nous permet de les observer tranquillement, avec jumelles et appareils photos.
Au cours des prochaines heures, nous apercevons des guêpiers, petits oiseaux multicolores, des antilopes, des babouins en pleine séances d’épouillage, des vervets, aussi appelés singes gris-verts à cause de la couleur de leur croupe, de gigantesques marabouts, des cigognes, des aigrettes, des oiseaux d’Égypte, des grues couronnées, des phacochères, des vanous couronnés, des hippopotames…
Une famille d’éléphants traverse la route juste devant notre 4X4, laissant un parfum floral sur leur passage. Qu’ont-ils bien pu piétiner pour diffuser ces effluves ?
Le voyage commence… en lion ! Il faudra toutefois attendre encore deux jours avant de faire connaissance avec le roi des animaux.
Cap sur le lac Natron !
Après une matinée d’émerveillement, nous pique-niquons dans une section aménagée du parc, puis nous reprenons la route. Nous réalisons rapidement qu’il sera impossible de roupiller tant les routes sont cahoteuses. De toute façon, le paysage nous garde captifs.
Cactus et acacias bordent la route. Soudain, nous apercevons d’énormes colonnes de sables s’élever vers le ciel. « Des tornades » lance Geoffrey, notre guide, comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Je comprends après en avoir vu plusieurs que le phénomène est effectivement courant dans le nord de la Tanzanie. N’empêche, ça reste impressionnant la première fois.
Nous traversons le village de Selala. C’est jour de marché alors nous restons scotchés à la fenêtre, ne voulant rien manquer de l’agitation, même si le temps manque pour s’arrêter.
Nous croisons de nombreux gardiens de chèvres et des troupeaux traversant la route à tout moment.
Au milieu de nulle part, une femme Massaï agite la main. Nous la saluons à notre tour.
Une girafe !!! Je n’en crois pas mes yeux. À quelques mètres, au bord de la route, elle se sustente tranquillement. Geoffrey immobilise le véhicule. Sa silhouette gracile s’intègre parfaitement au paysage. Elle attrape les feuilles à la cime des arbres avec la même gourmandise qu’on lècherait une glace. Des copines la rejoigne.
Plus tard, quand nous nous amusons à attribuer des métiers d’humains aux animaux qui croisent notre route, les enfants et moi l’imaginerons en psy. Après tout, la girafe n’émet aucun son ! À moins que l’éléphant, avec ses grandes oreilles, soit plus qualifié pour le poste ? Hum. À méditer.
Dame Girafe – appelons-là Cunégonde, Dr Cunégonde – traverse nonchalamment la route devant nous, rejoignant les zèbres qui agitent la queue en parfaite synchronisation de l’autre côté. « Chuuuut ! » répétons-nous à tour de rôle, après que Geoffrey nous ait conseillé de rester silencieux pour ne pas les effrayer. Mais les débordements d’enthousiasme s’avèrent difficiles à contenir…
Plusieurs « Wow ! » et quelques kilomètres plus tard, nous nous arrêtons devant une barrière, à l’entrée d’un village. Des droits d’accès sont requis pour poursuivre la route. Nous nous livrerons au même exercice à l’orée de chaque nouveau village, jusqu’à destination.
À l’horizon, le volcan Lengaï indique que nous approchons du campement. Beaucoup moins connu que le Kilimandjaro, il n’en demeure pas moins intéressant. Composé de trois volcans éteints, il se trouve dans la Vallée du Rift, qui traverse toute la corne de l’Afrique. Du haut de ses 2890 m, il est considéré comme un site sacré par les Massaïs.
Chez les Massaï
Le campement se trouve à proximité de villages massaïs. Les tentes sont déjà montées à notre arrivée. Je n’ai qu’un objectif, après avoir déposé les bagages : prendre une douche.
C’est à ce moment que je découvre que plusieurs articles sont disparus de nos sacs à dos, que nous avons pu récupérer seulement deux nuits après notre arrivée en Tanzanie. Disparues, les nouvelles bottes de randonnée de ma fille ! Idem pour son imperméable, ma lampe frontale, un de ses t-shirts, mes pantalons convertibles flambant neufs, la balle de tennis qui me sert à me masser le dos… Voilà pourquoi nos sacs, surtout celui de Maya, me sont apparus si légers quand nous les avons récupérés.
Peu importe que les articles aient été dérobés à Amsterdam, à l’aéroport Kilimandjaro ou pendant le trajet pour se rendre jusqu’au village où on nous les a livrés, le résultat est le même. Heureusement, nous avons toujours des serviettes du savon. À la douche !
Pendant que les enfants s’amusent à poursuivre les chèvres avant le repas, les parents prennent l’apéro sous un arbre. La vie est douce.
Le lendemain matin, nous partons en randonnée. L’un des guides m’ayant assuré que quelqu’un pourrait surveiller mon ordinateur pendant l’expédition, je le suis… jusqu’aux cuisines. Et là, je vois Raphaël, le cuisiner, déposer le petit sac contenant mon deuxième enfant (!) et autres gadgets électroniques dans un grand chaudron. Perplexe, je me dis qu’il ira sûrement le cacher quelque part plus tard. Je prends une grande respiration et je pars rejoindre les autres.
