Jonquière, années 1990. J’étudie en Arts et technologie des médias au Cégep de Jonquière. Mes parents ont refusé de me laisser partir travailler en Colombie-Britannique avec deux amies pendant l’été. À la rentrée, une copine de classe revient de l’Ouest, des étoiles plein les yeux. Ses récits me permettent de voyager par procuration.
Cette copine de classe, c’était Mylène Moisan, aujourd’hui journaliste et chroniqueuse au Soleil. J’ai retrouvé les mêmes étoiles dans le livre qu’elle signe aux Éditions La Presse avec conjoint, Alexandre Leblanc. Je ne l’ai pas croisée depuis plusieurs années, mais j’entendais le même enthousiasme en la lisant qu’à 18 ans. La même curiosité.
Ne vous arrêtez pas au titre, qui donne l’impression d’une condamnation de tout ce qui s’approche d’un forfait vacances, ni au sceau « Conseils et destinations pour des vacances à deux ou en famille ». Voyager hors des tout inclus est d’abord un recueil de récits de voyages effectués sur une quinzaine d’années, avec et sans enfants, qu’on peut apprécier même en étant abonné aux vacances ficelées par des voyagistes. Ils sont pertinents, lesdits conseils, mais ce qui distingue ce livre d’un énième blogue, c’est surtout la plume de Mylène.
Et, toujours, ce regard tourné vers l’autre.
On y fait également la connaissance de Léonard et Rémi, leurs enfants, qui trouvent leur bonheur dans les choses simples, surtout quand une piscine ou une plage est à proximité.
Le ton très direct et les images fortes nous font rapidement décoller de notre sofa. On y découvre le penchant du couple pour l’organisation des vacances – c’est bien de ça dont il s’agit ici, et non de voyages au long cours – ainsi que des tuyaux pour dénicher de bons plans, mais c’est surtout l’amour de l’exploration et des rencontres qui nous donne envie de saisir, comme eux, notre sac à dos.
Un extrait :
« Il est venu à notre rencontre, à la sortie de l’aéroport de Varadero. Discrètement, sans insister: “Cinquant dollars pour La Havane.” Nous sommes montés dans sa vieille Lada, stationnée à l’écart des taxis officiels. Notre chauffeur s’appelait Jorge. Il est neurochirurgien.
Mine de rien, cette course, en ce radieux samedi, lui aura rapporté plus que son salaire mensuel qui tourne autour d’une vingtaine de dollars. Jorge ne se plaint pas. Il aime ses deux boulots.
La semaine, il sauve des vies. La fin de semaine, il sauve la sienne. »
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