Anthony Bourdain, c’était le cool guy avec qui on a tous rêvé de faire la fête et de piquer une jasette dans un boui-boui perdu au milieu de nulle part. L’archétype du bad boy repenti qui nous fait toutes craquer. Le voyageur dont on ne peut s’empêcher de suivre les traces avec un mélange d’admiration et d’envie. L’exemple de tous les possibles après une vie à chasser ses démons…
Et il s’est tué. À 61 ans. Au moment où il semblait le plus heureux. Sa description sur Twitter ? « Enthusiast. »
Toutes ces années post-excès ne lui auront-elles apporté qu’un sursis ? La finalité devait-elle être la même, peu importe la date ?
Maybe we all wanted to hang out with him. He was that cool, fun, frank, insightful. He introduced us to distant lands and to people with different traditions. And without ever preaching, he reminded us that we humans are far more alike than different. Thank you Anthony Bourdain pic.twitter.com/QMznx4JMhS
— Mia Farrow (@MiaFarrow) 8 juin 2018
Oui, je sais : on a aucune idée de ce que les gens vivent réellement et les réseaux sociaux comme les déclarations dans les médias ne dévoilent que ce qu’on veut bien montrer. Mais j’avais l’impression que son passé sombre, ses apprentissages et son apparente sagesse lui avaient permis de se « reconstuire » sur des bases plus solides. Que sa passion pour les arts martiaux et sa flamboyante carrière lui permettaient de savourer la vie. Que sa fille de 11 ans l’aidait à retrouver un certain équilibre quand il aurait pu perdre pied. Que son histoire d’amour avec Asia Argento était la cerise sur un maudit beau sundae.
Asia, il semblait la vénérer. Il la regardait comme on rêve toutes qu’un homme nous regarde. Il en parlait avec tendresse, respect, intensité et admiration. C’est la première pensée qui m’a traversé l’esprit ce matin : comment un homme aussi amoureux peut-il avoir envie de mourir ?
Oui, je sais que la santé mentale est un sujet vaste, complexe et tout le tralala. Mais je sais aussi que quand on se trouve dans cet « état d’amour », la dernière chose qu’on souhaite c’est être séparé de la personne qui le suscite. J’ai vu quelques heures après avoir appris sa mort que certains médias ont évoqué une idylle entre Asia et le journaliste français Hugo Clément. Voilà peut-être le déclencheur.
N’empêche, je n’arrête pas de penser à cette histoire de sursis. Je refuse l’idée que tous nos combats soient vains. Qu’un chagrin d’amour puisse, même à 61 ans, nous donner envie de rendre les armes une bonne fois pour toutes. Est-ce l’accumulation ? La lassitude ? Se dire « fuck it » après avoir constaté le « tout ça pour ça » ?
Qu’on parle de chimie, d’épisodes dépressifs, d’impulsivité ou autre, ce qui me hante, ce n’est pas tant la cause que le résultat. Bourdain n’est plus là. L’espoir qu’il portait en lui non plus. On peut ramer toute sa vie et, au moment où l’on croyait pouvoir enfin se laisser porter un peu par le courant, l’idée de se jeter à l’eau et de ne plus remonter à la surface est la seule qui persiste malgré tout. Envers et contre tout.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, je trouve toutes ces réflexions profondément déprimantes.
Parce que je refuse de rester sur cette note, je vais revisionner des épisodes de Parts Unknown et me rappeler son humanité.
Quelques citations glanées ici et là qui font souvent écho à mes propres constats sur le voyage et le monde.
« If you’re twenty-two, physically fit, hungry to learn and be better, I urge you to travel – as far and as widely as possible. Sleep on floors if you have to. Find out how other people live and eat and cook. Learn from them – wherever you go. » – Anthony Bourdain
« Travel isn’t always pretty. It isn’t always comfortable. Sometimes it hurts, it even breaks your heart. But that’s okay. The journey changes you; it should change you. It leaves marks on your memory, on your consciousness, on your heart, and on your body. You take something with you. Hopefully, you leave something good behind. » ― Anthony Bourdain, No Reservations: Around the World on an Empty Stomach
« As you move through this life and this world you change things slightly, you leave marks behind, however small. And in return, life — and travel — leaves marks on you. Most of the time, those marks — on your body or on your heart — are beautiful. Often, though, they hurt. » — Anthony Bourdain (USA Today/Parts Unknown/Thrillist)
« Do we really want to travel in hermetically sealed popemobiles through the rural provinces of France, Mexico and the Far East, eating only in Hard Rock Cafes and McDonald’s? Or do we want to eat without fear, tearing into the local stew, the humble taqueria’s mystery meat, the sincerely offered gift of a lightly grilled fish head? I know what I want. I want it all. I want to try everything once. » — Anthony Bourdain, Kitchen Confidential: Adventures in the Culinary Underbelly
«Your body is not a temple, it’s an amusement park. Enjoy the ride. » – Anthony Bourdain
1 commentaire
Je comprends ton questionnement. En effet, il semble y avoir donc un élément déclencheur. Ce qui n’explique pas la chose bien sûr. En tout cas, malheureusement, cela m’a permis de le découvrir, il est pas du tout connu en France. Belles citations.