Nous quittons le lac Natron avec un petit pincement au coeur. Ce contact avec les Massaïs nous aura sans doute autant marqués – sinon plus – que la découverte de la faune tanzanienne. Environ cinq heures de route nous attendent. Et c’est reparti pour un autre « massage tanzanien » !
Les heures s’écoulent sans que je vois le temps passer. Je ne perds pas une seconde du spectacle du quotidien. Au bord de la route, des enfants vendent d’immenses blocs de sel provenant du lac Natron. Quelques minutes plus tard, une femme seule surgit de nulle part. Chaque fois, je ressens le même étonnement. « Elle n’a pas peur », dit simplement Geoffrey, notre guide-chauffeur, quand je lui partage ma stupéfaction.
J’aperçois un enfant seul avec son troupeau de chèvres. Il ne doit pas avoir plus de 10 ans, l’âge de ma fille. Plus loin, une vache grise semble perdue. Puis, un village. Un autre…
Nous nous éloignons du pays des Massaïs. « Eux, ce sont les Sonjo, dit Geoffrey en pointant l’horizon. Ils cultivent le maïs. »
Peu avant de croiser la route qui mène vers le cratère du Ngorongoro, où nous irons après avoir exploré le Serengeti, des ânes bloquent le passage. Des enfants accourent pour les éloigner de la voie.
Nous rencontrons un premier bus. Bondé, il crache une épaisse fumée noire. Peu de temps après, un second arrive, puis un troisième. Décidément, cette route est beaucoup plus achalandée que la précédente.
Des troupeaux de moutons et de chèvres apparaissent, alors que des zèbres déambulent librement un peu partout.Près de la route, des violettes contrastent avec le sable et la verdure environnante.
Nous approchons de Wasso, où un marché bat son plein.
Le mythique Serengeti
Voilà, nous y sommes. Devant nous se dresse l’entrée du Serengeti ou, si vous préférez, « plaine sans fin », traduction du Massaï. Comment ne pas avoir d’attentes quand on pénètre dans ce parc mythique, aussi grand que la Suisse ?
À peine arrivés, la pluie se met à tomber. Nous emportons notre pique-nique à l’intérieur, dans le bâtiment d’accueil. Un gigantesque marabout se poste près des 4X4.
Ici, pas de Massaïs… ni de vendeuses. Nous roulons tranquillement pendant les trois heures suivantes, scrutant l’horizon à la recherche des « Big Five ». Nous avons, jusqu’ici, eu l’occasion de voir des éléphants et des buffles, mais ni lions ni léopards, ni rhinocéros.
Nous n’avons pas roulé plus de dix minutes quand nous l’apercevons. LUI.
Je comprends tout de suite pourquoi on le surnomme le roi des animaux. Il a une telle prestance ! Avec sa crinière-couronne et son assurance, il attire inconsciemment le respect.
Conscient de notre présence, il daigne jeter un coup d’oeil en notre direction, mais se désintéresse très vite des deux 4X4 remplis de touristes qui tentent de contenir leur joie tant bien que mal. Nous venons à peine d’arriver et nous sommes déjà comblés.
La nuit tombe tranquillement, Nous observons des gnous, des zèbres, des girafes, des impalas, des chacals, des gazelles de Thompson… Soudain, nous voyons un attroupement de véhicules. Il se passe forcément quelque chose…
Alors que nous nous approchons, nous entrevoyons un léopard en plein repas sous un arbre cassé. Nous assistons à toute la scène de dépeçage. Je ne voudrais pas être à la place de ce gnous ! Même de loin, les crocs de l’animal semblent plus tranchants que n’importe quel couteau.
Nous arrivons au campement juste à temps pour le coucher du soleil. Plus rudimentaire, il se trouve en plein coeur du parc, ce qui signifie que nous entendrons les animaux toute la nuit.
Nous tombons de sommeil. J’oublie même de questionner les guides à propos des visiteurs nocturnes potentiels. Comme les toilettes sont plutôt loin, nous partons en expédition pipi avec nos lampes de poche juste avant d’aller au lit.
– T’entends, Maman ? »
Pour entendre, j’entends. Nous venons de nous glisser dans les sacs de couchage et au loin, un cri d’animal retentit, suivi d’un rire. Se pourrait-il que ce soit… ?
– C’est une hyène ! J’en suis sûre ! »
– Une hyène ? Mais non….
J’avoue ne pas être plus rassurée qu’elle.
Maya s’endort quelques secondes plus tard. Je m’assoupis aussi, puis m’éveille en sursaut. Aucun doute : un animal se tient bel et bien près de notre tente. Si près, en fait, que j’entends sa respiration. On dirait un buffle… et il ne s’en va pas ! J’hésite entre hurler de toute mes forces ou ne pas broncher. Je choisis la seconde option. Moi aussi exténuée, je finis par m’endormir malgré la présence peu rassurante de l’animal.
