Les références s’entrechoquent quand on découvre l’Espace Sobo Badè, à Toubab Dialaw, à une cinquantaine de kilomètres de Dakar. On a tantôt l’impression de se retrouver dans un conte des frères Grimm, tantôt dans une oeuvre de Gaudi. Quelques pas plus loin, on imagine très bien Nikki de Saint Phalle faire la fête avec des griots dans ce décor hétéroclite. Oui, Sobo Badè rappelle plusieurs influences tout en s’avérant unique. Ai-je précisé que l’endroit se trouve au bord de la mer ?
À la fois un hôtel et un espace de création, le site constitue le refuge idéal pour quiconque a besoin d’inspiration. En se baladant dans ce « village » fait de matériaux recyclés, on tombe sur des danseurs en pleine répétition, des musiciens qui jamment, des voyageurs solitaires, calepin à la main… Des artistes y séjournent pour des périodes plus ou moins longues.
Accessible à toutes les bourses
Je voyage avec mon mari et notre fille de 11 ans. Nous tombons tous les trois immédiatement sous le charme de ce lieu juste assez hippie, mais pas grano au point de ne pas proposer de desserts au resto (le gâteau « le Roi DIalaw » est à se rouler par terre !).
Notre modeste chambre se trouve à quelques pas de la section principale. Prix d’une nuitée : 15 000 francs CFA (environ 35 $CDN). Pas d’eau chaude dans les chambres de Sobo Badè, mais il suffit d’en faire la demande peu importe l’heure du jour ou de la nuit pour qu’un des employés nous en livre un saut. Une moustiquaire – essentielle – protège les dormeurs des moustiques un peu trop voraces.
En visitant l’hôtel, peu après notre arrivée, je découvre qu’il est également possible de louer un lit dans un dortoir pour 5000 francs CFA (12 $CDN), mais aussi d’avoir une chambre climatisée pour 22 000 (51 $CDN). Mon coup de coeur: les chambres avec vues sur la mer à 23 000$ (53 $CDN). Je me fiche bien d’avoir la clim en plein mois de décembre, alors que les soirées sont plutôt fraîches !
Le premier matin, des tamtams nous tirent du lit. Quoi ? Déjà 11h ?!! Les cinq heures de décalage horaire nous ont fait perdre toute notion du temps. Je sors jeter un coup d’oeil à l’extérieur. Juste en bas, des danseurs sont en pleine répétition. Plus loin, des joueurs de tambours semblent dans une sorte de transe. Nous restons hypnotisés par le spectacle pendant un bon moment avant que les gargouillis de nos estomacs nous ramènent à l’ordre.
Le restaurant devient rapidement notre point d’ancrage. C’est ici que nous venons casser la croûte ou prendre un verre sur la terrasse avec vue sur la mer. Le menu convient tout à fait à la touriste assumée que je suis. Entre un sandwich au thon, une coupe de fruits, un gâteau au chocolat et un énième pina colada, je savoure quelques spécialités sénégalaises, dont un thiof (mérou) grillé.
Cette vidéo tournée et montée avec mon iPhone vous donnera un bon aperçu de l’atmosphère des lieux (vous pouvez aussi la visionner sur Facebook).
Art, culture et tourisme dans un même espace
Mauvais timing, le lendemain de notre départ débutera le Festival Rythmes et Formes du Monde, où théâtre, concerts et spectacles en tous genres attirent des curieux d’un peu partout sur la planète.
Nous allons tout de même visiter l’Engouement, en pleine brousse, où auront lieu plusieurs prestations. Si vous partez du site principal, je vous recommande fortement de ne pas vous entêter à marcher et d’appeler un taxi, surtout si, comme nous, vous décidez d’effectuer le trajet peu avant la tombée de la nuit. Au milieu de nulle part, la route n’est pas éclairée. Sans parler des moustiques ! Mes mollets se sont transformés en buffet all you can eat ce soir-là, pendant que ma tête élaborait des scénarios de bêtes aux crocs bien aiguisés et d’errance infinie (oui, je sais, j’ai trop d’imagination).
Un peu partout sur le site, vous remarquerez peut-être les toiles de l’artiste sénégalais Madouba. J’aurais acheté sur-le-champ la petite toile qui se trouvait dans notre chambre. J’ai pu visiter l’exposition qu’ils s’apprêtait à inaugurer pour le Festival Rythmes et Formes du Monde et j’aurais tout acheté ! Franchement, ce lieu est rempli de surprises.
La genèse
Le point de départ de Sobo Badè ? Gérard Chenet, Haïtien vivant au Sénégal depuis 1964. Pour bien comprendre l’évolution du projet, il faut s’intéresser à la vie de son créateur. Conseiller au Ministère de la Culture au début des années 70, il est tombé sous le charme de ce coin de pays et y a construit son refuge avec des matériaux recyclés. Au fil du temps, il a eu envie de construire d’autres maisons. Sobo Badè était né.
J’ai voulu l’interviewer pour en savoir plus sur l’histoire du lieu, mais j’ai rapidement réalisé qu’elle était liée à son histoire, à lui. De Port-au-Prince à Dakar, en passant par Montréal, Nancy, Moscou, Berlin et Conakry, Gérard Chenet a eu 1000 vies.
Au cours de l’heure que j’ai passée avec lui, il m’a notamment parlé de René Depestre, de Maurice Duplessis, d’Ahmed Sékou Touré et de Léopold Sédar Senghor. Je lui ai posé une seule question : ce qui l’a amené au Sénégal en 1964. Voici une partie de sa réponse en 23 minutes.
Soyons honnête : on trouve des hébergements beaucoup plus douillets que Sobo Badè un peu partout au Sénégal. L’atmosphère à la fois festive et paisible nous fait cependant rapidement oublier certains petits inconvénients.
Pour ma part, bien que visiter l’endroit en famille fut extraordinaire, je m’imagine tout à fait m’installer seule dans une chambre avec vue sur la mer, le temps d’une retraite d’écriture. J’ai toutefois l’impression que je ferais deux jaloux…
À découvrir également :
• 10 raisons de visiter le Sénégal, Huffington Post
• Gorée je t’aime, je te déteste, Avenues.ca
• Vacances africaines, sur Avenues.ca
6 Commentaires
Quel lieu inspirant. Tu donnes tellement le goût d’y aller un jour…
Cet endroit est beau, intéressant, inspirant et invitant! Tu m’as donné envie de l’ajouter à ma “wish-list”!
Je pars à SOBO BADE dans 10 jours… Pour une semaine en amoureux
Génial! Je vous souhaite de merveilleuses vacances!
Merci je vous raconterai à mon retour…
Bien hâte d’avoir vos impressions!