Il est passé 8h et le soleil plombe déjà. La nuit a été courte pour plusieurs d’entre nous, la chaleur dans la région étant plus difficile à supporter. Pas question de dormir à l’intérieur du sac de couchage fourni par Terres d’aventure ! Maya et moi utilisons simplement les foulards que je trimballe partout pour nous couvrir, au cas où des moustiques auraient trouvé leur chemin jusqu’à notre nid temporaire.
Nous partons en compagnie d’un guide Massaï, Matthew, qui nous accompagnera le long du lac Natron. Salé, le lac est aussi extrêmement alcalin, contrairement à la Mer Morte ou la Mer Caspienne. Le contact avec l’eau peut être dangereux autant pour les animaux que pour les humains. Un photographe a même tiré une série de photos d’animaux calcifiés par son contact.
C’est ici que trois millions de flamands roses peuvent être observés entre juin et novembre. Lonely Planet décrit la scène comme « l’un des spectacles les plus émouvants d’Afrique de l’est ».
Un groupe de jeunes femmes et de fillettes arrivent de nulle part. Elles vont tout de suite vers Matthew, qui pose la main sur chaque tête. «C’est un signe de respect», m’expliquera plus tard Amissi, l’autre guide qui voyage avec nous. S’en suit l’inévitable poursuite pour nous vendre des bracelets. Nous comprenons qu’il s’agit d’un revenu important pour eux, mais aucun d’entre nous n’a envie de marcher pendant trois heures en se faisant ainsi harceler pour acheter. Excédés, nous leur disons de revenir plus tard.
Aucun point d’ombre ne permet de prendre de pause pendant les deux tiers du parcours. Au loin, nous apercevons des zèbres et des gnous. Nous nous arrêtons pour scruter l’horizon depuis une petite butte. Maya se réfugie dans l’ombre d’un escarpement, incommodée par la chaleur.
Alors que nous reprenons la route, nous apercevons les vendeuses en train de placer bijoux et autres souvenirs sur de grandes couvertures. Nous ne nous en sortirons pas. J’achète deux bracelets pour Maya, partagée entre le désir de contribuer à leur économie et l’envie de m’en débarrasser au plus vite.
Enfin, un village ! Nous marchons depuis plus de deux heures. Des enfants accourent. Trois fillettes se jettent littéralement sur Maya, tirant ses mains, ses bras et son t-shirt. Amusée par la situation, elle ne sait pas trop comment réagir. L’une d’elle pointe ma bouteille d’eau. Que faire ? Il nous reste encore une partie du trajet à faire et mes réserves baissent dangereusement… Hier, le guide nous a déconseillé de donner de l’eau à quiconque. « Vous ne pourrez pas aider tout le monde et ici, l’eau potable est rare. » N’empêche, chaque fois, je ressens une grand malaise quand ce genre de situation se produit.
Il est plus facile de trouver des arbres sous lesquels se réfugier dans les villages. Sur une maison, je repère une antenne parabolique. À certains endroits, les Massaïs se sédentarisent et se rapprochent du reste du monde grâce à la technologie.
Quand nous rejoignons enfin le village où nous attendent les 4X4, nous sommes tous exténués. Le soleil est à son zénith. Nous partons manger et prendre une pause au campement.
Cet après-midi là, une excursion pour aller se baigner dans une cascade, à environ une heure de marche, est au programme. Pour s’y rendre, il est nécessaire de marcher dans une rivière et d’escalader des rochers. Rebutée par les hauteurs, je rebrousse chemin après une quarantaine de minutes.
Je retrouve Raphaël pour récupérer le sac contenant mon ordinateur. Quelle n’est pas ma surprise de découvrir qu’il se trouve au même endroit, au fond du chaudron, et est recouvert de cartons d’oeufs ! J’éclate de rire et pousse un soupir de soulagement.
J’entends la joyeuse bande revenir de la baignade alors que je me repose dans la tente. Je sors pour aller à leur rencontre et les aperçois en plein match de foot avec les enfants du village voisin. Qui a dit qu’il faut parler la même langue pour se comprendre ?
À lire également : Sur les routes du nord de la Tanzanie, Tanzanie, nous voici !, Partir en safari: que mettre dans le sac à dos ? et mon reportage sur Avenues.ca.
Pour (re)voir la chronique à Salut Bonjour Week-End sur la Tanzanie, par ici !
Pour (ré)entendre ma chronique aux Éclaireurs sur les safaris, par là !
J’étais l’invitée de Terres d’aventure. Une partie des frais du voyage de ma fille ont aussi été pris en charge. Le circuit auquel nous avons pris part s’intitule « Sur les traces de Simba le lion ». Merci aussi à la MEC, qui nous a aidée à nous équiper avant le départ ! Toutes les opinions exprimées sont 100% les miennes.
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