Le lendemain matin, l’un des guides, Amissi, raconte qu’un buffle a déféqué juste à côté de sa tente, beaucoup plus petite que la nôtre. Il était terrorisé à l’idée de sortir, les buffles pouvant charger. « Restez dans votre tente si vous croyez qu’il y a des buffles. Si vous devez aller aux toilettes la nuit, utilisez votre lampe torche, ils n’aiment pas la lumière. »
Nous remarquons aussi des traces de sabots près du campement. L’un des deux récipients d’eau qui se trouvent près de notre tente est aussi presque vide.
– Un zèbre est venu boire ! s’écrie l’un des enfants.
– Vous avez entendu les hyènes ? demande Geoffrey.
Maya avait donc raison…
– On entendait aussi les lions. Ils ne rugissaient pas, mais ce sont eux qui faisaient ce bruit: [imitation].
Heureusement, ils n’ont pas l’habitude de s’approcher des campements !
Le roi lion
Nous repartons explorer le parc. On s’en doute, tous les guides de safari n’en peuvent plus du film Le Roi lion. Mais c’est plus fort que moi : la bande sonore du film joue en boucle dans ma tête. Ne pas me mettre à la fredonner me demande un effort surhumain, surtout les premières paroles incompréhensibles de cette chanson.
La musique s’amplifie alors qu’une lionne enceinte traverse la route devant nous, haletante, et va s’étendre au sommet d’un rocher. Je n’arrive pas à détacher mes yeux de l’animal. J’ai l’impression de ressentir sa douleur et sa fatigue. Pas de doute, elle sera bientôt mère.
Nous revenons prendre le repas du midi au campement. Des zèbres se baladent près des tentes. Je ne me lasse pas de les observer : ils sont tellement mignons ! Je craque encore plus quand j’aperçois des bébés, dont le pelage tire sur le brun. Les zèbres sont très copains avec les gnous.
Plus tard dans la journée, nous verrons aussi un serval, des girafes, des buffles, des zèbres… Même si la migration n’est pas aussi spectaculaire que celle qui se déroule pendant l’été, les voir se déplacer en groupe, super-discipliné, est franchement captivant.
La scène la plus marquante, ce jour-là ? Sans doute le léopard avec son repas « pour emporter ». Comme c’est souvent le cas, il a transporté sa proie, un bébé gnou, jusqu’au sommet d’un arbre.
La scène a quelque chose de surréaliste. À l’horizon, des gnous et des zèbres broutent tranquillement. En levant les yeux, à quelques mètres de nous, le léopard relaxe tranquillement. Au bout d’un moment, il se dirige vers son repas et passe à l’attaque. Nous le regardons manger, priant pour ne pas qu’il ait soudainement envie de sauter sur le toit du 4X4 et de faire de nous son dessert.
Demain, nous mettrons le cap sur le cratère du Ngorongoro, avant de conclure ce circuit fantastique par une nuit dans un lodge opéré par Corto Safari, partenaire de Terres d’aventure. Même si dormir en pleine nature reste incroyable, j’avoue qu’après cinq nuits de camping, malgré le confort des lits, j’ai hâte de retrouver des murs et, surtout, une toilettes à proximité !
À lire également : Tanzanie : du lac Manyara au lac Natron, Sur les routes du nord de la Tanzanie, Tanzanie, nous voici !, Partir en safari: que mettre dans le sac à dos ? et mon reportage sur Avenues.ca.
Pour (re)voir la chronique à Salut Bonjour Week-End sur la Tanzanie, par ici !
Pour (ré)entendre ma chronique aux Éclaireurs sur les safaris, par là !
J’étais l’invitée de Terres d’aventure. Une partie des frais du voyage de ma fille ont aussi été pris en charge. Le circuit auquel nous avons pris part s’intitule « Sur les traces de Simba le lion ». Merci aussi à la MEC, qui nous a aidée à nous équiper avant le départ ! Toutes les opinions exprimées sont 100% les miennes.
5 Commentaires
Qui dit Serengeti, dit Massai Mara un jour, puis Kruger, puis Ngorongoro… Un jour…
Je viens tout juste de publier un billet sur le cratère du Ngongoro, justement! 😉
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Dis donc vous en avez eu de la chance avec les animaux rencontrés ! D’ici un mois je dormirai aussi dans ma tente dans un autre parc mythique d’Afrique, le Kruger. J’espère que nous aurons un peu plus de “protection” que vous, parceque c’est un mini tente que nous avons !