Je ne voulais pas voir Paris. Enfin… pas tout de suite. « J’irai quand je serai vieille », me plaisais-je à répéter. En attendant, il y avait tant de destinations exotiques à découvrir !
Il a suffi d’une escale en route vers l’Afrique pour tout faire basculer. C’était l’hiver, je portais des vêtements d’été, j’étais frigorifiée, mais tant pis : j’étais à Pariiiiis ! Entre deux vols, je suis allée me balader du côté de Notre-Dame-de-Paris. J’ai marché le long de la Seine. Bu un café et rencontré mon premier serveur chiant.
J’étais foutue.
Par la suite, je me suis arrêtée dans la Ville Lumière chaque fois que je le pouvais, avant ou après nos séjours en famille dans le Beaujolais ou le temps d’un aller-retour en solo depuis Lyon. Je m’y suis rendue maintes fois dans le cadre du boulot, aussi, habitant tantôt un palace cinq étoiles sur les Champs-Élysées, tantôt une auberge de jeunesse.
Il y a le Paris de l’accro du shopping que j’étais et celui de la romantique que je serai toujours. Le Paris gourmand, le Paris sportif et le Paris historique. Le Paris rêvé et le Paris réel. Entre les deux, un océan de nuances. Je ne crois pas à la vie en noir et blanc.
J’ai exploré la ville sous différentes thématiques – cinéma, littérature, pâtisserie, chocolat chaud, art nouveau -, mais aussi erré sans but, avec le seul désir de respirer le même air que tous ces artistes que j’ai tant admirés tout au long de ma vie.
Est-ce parce que j’ai foulé son sol seule la première fois que mes escapades en solo occupent une place particulière dans la boîte à souvenirs ? Ou alors, parce que cette ville me ramène à mes 18 premières années et à la littérature dont je me shootais alors, un peu en marge ?
À moins que ce soit la faute de Rémi sans famille ?!!
(Sûrement la faute à Rémi sans famille.)
Chose certaine, Paris me plonge chaque fois dans une espèce d’introspection créative. J’aime me perdre dans ses arrondissements et remonter le temps dans ses restos et ses bars de la Belle Époque comme des Années Folles. J’aime encore fredonner les airs de Joe Dassin au Jardin du Luxembourg même après une bonne dizaine de visites et me lancer des défis sucrés qui me font chaque fois dépenser une fortune (et gagner en tour de taille).
À Paris, je me rebranche illico à cette jeune fille rêveuse qui préférait compter les pieds plutôt que les bières ingurgitées les week-ends. Je me soûle de mes propres clichés, allant faire un saut chez Victor Hugo (la vue de chez lui est sur l’écran de veille de mon iPhone depuis des années) ou zieuter la maison de Serge Gainsbourg rue de Verneuil. Je m’arrache difficilement des lieux cultes de Saint-Germain-des-Prés et de Montparnasse, où j’aime aller me réfugier quand ils sont déserts.
Je continue de fréquenter de temps en temps le Café de Flore pour croiser les fantômes de Jean-Paul et Simone, mais je n’y commande plus que du champagne ou du thé parce que je sais maintenant que tout le reste y est décevant (en plus d’être hors de prix). Je fais encore parfois la queue chez Pierre Hermé avant d’aller grignoter les macarons de la collection saisonnière dans le parc d’à côté – certains rituels sont sacrés -, même si j’ai testé une foule de petites adresses chouettes au fil des ans. Je me suis même réconciliée avec Ladurée depuis que j’ai goûté leur chocolat chaud, mais il y a longtemps que j’ai abandonné l’idée d’arriver à aimer un jour leurs macarons.
Et puis, il y a ces amitiés précieuses tissées au fil des ans. Des copains que je prends toujours plaisir à retrouver à Paris, à Montréal ou ailleurs sur la planète. Rester dans sa bulle, c’est bien, mais en sortir de temps en temps aussi !
Je tends aussi l’oreille quand on me fait des recommandations. J’ai adoré Ma cave Fleury, bar à vin suggéré par mon ami Gildas il y a quelques années et les puces de Saint-Ouen avec Paul. La semaine dernière, j’ai eu un coup de coeur pour le Ground Control, bar éphémère près de la Gare de Lyon qui, paraît-il, sera maintenant ouvert à l’année, et j’ai franchement trouvé chouette ce nouveau concept de resto « par humeur » qui vient d’ouvrir rue Notre Dame de Lorette, The Cure, repéré par la copine Adeline. J’ai adoré courir sur La Coulée verte René-Dumont, auparavant appelée «Promenade plantée», avec Laurent et refaire le monde (ou pas) avec la bande de copains blogueurs.
Maintenant que je suis [un peu plus] vieille, je me dis qu’il pourrait être chouette de m’y poser quelques temps. Pas pour toujours, ça non ! Je refuse de m’y sentir tout à fait chez moi (qu’est-ce qu’ils ont, tous ces touristes, à vouloir constamment se sentir chez eux partout ? Bon, d’accord, il m’est arrivé de succomber moi aussi). Je préfère ma condition d’outsider de la même manière que je ne veux pas m’approcher trop près des artistes à qui je voue une profonde admiration. Assez pour en apercevoir les aspérités, mais pas assez pour m’y piquer. Garder juste assez de distance pour que le beau continue à briller au-dessus du reste. Persister à opter pour le vouvoiement malgré une certaine intimité. Comme une sorte d’amour un peu vieillot.
Hors du temps.
Entre parenthèses.
P.S. : Je délire avec Rémi sans famille, mais en réalité, LA série qui m’a vraiment donné envie d’aller à Paris en France est Les trois mousquetaires en CHIENS.
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